Exclusion bancaire de Mons, Liège et Charleroi: il reste un mois pour trouver 233 millions d'euros
Le gouvernement wallon s'inquiète de voir les villes de Liège, Mons et Charleroi exclues du financement bancaire. Il lui reste un mois pour trouver 233 millions d'euros.
Le gouvernement wallon a examiné ce jeudi le dossier des villes de Liège, Mons et Charleroi, suite au refus par la banque Belfius, d’apporter les 233 millions indispensables afin de boucler leur financement à travers le plan Oxygène pour l’année 2024.
Pour l’heure, les ministres ne peuvent que constater la situation délicate. "Un marché public avait été lancé par le CRAC au début de l’été. Nous avons consulté les banques et seule ING a remis une offre pour 20 communes", rappelle François Desquesnes, le ministre en charge des Pouvoirs locaux. De cet appel, sept villes restaient sur le carreau suite au refus de la banque de les financer. "Nous avons donc relancé un autre marché qui s’est clôturé il y a quelques jours. Belfius apporte 26,8 millions en limitant le prêt à quatre communes (Verviers, La Louvière, Ath et Namur)."
Derrière cette séquence, le gouvernement doit bien admettre que "trois communes, Liège, Mons et Charleroi sont aujourd’hui sans financement bancaire pour un montant total de 233,8 millions d’euros. Elles n’ont pas de banque qui souhaite leur prêter pour couvrir leurs besoins. C’est un signal d’alarme", admet le ministre Desquesnes.
D’après l’exécutif, la grande partie de ces 233 millions devaient aller à Liège et Charleroi. Pour Mons, on parle d’un montant limité à une vingtaine de millions d’euros.
"Ce n'est pas à nous à réagir. Une banque, quand elle prête, elle fait une analyse de risques."
Un avenir inquiétant
Sur les raisons qui expliquent le refus de la banque Belfius d’apporter son financement à ces trois villes, les ministres restent très discrets et évitent d’aborder la montée du PTB dans la majorité à Mons pour justifier le boycott de la cité du Doudou. "Ce n'est pas à nous à réagir", estime Adrien Dolimont, le ministre-président wallon. "Une banque, quand elle prête, elle fait une analyse de risques. Les banques ont leur grille de lecture".
Son collègue François Desquesnes souligne pour sa part "qu’il existe, dans ces grandes villes, des points d’attention qui se reflètent par la situation bancaire." Le ministre va jusqu’à évoquer "une trajectoire inquiétante pour l’avenir financier de ces villes".
Un mois pour sauver ces trois villes
Face à ce refus, les ministres se trouvent dans l’obligation de trouver une alternative bancaire. Différentes pistes ont été examinées pour combler ce trou de 233,8 millions sans que le gouvernement soit parvenu à en arrêter une. "On ne trouve pas 233,895 millions d'euros sous le sabot d'un cheval", ironise François Desquesnes.
La solution pourrait venir via un financement direct du Crac pour Liège, Mons ou Charleroi. Cette piste comporte cependant un risque de voir la Région augmenter son endettement.
Le temps n’est évidemment pas du côté du gouvernement. La date butoir est fixée au 31 décembre. "Si nous n’avons pas de solution à ce moment-là, il y aura des difficultés pour ces villes à assurer certaines politiques", reconnaît le ministre-président.
Rappel à l'ordre
L’exécutif régional entend également profiter de cette séquence pour rappeler à l’ordre ces communes. "Il faut leur demander des efforts et s’assurer que les engagements pris seront respectés", exige Adrien Dolimont.
Pierre-Yves Jeholet, qui gère l’Économie, en appelle à une prise de conscience. "La Région wallonne n’est pas un Mister Cash, et les grandes villes doivent s’en rendre compte. Face à leur situation financière, il faut que les villes fassent un effort qu’elles n’ont pas fait par le passé." Cette exigence régionale passera notamment par une nouvelle convention entre la Région, les banques et les villes. "Les communes auront notamment une obligation de transparence auprès de leur conseil communal sur les recommandations du Crac", avertit François Desquesnes.
C’est par l’intermédiaire de la presse que la ville de Mons a découvert ce jeudi que sa demande de financement auprès de Belfius était refusée, "alors que son dossier semblait évoluer sans réserve dans les circuits internes de la banque. Celle-ci n’a d’ailleurs, à aucun moment, pris la peine de contacter la Ville dans le cadre de ce dossier", souligne le bourgmestre socialiste Nicolas Martin à travers un communiqué de presse.
Derrière cet état de fait, Mons juge ce refus incompréhensible. "La part de Mons dans le financement des trois principales villes concernées est de l’ordre de seulement 10%. Par ailleurs, la Ville a toujours respecté ses engagements financiers et ses échéances de remboursement. Les montants qu’elle sollicite dans le plan Oxygène sont du même ordre de grandeur que d’autres villes telles que Namur, et inférieurs aux montants qu’ils lui ont été octroyés initialement par le Gouvernement wallon."
Quant à la question de l’arrivée du PTB dans la nouvelle majorité qui aurait motivé le refus de Belfius, la Ville y voit une intrigue politicienne "à 10 jours de l’installation des nouvelles majorités communales." Le bourgmestre appelle enfin "la banque Belfius à rester éloignée de toute considération politique et à jouer son rôle de manière neutre et impartiale comme elle l’a toujours fait vis-à-vis de Mons."
- Le gouvernement wallon a pris acte du refus de la banque Belfius de financer les besoins des villes de Liège, Mons et Charleroi.
- L'exécutif a maintenant un mois pour trouver 233 millions d'euros.
- Tout en refusant d'aborder la question du PTB à Mons, le gouvernement estime que les villes doivent faire un travail d'assainissement.
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