Le nouveau gouvernement va devoir assainir pour 28 milliards d’euros
Le prochain gouvernement devra faire face à un déficit de 27,8 milliards d’euros en 2025. L’effort d’assainissement se montera à 28,3 milliards d’euros sur l’ensemble de la législature.
D’après les dernières estimations réalisées par les fonctionnaires dirigeants qui siègent au sein du Comité de monitoring, l’évolution du budget 2024 est à peu près en ligne avec les attentes. Alors que l’an dernier, le gouvernement De Croo tablait sur un déficit de 27,5 milliards d’euros, la nouvelle estimation avance le chiffre de 27,8 milliards, soit 4,6% du Produit intérieur brut (PIB).
Un déficit plus important que prévu
Pour l’exercice 2025 en revanche, le déficit s’annonce plus important, soit 29,4 milliards d’euros. Cette détérioration découle essentiellement de l’augmentation du coût du vieillissement (pensions et soins de santé) et des dépenses militaires (réarmement face à la menace russe). C’est ce qui explique que 20,9 milliards d’euros de déficit relèvent du fédéral, tandis que les entités fédérées comptent pour 8,5 milliards d'euros.
À ce rythme, c’est-à-dire à défaut de mesures correctrices, la Belgique file vers un déficit de 46,6 milliards d’euros (soit 6,5% du PIB) en fin de législature, en 2029. C’est 2 milliards de plus que ce que le Comité de monitoring avait annoncé en mars dernier. Sur ces 46,6 milliards d’euros, le déficit des entités fédérées ne compte plus que pour 4,9 milliards, soit environ moitié moins qu’en 2025. Parallèlement au déficit, l’endettement devrait continuer à se détériorer, passant de 105% du PIB cette année à 119% du PIB en 2029.
Cette actualisation de la situation budgétaire intervient alors que le gouvernement en affaires courantes s’apprête à passer la main à la nouvelle coalition Arizona. Dans le même temps, l’Europe impose un nouveau cadre budgétaire qui déterminera l’effort qu’il conviendra de réaliser au cours des prochaines années.
Tous les pays ayant reçu en juin un mauvais bulletin de la Commission européenne doivent remettre pour le 20 septembre un plan sur la façon dont ils comptent renouer avec une trajectoire budgétaire soutenable. Une telle correction nécessitera la mise en œuvre de réformes structurelles. En fonction de la crédibilité de ce plan, le retour à l’équilibre pourra s’effectuer sur sept années au lieu de quatre.
La N-VA voudrait réaliser des économies au niveau des soins de santé, mais Vooruit, le CD&V et Les Engagés s'y opposent.
Un effort gigantesque
Pour être en phase avec le nouveau cadre européen, le Fédéral va devoir réaliser pour 27,6 milliards d’euros d’économies au cours de la prochaine législature, tandis que les Régions pourront se contenter d’aller chercher 700 millions d’euros.
Pour le Fédéral, l’effort s’annonce gigantesque. À titre de comparaison, les 27,6 milliards d’euros représentent à peu près le budget fédéral sans la Sécurité sociale. C'est pourquoi des voix s'élèvent de plus en plus pour que les Régions participent davantage à l'effort d'assainissement. Or les finances de la Wallonie et de Bruxelles sont, comme chacun sait, en mauvaise posture.
De son côté, le formateur Bart De Wever (N-VA) a d'ores et déjà envoyé une lettre à toutes les administrations en leur demandant d’examiner où des économies pourraient être envisagées.
Pendant la campagne électorale, la N-VA avait préconisé de réaliser des économies au niveau de la Sécurité sociale, plus particulièrement du côté des dépenses de santé, en limitant la croissance de celles-ci. Ce qui avait suscité une levée de boucliers chez Vooruit, le CD&V et Les Engagés. Actuellement, la norme de croissance du budget des soins de santé est fixée à 2,5% par an. Les Engagés plaident au contraire pour porter ce taux de croissance à 3,5% par an, ce qui semble irréaliste aux yeux des autres partenaires de l’Arizona.
Vooruit considère pour sa part qu’il faudra passer par de nouvelles recettes fiscales, notamment au niveau de la taxation du capital. Ce qui pour le MR et la N-VA n’est pas envisageable. C’est donc un délicat exercice d’équilibriste qui attend le formateur Bart De Wever.
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