A la COP24, l'exaspération face à un nouveau blocage de la N-VA
Volontariste mais peu concrète: la voix de la Belgique à Katowice n’est pas à la mesure des ambitions désormais affichées par une grande partie de sa classe politique. Ce n’est pas la faute à la Flandre, mais à la N-VA, qui "joue avec les allumettes", déplore-t-on côté wallon.
"Le feu est dans la maison et la N-VA continue à jouer avec les allumettes." Le ministre wallon du Climat Jean-Luc Crucke (MR) est remonté contre le parti nationaliste flamand qui empêchait mercredi la Belgique de s'associer à une déclaration des pays les plus ambitieux en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Le communiqué de la "High Ambition Coalition", notamment cosigné par la Commission européenne et les deux autres pays du Benelux, indiquait que les signataires sont "déterminés à relever [leur] ambition pour 2020".
"Le feu est dans la maison et la N-VA continue à jouer avec les allumettes."
Les régions wallonne et bruxelloise défendent l’objectif de tendre vers 55% de réduction des émissions de CO2 en 2030. "Tous ceux qui valident les rapports du Giec doivent savoir qu’ils s’engagent vers cette dynamique-là", insiste le ministre wallon. Mais elle n’apparaît pas dans la position que la Belgique a exprimé à Katowice ce mercredi.
"Côté flamand il y a des bonnes volontés, mais il y a surtout un parti qui bloque tout : ça exaspère tout le monde de voir que quelqu'un qui est à l'extérieur (de la conférence de Katowice) pilonne les dossiers." Entre la manifestation du 2 décembre et la sortie de la N-VA de la coalition fédérale, le ton a décidément changé.
Timide ambition
À la session plénière de la conférence de l’ONU sur le climat (COP24), la Belgique s’est montrée volontariste sur la forme sans pour autant afficher de nouvelles ambitions sur le fond. La ministre fédérale Marie-Christine Marghem (MR), qui portait la voix du pays, a rappelé que la Belgique doit adopter pour la fin de l’année son Plan national Energie Climat (PNEC), et que celui-ci "doit être ambitieux et doit donner un signal économique clair et puissant aux producteurs et consommateurs d'énergie". Le plan doit en outre "nous permettre d'atteindre les objectifs de réduction d'émission que nous nous sommes fixés à l'horizon 2030". Soit -35% par rapport à 2005, la contribution belge à l'objectif européen de -40%.
"Ca exaspère tout le monde de voir que quelqu'un qui est à l'extérieur (de la conférence de Katowice) pilonne dans le sens contraire les dossiers."
À défaut de défendre de nouveaux objectifs chiffrés, la Belgique a par contre appelé avec les Pays-Bas et le Luxembourg à ce que l’Europe revoie ses ambitions à la hausse avant 2020. L’objectif européen pour 2030 est déjà dépassé, puisque les nouvelles mesures en termes d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables portent de facto la réduction d’émissions à -45%.
À plus long terme, Marie-Christine Marghem a soutenu la proposition de la Commission de viser la neutralité carbone de l’Union européenne pour 2050.
Nouveaux financements
Devant les Nations unies, la ministre fédérale a souligné que les derniers travaux du groupe d’experts de l'ONU sur l’évolution du climat (Giec) "sont clairs et alarmants" et que "la fenêtre d’opportunité dont nous disposons pour éviter la catastrophe se referme rapidement". Ajoutant qu'il est nécessaire pour les États (au sens large) d’augmenter rapidement leurs ambitions pour "éviter la catastrophe climatique".
La ministre a en outre a rappelé l'engagement de la Belgique à contribuer à la mobilisation de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour la lutte contre le réchauffement et l'adaptation aux effets du réchauffement dans les pays en développement. "En 2016-2017, la Belgique a contribué à cet objectif à hauteur de plus de 206 millions d'euros", a-t-elle souligné. L’an prochain, la Belgique annonce en tout 8,4 millions d’euros de soutien aux fonds internationaux d’aide à l’adaptation et à l'Agence internationale pour l'énergie renouvelable notamment.
La conférence de Katowice doit permettre d’aboutir à un accord en fin de semaine sur les détails de la mise en oeuvre de l'accord de Paris, scellé en 2015 et qui doit entrer en vigueur en 2020. Un échec "serait suicidaire", a estimé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, même s’il apparaît peu probable que tous les détails de la mise en œuvre l’accord de Paris seront scellés cette fois-ci.
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