Pollution aux PFAS: "Bien sûr qu'il aurait fallu communiquer", reconnaît l'administration
Le scandale de la pollution aux PFAS s'invite ce jeudi en commission Environnement du Parlement wallon, avec la direction générale de l'administration sur le gril.
Qui a décidé de ne pas communiquer avec les communes après la découverte d'une pollution aux PFAS de l'eau de distribution au sud du pays? À cette question, au centre des interrogations des députés wallons ce jeudi en commission Environnement du parlement régional, la directrice générale de l'administration, Bénédicte Heindrichs apporte cette réponse lunaire: "La proposition de communiquer aux communes n'a pas été retenue; ça ne veut pas dire qu'on a décidé de ne pas communiquer."
"À refaire, bien sûr qu'il aurait fallu communiquer. Nous aurions dû faire autrement et on a appris la leçon que l'on a d'ailleurs directement appliquée dans le cas de Ronquières", a-t-elle toutefois admis en reconnaissant également la "cacophonie" des premières recommandations aux communes, dénoncée entre autres, par Jean-Luc Crucke (Les Engagés) et Jacqueline Galant (MR).
"Il fallait répondre en urgence à de nombreuses demandes qui venaient de différents intervenants", s'est défendue Bénédicte Heindrichs. "Au nom de toute l'administration, nous présentons nos excuses à la population et aux bourgmestres de ne pas avoir pris la mesure de l'ampleur de la colère et des interrogations sur le terrain", a ajouté la responsable.
Coordination spécifique sur les PFAS
À la demande des députés, cette dernière est par ailleurs revenue sur les relations entre le cabinet de la ministre de l'Environnement Céline Tellier et l'administration. "Ces relations sont encadrées par un protocole qui établit que la communication doit se faire par la voie hiérarchique", a expliqué la directrice.
"Est-ce qu'il y a eu faute ? J'ai envie de répondre par oui et par non."
Depuis, une coordination spécifique sur les PFAS a été mise en place, un agent étant désormais chargé de coordonner les différents éléments du dossier et de s'assurer que les informations circulent bien.
"Pas de risque imminent pour la santé"
"Est-ce qu'il y a eu faute ? J'ai envie de répondre par oui et par non", a enchaîné Benoît Tricot, inspecteur général du département de l'Environnement et de l'Eau du SPW ARNE. Selon ce dernier, les experts de l'administration et du cabinet qui disposaient des informations de l'armée américaine concernant la pollution à Chièvres n'ont pas commis de faute en n'informant pas leur hiérarchie. "Il n'y avait pas de norme, pas de risque imminent pour la santé", a-t-il une nouvelle fois insisté en évoquant néanmoins "une erreur d'appréciation".
Quant aux relations de l'administration avec la Société wallonne des eaux (SWDE) - qui ont également fait l'objet d'interrogations des parlementaires -, "elles n'ont jamais été aussi bonnes et je me réjouis que la communication se soit améliorée, car c'est dans l'intérêt général qu'on ait des contacts fréquents. Toutefois, l'administration est le gardien du temple et c'est à nous de nous assurer que les distributeurs appliquent les règles européennes et wallonnes qui sont édictées", a enfin assuré l'inspecteur général.
Le travail de la commission se poursuivra demain/vendredi après-midi avec une nouvelle audition de la ministre Tellier. Ensuite, Les Engagés pour lesquels "on ne peut en rester là", souhaiteraient encore entendre le coordinateur PFAS de la Région ainsi que des représentants du Watergroep et de Vivaqua, a indiqué leur chef de groupe au parlement wallon, François Desquesnes. "L'important c'est que nous puissions réentendre la ministre. Nous envisagerons la suite demain", lui a répondu son homologue libéral, Jean-Paul Wahl.
Tout savoir sur la contamination des eaux au PFAS en région wallonne: les causes de la pollution, les acteurs du dossier et les dernières infos.
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