Frank Vandenbroucke veut faire supporter le deuxième mois de congé de maladie aux employeurs
Le ministre de la Santé souhaite que les entreprises remboursent les indemnités de maladie durant le deuxième mois d'absence. L'argent ainsi économisé servirait à financer une réduction des cotisations patronales.
Le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke (Vooruit) a avancé une proposition de prise en charge du deuxième mois de maladie par l'employeur en guise de lancement de la seconde phase de sa politique en matière d'incapacité de travail qu’il espère voir aboutir avant la fin de cette législature, annonce-t-il dans une interview accordée à notre rédaction.
La première phase a consisté à nommer des "coordinateurs du retour au travail", à offrir davantage de possibilités de retour au travail aux malades de longue durée et à les responsabiliser à cet égard, à responsabiliser les entreprises comptant un grand nombre de malades de longue durée (on en dénombre quelque 450.000 en Belgique) et à sensibiliser les médecins. Ils ont reçu des fiches indiquant la durée optimale de repos à prescrire aux personnes souffrant d'une pathologie spécifique.

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"Elle ne doit pas être trop longue. Dans le cas de lombalgies, il est, par exemple, souvent bon de continuer à travailler, éventuellement dans une fonction adaptée. Il est évident que chaque patient est un cas particulier, mais nous voulons que les médecins se concentrent davantage sur ce que les gens peuvent encore faire. Nous mettons encore cela en œuvre, mais je pense déjà à la phase 2.0."
Responsabiliser davantage les employeurs
Selon le socialiste, il faut davantage responsabiliser les employeurs au début de la période d'absence. "En Belgique, nous ne mettons qu'une période relativement courte à la charge des entreprises. Pour les employés, ils paient un mois de revenu garanti, pour les ouvriers deux semaines. Ensuite, c'est l'assurance maladie qui intervient. Aux Pays-Bas, les employeurs sont responsables pendant deux ans, mais je pense que cela va trop loin", explique Frank Vandenbroucke.
Il propose que "les entreprises remboursent désormais les indemnités de maladie durant le deuxième mois d'absence". Et le ministre d'ajouter: "C'est nettement moins élevé qu'un revenu garanti."
Frank Vandenbroucke sort du bois dans le contexte des négociations sur la réforme fiscale, où les libéraux francophones, en particulier, ont insisté sur les réformes du marché du travail et le renforcement de la compétitivité.
"Avec ma proposition, je réponds à ces deux exigences. L’idée n'est pas de verser ces 420 millions d’euros dans le budget, mais plutôt de les rendre aux entreprises. Une petite partie de ce montant devra renforcer l'incitation à réembaucher les malades de longue durée, mais la plus grosse part sera reversée aux entreprises sous la forme d'une réduction générale des cotisations patronales", explique le ministre de la Santé.
Ainsi, les employeurs qui remettent au travail leurs malades de longue durée en sortiront gagnants et les autres y perdront.
"Cette proposition n'améliore pas la compétitivité: on reverse dans une poche ce qu’on a pris dans l’autre."
La FEB en appelle à la responsabilisation de tous
Les employeurs ne l’entendent pas de cette oreille. "Nous apprécions que le ministre Vandenbroucke cherche de manière créative une solution au véritable problème de notre économie", réagit Pieter Timmermans de la FEB.
"Et ce n'est évidemment pas le pouvoir d'achat des ménages, parce que, dans aucun pays de l'OCDE, il ne s'est amélioré autant qu'en Belgique. Le principal problème est plutôt la compétitivité des entreprises, qui s'est gravement détériorée en raison d'une indexation de plus de 10%. Or, cette proposition n'améliore pas la compétitivité: on reverse dans une poche ce qu’on a pris dans l’autre."
Pieter Timmermans se dit prêt à discuter de la proposition, mais seulement si toute la chaîne de la politique de réintégration est impliquée. "Si le ministre Vandenbroucke veut responsabiliser financièrement les employeurs, il doit faire de même avec les salariés, les mutualités et les médecins. Ensuite, le jour de carence devrait être rétabli (le premier jour de maladie était autrefois à charge de l'employé, NDLR) et il devrait alors dire à Solidaris et à la Mutualité chrétienne: 'Je retire 420 millions d'euros de votre dotation et si vous obtenez des résultats, vous les récupérerez. Je suis curieux d'entendre leurs réactions'".
Au niveau politique, la proposition de Frank Vandenbroucke est loin d'être acceptée. Le CD&V y voit un intérêt, puisque les entreprises qui mènent une bonne politique de prévention seraient récompensées. Mais les libéraux sont sceptiques. Et puis, il n’est pas certain que la réforme fiscale voie le jour. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a réaffirmé cette semaine qu’il n’accepterait aucune épure dont la moitié du financement ne proviendrait pas de réformes du marché du travail, ce que le PS refuse tout net.
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