Le MR bientôt à la conquête de la Flandre? Bouchez y pense. Réaliste?
Georges-Louis Bouchez ne le cache pas: si l'Open VLD ne se ressaisit pas, il envisage une expansion du MR en Flandre. "Ce serait vraiment une nouvelle offre politique." Décryptage.
Ce ne sont pour l'heure que des plans sur la comète. Mais qui sait? Georges-Louis Bouchez, peut-être. Lorsque nous l'avions rencontré pour l'entretien publié la semaine dernière, nous avions interrogé le président du MR sur son projet d'expansion en Flandre, évoquée début juillet sur Bel-RTL.
Lancer un parti libéral opérant sur l'ensemble du pays? "Ce serait la meilleure solution. Ce serait vraiment une nouvelle offre politique", estime Georges-Louis Bouchez. Derrière cette idée, il y a un constat: il estime que l'Open VLD n'est plus un parti de droite. Et il ne voit pas vraiment dans les huit candidats en lice pour la présidence du parti flamand quelqu'un qui incarne un changement de ligne.
"Aujourd'hui, en Flandre, une droite assumée mais pas nationaliste, comme le MR, ça n'existe plus."
"Poursuivre l'idée d'être libéral de gauche sur les matières sociétales et soi-disant libéral sur les matières économiques, ça ne peut pas marcher", estime-t-il. Il y trouve l'une des causes de la descente aux enfers de l'Open VLD. "Celui de Guy Verhofstadt était très libéral, et il gagnait les élections! Le MR d'aujourd'hui ressemble d'ailleurs au VLD des années 90. Le VLD était plus libéral que le MR à l'époque. Et maintenant, c'est l'inverse. On voit le résultat."
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Le résultat, cela pourrait bien être que le MR se retrouve à gouverner au Fédéral sans son parti frère, mais avec la N-VA. Celle-ci a remplacé le VLD comme parti libéral, sauf qu'elle est nationaliste: "Aujourd'hui, en Flandre, une droite assumée mais pas nationaliste, comme le MR, ça n'existe plus. Je ne dis pas qu'on ferait 40% demain. Mais il y a un vrai public à droite qui vote N-VA mais qui n'aime pas son caractère nationaliste. On pourrait donc faire quelque chose."
Les chances que ça se fasse
Quelles chances Bouchez "le Belgicain" aurait-il en lançant son parti au nord du pays? Pour le politologue Dave Sinardet (VUB, UCLouvain), l'idée n'est pas farfelue. "En théorie, ce n'est pas une mauvaise idée, car créer un vrai parti libéral national belge permettrait un positionnement clair sur l'échiquier politique et représenterait une alternative à la N-VA, qui est un peu le MR mais nationaliste."
"Une fusion aurait certainement un potentiel mais ne me semble pas réaliste à court terme."
Les cadres de la N-VA restent des nationalistes convaincus, mais ils ont compris une chose: le séparatisme ne fait pas recette, seuls 10 à 15% des Flamands y sont favorables, rappelle Dave Sinardet. "La N-VA l'a donc remplacé par un nationalisme plus vague qui semble moins révolutionnaire et s'est graduellement tranformé en parti de gouvernance de droite."
Dans le même temps, l'Open VLD a suivi une ligne de plus en plus progressiste. "Mais sur la migration ou l'intégration, par exemple, le consensus en Flandre se situe plutôt à droite. Et les plus progressistes vont voter pour les verts, pas pour l'Open VLD." Il se dit aussi ouvert à une taxation accrue du capital, ce qui peut effrayer une partie de son électorat historique. Résultat: la N-VA a siphonné l'électorat libéral flamand au fil des années. La Vivaldi, dirigée par Alexander De Croo, a renforcé la dynamique, la N-VA pilonnant depuis l'opposition.
Mais le politologue voit plusieurs freins à ce projet: "L'Open VLD a fait un score juste suffisant pour survivre. Certains en interne vont vouloir prendre le pouvoir. Par ailleurs, même si le MR a aujourd'hui une meilleure image en Flandre que l'Open VLD, le déséquilibre actuel entre les deux partis est trop grand pour qu'une alliance saine puisse être scellée. Une fusion aurait certainement un potentiel mais ne me semble pas réaliste à court terme."
En résumé, Georges-Louis Bouchez espère un changement de cap à la tête de l'Open VLD. À défaut, il envisage de lancer le MR en Flandre. Et si l'Open VLD disparaissait? "Alors, on rentre dans un autre monde. La Flandre a quand même le droit d'avoir un parti libéral", répond le président du MR.
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