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Édito | Indexation des salaires: une approche holistique s'impose

Responsable du service Économie/politique

Le débat sur l'indexation automatique des salaires mérite de la nuance. Le placer dans une perspective globale, en abordant l'ensemble des mécanismes de formation des salaires, mais aussi les aides existantes aux entreprises, s'impose.

L'indexation des salaires des employés de la CP 200 – qui concerne plus de 60.000 entreprises dans nos contrées – s'élèvera à 3,58% en janvier prochain, selon les derniers calculs du secrétariat social SD Worx. Un chiffre en hausse par rapport à l'an dernier, où l'indexation s'établissait à 1,48%, mais nettement moindre qu'en 2023 où elle explosait sur fond de tensions géopolitiques pour dépasser les 11%. Si on prend un peu plus de recul, en y ajoutant 2022 et une indexation de 3,58%, on constate que les entreprises de cette commission paritaire ont encaissé une hausse de plus de 20% de leurs coûts de personnel en raison de l'inflation.

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C'est une certitude, le choc est particulièrement rude à encaisser pour nombre d'acteurs économiques. Si les PME, qui constituent l'essentiel de notre tissu entrepreneurial, font la grimace, elles ne sont pas seules. Dans les grandes entreprises, théoriquement mieux armées pour encaisser ces hausses de coûts, on fustige régulièrement le système belge qui grèverait la compétitivité du pays.

Et l'indexation automatique des salaires est l'un des ingrédients souvent pointé du doigt. Que faire? La supprimer comme certains en rêvent? Cette voie serait franchement hasardeuse. Et pour cause: ce système, bien qu'imparfait, constitue un gage de paix sociale sur notre territoire.

De surcroît, il permet de préserver le pouvoir d'achat des citoyens, ou au moins d'en limiter la perte. Et ce n'est évidemment pas sans effet sur l'économie belge, dont le moteur reste la consommation des ménages, comme le soulignait encore la Banque Nationale de Belgique la semaine dernière. Attention toutefois, si cela a pour l'instant un effet bénéfique sur la croissance belge, une croissance subventionnée aux dépens de l'État et des entreprises ne constitue pas une croissance structurelle.

Ajoutons encore un élément à l'épineux débat sur l'indexation: notre pays figure dans le top européen en matière d'aides à la production. Ces subsides aux entreprises, qui visent notamment à compenser la lourdeur des coûts salariaux qui fragilise certains secteurs, doivent évidemment aussi être pris en compte.

Ces éléments de contexte ne doivent cependant pas éluder un débat de fond. En effet, si l'indexation est absolument nécessaire pour les plus bas salaires, on peut légitimement s'interroger sur sa pertinence pour les hautes et les très hautes rémunérations. La moduler en fonction des revenus pourrait éventuellement être envisagé, tout en gardant à l'esprit qu'il n'existe pas de solutions miracles. Car moins indexés, ces hauts revenus contribueront aussi moins à la sécurité sociale.

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Notons également que des initiatives sectorielles permettant de limiter l'indexation automatique, comme dans le secteur des assurances où elle n'est pas obligatoire pour ceux qui gagnent davantage que le barème le plus élevé, existent déjà. Doit-on les répliquer? Pourquoi pas l'envisager?

Cela étant, notre préférence irait à une révision globale de la façon dont se forment les salaires en Belgique. Plutôt que de sacraliser des mécanismes ou des prescrits légaux – la loi de 1996 sur les salaires et l'indexation automatique –, créativité et pragmatisme seront nécessaires en la matière. Gageons, ou plutôt espérons, que les négociateurs de l'Arizona ne perdront pas cela de vue.

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