L'école s'apprête à vivre une petite révolution
À partir de la rentrée 2022, les écoles francophones devraient appliquer un modèle alternant 7 semaines de cours et 2 semaines de vacances.
Depuis 30 ans, elle se retrouve à intervalles réguliers sous le feu des projecteurs. Souvent évoquée, elle n'a jamais été concrétisée. Elle, c'est la réforme des rythmes scolaires annuels, un projet complexe qui semble cette fois proche d'atterrir.
Grâce à qui? Aussi étonnant que cela puisse paraître, la pandémie aurait joué un rôle positif dans ce dossier. Rappelez-vous: en novembre, tandis que la deuxième vague déferlait sur notre pays, le congé scolaire de Toussaint avait été allongé d’une semaine. "La conjoncture sanitaire nous a permis d’expérimenter bon gré, mal gré, de nouveaux rythmes", explique la ministre de l’Éducation, Caroline Désir (PS). Le test grandeur nature aurait, à l’en croire, contribué à faire émerger un consensus parmi les acteurs de l’enseignement pour une modification des rythmes annuels.
"La conjoncture sanitaire nous a permis d’expérimenter bon gré, mal gré, de nouveaux rythmes."
Ce contexte propice, la socialiste n’entend pas le laisser filer. Récemment interrogée en commission, elle a assuré vouloir aboutir pour la rentrée 2022. Pour ce faire, le gouvernement arrêtera au printemps son "modèle de réforme". L'idée: donner suffisamment de temps aux écoles, mais aussi aux secteurs, pour s'y préparer.
Délai d'adaptation
Malgré cette volonté, le timing s'annonce serré. Selon la Fondation Roi Baudouin, qui a piloté une vaste étude de faisabilité en 2018, un délai de deux ans serait en effet nécessaire pour permettre à l'ensemble des acteurs d'adapter leurs agendas respectifs au nouveau rythme scolaire. Qu'à cela ne tienne, il faudra le faire en un peu moins d'un an et demi.
Mais en termes de contenu, que prévoit-elle exactement cette fameuse refonte? Ce qui est en jeu, c'est une modification du rythme de l'année tenant mieux compte du bien-être des jeunes. On se dirigerait donc vers une alternance de périodes de sept semaines de cours avec deux semaines de vacances. Conséquence immédiate: il faudra allonger d'une semaine les congés de Toussaint et de Carnaval, mais aussi raboter un peu les grandes vacances.
Ce dernier point est délicat. Du côté des syndicats enseignants, la CSC a prévenu: "On n'acceptera pas une augmentation des jours de travail". Ce qu'elle propose? Commencer l’année scolaire lors de la semaine englobant le 1er septembre et la terminer au plus tard lors de celle comprenant le 30 juin. En gros, on n'empiéterait pas d'une ou deux semaines, en commençant le 23 août par exemple, mais uniquement de quelques jours sur les grandes vacances.
180 jours minimum
Le hic, c’est que la proposition du syndicat entre en collision avec la loi, laquelle impose un minimum de 180 jours de classe par an. Problématique? Pas nécessairement. Une réflexion sur les "jours blancs" de fin d’année, qui ne représentent pas des jours de cours effectifs, pourrait être menée. En réduisant leur nombre, un passage à un modèle de 175 jours ne signifierait pas nécessairement une perte de cours effectifs, explique la Fondation Roi Baudouin. Du côté des familles, on se montre moins enthousiaste concernant cette piste. L’argument: il ne faut pas augmenter le nombre global de jours de congés des enfants afin de ne pas surcharger les parents.
Sur ces points, et sur beaucoup d’autres, des arbitrages politiques sont nécessaires. Pour l'heure, la ministre Désir se refuse à tout commentaire sur les contours précis de la réforme. "Un large processus de consultations a été mené et se poursuit", indique son cabinet. Si patience est souvent mère de sagesse, il ne faudra tout de même pas trop traîner. Familles, monde associatif et acteurs économiques attendent les plans définitifs pour enclencher leurs préparatifs...
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