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E-commerce: va-t-on vers de grands changements dans l'organisation du travail en Belgique?

L'e-commerce "made in Belgium" reste à construire. ©AFP

Comment améliorer la position de la Belgique en matière d'e-commerce? Les interlocuteurs sociaux adressent leurs demandes au formateur Bart De Wever. Et font une promesse...

En matière d'e-commerce, la Belgique a plusieurs trains de retard. Faute de parvenir à s'accorder sur une mise à jour des règles du jeu commercial prenant en compte la nouvelle donne liée aux outils de vente numériques, le commerce belge se retrouve sous la pression croissante d'acteurs étrangers, qui peuvent désormais se tailler des parts de marché sans avoir jamais achalandé un magasin dans une rue du pays.

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Blocage au niveau politique, par exemple sur le travail de nuit. Mais blocage, aussi, entre fédérations d'employeurs et représentants des travailleurs qui, s'ils ont remis par le passé des avis communs sur la question, n'ont jamais réellement pu avancer sur une réforme de l'organisation du travail dans le secteur de la distribution qui permette aux enseignes belges de faire face à la concurrence étrangère.

Avancer "dans les prochains mois"

Mais le vent pourrait tourner, si l'on en croit le memorandum que s'apprête à envoyer les interlocuteurs sociaux, réunis au sein du Conseil central de l'économie (CCE) au formateur fédéral, Bart De Wever. Pressentant que le gouvernement en gestation puisse imposer une nouvelle réglementation de travail plus souple, plus favorable à l'e-commerce, patrons et syndicats tentent de prendre les devants.

À chaque clic d'un consommateur belge sur un webshop étranger, c'est potentiellement de l'emploi si pas détruit, au moins affaibli, en Belgique.

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Leur message aux cinq partis de la potentielle Arizona: ne vous occupez pas de ça, on vous promet d'(enfin) avancer sur ces questions dans les prochains mois et de trouver un accord "pour un secteur durable et compétitif".

Car force est de constater, y compris dans le chef des syndicats jusqu'ici très réticents à toucher aux conditions de travail dans la distribution, que la Belgique perd des parts de marché. Elle ne compte aucun acteur phare de l'e-commerce. À chaque clic d'un consommateur belge sur un webshop étranger, c'est potentiellement de l'emploi si pas détruit, au moins affaibli, en Belgique.

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Les atouts belges

Or, insiste le mémorandum du CCE, il n'est pas trop tard pour créer un secteur belge de l'e-commerce performant, car l'évolution technologique en la matière n'est pas terminée, loin de là (pensez à l'IA) et la Belgique a des atouts à faire valoir: sa position géographique en fait l'acteur n°1 de la logistique, ses travailleurs sont hautement qualifiés et multilingues et ses entreprises montrent une forte appropriation des technologies numériques. Autant de forces qui doivent permettre de ne pas louper le train suivant.

Pour cela, insistent les interlocuteurs sociaux, le dialogue social doit être constructif et les pouvoirs publics doivent activer les leviers adéquats. Ils adressent une série de recommandations et notamment l'élaboration d'une "e-commerce strategy 4 Belgium". Cela va de la formation aux métiers du numérique à la levée d'incertitudes juridiques ou à l'insuffisance d'incitants fiscaux en faveur des nouvelles technologies.

"Il faut lever ces barrières afin que les entreprises belges puissent profiter de leur bonne position au sein de l'UE en matière d'appropriation des technologies numériques. Et ainsi, potentiellement, bénéficier du "first mover advantage" (cloud, big data, IA, etc.). Lever ces barrières permettra également à la Belgique d'attirer des acteurs étrangers qui localiseront leurs activités sur le territoire belge, créant ainsi de la valeur ajoutée et de l'emploi local."

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Car tout le défi désormais pour les enseignes de distribution est de développer une expérience "omnicanal", constate le rapport. Autrement dit: comment faire évoluer l'expérience en magasins physiques pour préserver le tissu commercial tout en rendant cette expérience complémentaire avec les facilités offertes par les solutions numériques.

Comment, aussi, préserver un emploi de qualité dans cet environnement en mutation accélérée? "Les interlocuteurs sociaux s'engagent à mener dans les mois à venir des discussions, au sein des commissions paritaires (CP) compétentes, sur l'avenir du secteur de la distribution. Ces discussions, qui auront lieu au sein des CP du secteur de la distribution, porteront sur tous les aspects au sens large liés à l'émergence de ces nouveaux défis pour le secteur, ainsi que sur les effets qui y sont liés en termes d'organisation, de forme et de flexibilité du travail (en équipes, le samedi, le dimanche, en soirée, …), de qualité des emplois, de transformation des métiers et de besoin en formation, de dumping social, de fraude sociale et de respect des règles en vigueur… Les trois aspects de la durabilité (économique, social et environnemental) seront le fil rouge pendant ces discussions."

Une avancée, donc. Qui reste à concrétiser.

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Le résumé
  • La Belgique ne compte aucun acteur majeur de l'e-commerce. Le secteur de la distribution voit des parts de marché s'envoler à l'étranger.
  • La faute aux blocages entre partis politiques, mais aussi entre interlocuteurs sociaux, sur l'évolution des règles en matière d'organisation du travail, de nuit notamment.
  • Aujourd'hui, patrons et syndicats se positionnent en faveur d'une évolution des règles. Ils promettent au futur gouvernement fédéral qu'ils vont avancer "dans les prochains mois". Manière de tenter de le décourager de s'en mêler.
  • Ils demandent par ailleurs au politique de faire évoluer le cadre fiscal et juridique pour permettre au secteur de la distribution d'évoluer.
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