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analyse

Trois questions sur l'IRA, le système des subventions américaines qui pousse l'Europe à adopter un nouveau "Green Deal"

Les ménages américains peuvent désormais profiter d'un subside allant jusqu'à 7.500 dollars pour l'achat d'un véhicule électrique neuf fabriqué aux États-Unis. ©BELGA/BELPRESS

L'Union européenne présente, ce jeudi, son projet pour améliorer la compétitivité de l'Europe dans les technologies vertes face aux subventions américaines et à la Chine.

Une stratégie européenne se met en place. Ce jeudi, la Commission européenne va présenter son projet pour améliorer la compétitivité de l'Europe dans les technologies vertes. Cette proposition constitue une réponse aux subventions américaines décidées par l'administration Biden (dans le cadre de l'IRA, l'Inflation Reduction Act), à la flambée des prix de l'énergie et à la concurrence déloyale venue de Chine.

L'Union européenne (UE) entend apporter un soutien réglementaire aux secteurs tournés vers la transition énergétique, pour atteindre son objectif de neutralité carbone en 2050 et s'assurer une part significative d'un marché qui devrait tripler à 600 milliards d'euros par an d'ici à 2030.

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"Nos partenaires et alliés ainsi que nos rivaux systémiques sont engagés dans une course aux subventions à un moment où notre industrie est déjà confrontée à des prix de l'énergie plus élevés que dans le reste du monde", a expliqué le commissaire au Marché intérieur, Thierry Breton. "Nous voulons renforcer nos capacités, nos exportations et nos emplois dans le domaine des technologies propres", a-t-il résumé.

Trois questions pour comprendre comment les subventions américaines bousculent la concurrence européenne.

Les entreprises américaines pourront bénéficier de crédits d’impôt pour leurs investissements dans les véhicules électriques, mais aussi dans les énergies durables.

1/ De quelles subventions américaines parle-t-on?

En août dernier, le Sénat américain a adopté un plan d'envergure appelé Inflation Reduction Act, qui porte mal son nom puisqu'il vise surtout à combattre le changement climatique. Grâce à une enveloppe de 370 milliards de dollars, les États-Unis veulent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 50% d'ici à 2030 (par rapport à 2005).

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Concrètement, ce plan de transition énergétique prévoit, entre autres, des réformes et des subventions favorisant les entreprises implantées aux États-Unis, notamment dans les secteurs des véhicules électriques ou des énergies renouvelables. Les ménages américains peuvent ainsi profiter d'un subside allant jusqu'à 7.500 dollars pour l'achat d'un véhicule électrique neuf fabriqué aux États-Unis, au Canada ou au Mexique.

Les entreprises américaines pourront également bénéficier de crédits d’impôt pour leurs investissements dans les véhicules électriques, mais également dans l’éolien, l’hydrogène (vert), le stockage de carbone, le solaire, les batteries, etc. Le but est clair: stimuler la production (nord-)américaine, afin d'y implanter les chaînes d’approvisionnement.

2/ Pourquoi l'IRA inquiète l'Europe?

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les dirigeants européens voient ce plan climatique américain d'un mauvais œil. Protectionniste, l'IRA fragilise l'économie européenne à deux niveaux: d'abord en termes de concurrence, puisqu'il favorise les voitures électriques sorties d'usines américaines, puis en faisant peser la menace d'une délocalisation de masse.

En octobre, l'allemand BMW a déjà annoncé, par exemple, qu'il consacrerait 1,7 milliard de dollars à la construction de nouvelles unités de production de batteries électriques en Caroline du Sud.

Début janvier, le Premier ministre Alexander De Croo dénonçait d'ailleurs, au cours d'un séminaire du groupe politique libéral Renew Europe, le démarchage "agressif" d’industriels européens par les États-Unis.

Depuis, l'UE et les États-Unis sont engagés dans des négociations pour éliminer les mesures les plus contestées, mais, consciente que les résultats seront limités, l'UE est bien décidée à mettre son propre plan sur la table.

3/ Quelle réponse prépare l'Europe?

Face à l'IRA, l'UE planche sur une solution viable depuis décembre. La Commission européenne a déjà adopté, la semaine dernière, un texte facilitant les aides d'État en faveur de projets contribuant à réduire les émissions de CO2 de l'UE.

Mais un bras de fer sur l'inclusion ou non du nucléaire, une technologie décarbonée qui divise les États membres, a d'ores et déjà entraîné un report de deux jours de la présentation du texte. Selon la dernière version provisoire consultée par l'AFP, le nucléaire sera bien mentionné. Il s'agirait d'une victoire politique importante pour la France et une dizaine d'autres pays de l'UE, dont la Pologne et les Pays-Bas, qui misent sur cette source d'énergie, face aux anti-nucléaires, Allemagne en tête.

Luca de Meo, directeur général de Renault et président de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), souhaitait début février "une politique industrielle ambitieuse", soulignant que la filière engagée dans la révolution de l'électrification "perdait progressivement du terrain par rapport à ses principaux concurrents mondiaux". Il semble qu'il ait été entendu.

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