Les radars bientôt gérés par des agents de gardiennage?
Le transfert de missions de police au secteur privé revient sur la table, alors que le ministre de l'Intérieur Jan Jambon doit présenter un projet au gouvernement dans les prochaines semaines.
Difficile de trouver meilleur timing: alors que des militaires pressés jusqu’à la moelle dans leurs missions de surveillance et de soutien à la police descendent dans les rues, voilà que revient le projet de confier toute une série de missions de la police aux entreprises de gardiennage et de sécurité privée. C’est en effet ce mardi que revenait sur la table du Parlement un projet de loi remontant à la fin décembre 2014.
Porté par la députée Open Vld Sabien Lahaye-Battheu, le texte réforme en profondeur la loi qui régit les services de gardiennage et se donne pour objectif de diminuer la pression sur les services de police en confiant une partie de leurs missions au secteur privé.
Un grand nombre de nouvelles missions..
La proposition suggère notamment de permettre à des sociétés de gardiennage de se charger de la surveillance et de la protection de biens mobiliers ou immobiliers publics, des simples institutions jusqu’aux ambassades, avec la possibilité, surtout, d’effectuer des patrouilles également sur la voie publique, de délimiter et protéger des périmètres de sécurité. Les domaines militaires pourraient également être surveillés par du personnel privé, sous la supervision de la Défense.
Le secteur privé pourrait également se charger de transporter et d’accompagner le transport d’argent, mais aussi de détenus ou d’illégaux, ou gérer avec la police des centres de vidéosurveillance. Plus largement, le privé pourra reprendre les tâches de gardiennage et de transport jusque là imposées au SPF Justice. Surtout, il s’agira de soulager les services de police d’une série de missions moins critiques en termes de sécurité comme la gestion des radars automatiques, la mise en place de signalisation (notamment en cas d’accident), la gestion de centre d’alarmes.
Si le texte propose de très nettement élargir le champ d’action des entreprises de gardiennage, il n’est toutefois pas question de leur fournir de nouveaux droits. Seule nouveauté notable: la possibilité pour les agents privés de procéder à des constatations, ou encore d’accéder à des images de vidéosurveillance, mais uniquement dans le but d’avertir les services de police.
À noter que l’examen du texte intervient alors que le cabinet du ministre de l’Intérieur Jan Jambon travaille justement sur un projet en la matière. "C’est un projet intercabinet, qui devrait être présenté d’ici quelques semaines au gouvernement", confirme Anne-Laure Mouligneaux, porte-parole de Jan Jambon. Et s’il n’est pas encore question de se prononcer sur les différences entre le texte discuté et celui qui se trouve sur le bureau de Jan Jambon.
"L’objectif est le même et il est évident que le cadre sera très clair, le ‘monopole de la contrainte’ reste clairement aux services de police", affirme Anne-Laure Mouligneaux.
Reste à voir pourquoi l’Open Vld a souhaité aborder le sujet au Parlement avant l’initiative gouvernementale, même si c’est à la fois un bon moyen de rappeler la proactivité du parti sur le sujet, et d’amener le débat dans la sphère publique avant que ne soit totalement bouclée la mouture finale du gouvernement.
16.000 paires d’yeux en plus pour la sécurité
L’imminence d’un texte fait évidemment bien les affaires des entreprises du gardiennage, qui ont déjà fréquemment proposé leur aide, surtout dans le contexte de menace terroriste. "Nous sommes évidemment contents de l’initiative mais nous n’allons pas nous prononcer tant que nous ne sommes pas face à un texte final, même si nous avions eu des contacts avec Madame Lahaye-Battheu à l’époque", commente Danny Vandormael, CEO du groupe Seris et président de la Fédération belge des entreprises de gardiennage.
De son côté, Régis Gaspar, CEO de Securitas, rappelle fréquemment que le secteur compte en tout près de 16.000 agents en Belgique et 400 véhicules qui patrouillent, glanent beaucoup d’informations dont l’exploitation n’est pas réellement possible, faute de cadre légal. Et de suggérer aussi que le secteur privé dispose de moyens technologiques et techniques de pointe, notamment en matière de vidéosurveillance ou de détection de drogues et d’explosifs, qui pourraient être utiles pour les missions de la police.
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