Édito | L’Europe peut et doit sauver le commerce mondial

Les règles du commerce international ne sont pas parfaites, mais il faut les défendre. L’Europe a un rôle central pour veiller à ce que le plus fort ne puisse imposer la loi de l’arbitraire au reste du monde.

C’est une phase délicate que celle qui suit le coup de tonnerre sur l'économie mondiale déclenché par un président américain aux airs d’Ubu roi. Chacun des partenaires commerciaux des États-Unis semble désormais condamné à choisir entre deux attitudes funestes. Répondre œil pour œil, pour se faire respecter, comme le permettent les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais donc alimenter une escalade délétère pour tous – cf. la Chine, que Donald Trump menace à présent de 50% de droits supplémentaires. Ou tendre l’autre joue dans l'espoir d'apaiser le courroux, mais donc accepter l'injustice, sans savoir de quoi sera faite la prochaine salve d’un pouvoir arbitraire qui méprise toute faiblesse.

En fait de choix, certains n'en ont pas le luxe. Prenez Madagascar, frappé d'un tarif de 47% qui va surtout toucher des gousses de vanille. C'est un des pays les plus pauvres de la planète – le voudrait-il, il n'aurait pour ainsi dire pas d'importations américaines à taxer. D'autres ont l'embarras du choix, mais temporisent. On y verra de la couardise ou une prudence de bon aloi: l'Union européenne continue de miser sur une hypothétique négociation avec Washington. Sans exclure de dégainer, s’il le faut, un "plan B": une réponse ferme et proportionnée, comme on dit dans les milieux autorisés.

Publicité

L'Europe ne peut se contenter de chercher à convaincre Donald Trump de trouver une solution négociée dans une approche mercantiliste de courte vue: elle doit peser de tout son poids pour défendre un commerce régi par des règles adaptées aux enjeux du siècle.

Quel que soit le côté sur lequel tombera la pièce, l'Europe doit avoir conscience de son poids et de la centralité de son rôle. La relation commerciale transatlantique est la plus importante au monde, et l’Union européenne est le socle d’un système régi par des règles.

Une opportunité

Les règles de l’OMC, que Donald Trump foule au pied, imposent la prévisibilité des politiques commerciales, interdisent la discrimination et l’arbitraire dans l’imposition de barrières douanières, et prévoient un traitement différencié pour les pays plus pauvres, à l'instar de Madagascar.

C'est vrai, elles sont loin d’être parfaites. L’offensive tarifaire américaine prend en partie ses racines dans des déséquilibres qu’elles n’ont pas pu empêcher. Elles encadrent mal les subventions, et elles ne tiennent pas assez compte de la nécessité impérieuse d'accélérer, partout, la décarbonation des économies.

Le coup de pied donné par Trump dans la fourmilière pourrait être l’opportunité de donner un nouveau souffle à ces règles communes qui, jusqu’à nouvel ordre, continuent de s’appliquer à 87% des échanges commerciaux (ceux qui ne sont pas dirigés vers les États-Unis). L'Europe ne peut se contenter de chercher à convaincre Donald Trump de trouver une solution négociée dans une approche mercantiliste de courte vue: elle doit peser de tout son poids pour défendre un commerce régi par des règles adaptées aux enjeux du siècle.

Publicité
Publicité
L'i-phone 16 est actuellement le produit phare d'Apple.
Les smartphones et les ordinateurs exemptés des surtaxes de Trump
L'exemption entre en vigueur avec effet rétroactif au 5 avril. C'est une bonne nouvelle pour les consommateurs américains et pour Apple, dont la plupart des appareils sont fabriqués en Chine.
Messages sponsorisés