Démission du vice-Premier ministre britannique Dominic Raab, accusé de harcèlement
Déjà rétrogradé pour être resté en vacances quand les talibans prenaient Kaboul, le vice-Premier ministre britannique Dominic Raab est, cette fois, évincé du gouvernement.
Le vice-premier ministre britannique Dominic Raab a annoncé, ce vendredi, sa démission après qu'un rapport indépendant a établi qu'il avait moralement harcelé des fonctionnaires, un revers pour le Premier ministre Rishi Sunak, dont il était un proche allié.
"Je vous écris pour démissionner de votre gouvernement", écrit Dominic Raab, également ministre de la Justice, dans cette lettre adressée à Rishi Sunak. "J'avais demandé cette enquête et m'étais engagé à démissionner si elle établissait des faits de harcèlement, quels qu'ils soient. Je crois qu'il est important de respecter ma parole."
Cette enquête avait été lancée à la suite de huit plaintes concernant son comportement quand il était ministre des Affaires étrangères, ministre du Brexit ou encore lors d'un précédent passage au ministère de la Justice.
Dominic Raab a toujours démenti ces accusations qui empoisonnent depuis des mois le gouvernement et ont soulevé de nombreuses critiques.
Les conclusions de l'enquête "établissent un précédent dangereux pour la conduite du gouvernement".
La confiance de Rishi Sunak
Ce rapport, remis jeudi au Premier ministre et non encore rendu public, "a rejeté toutes les plaintes, sauf deux", précise le ministre dans sa lettre, continuant de les juger "fausses". Les conclusions de l'enquête "établissent un précédent dangereux pour la conduite du gouvernement", défend-il.
Jeudi encore, Downing Street affichait sa "confiance totale" en son vice-Premier ministre, tout en affirmant "étudier avec attention les conclusions du rapport".
Dominic Raab est toutefois dépeint par ses détracteurs comme un colérique manquant cruellement de respect aux fonctionnaires sous sa responsabilité. Et ce n'est pas la première fois que les scandales ternissent la réputation du ministre de 49 ans, qui était revenu au plus haut à l'arrivée à Downing Street en octobre de Rishi Sunak, dont il avait activement soutenu la campagne.
Déjà en 2021, sa gestion catastrophique de la prise de Kaboul par les talibans lui avait coûté son poste de chef de la diplomatie. Alors qu'il fallait organiser le rapatriement de Britanniques et d'Afghans, Dominic Raab avait préféré rester en vacances en Grèce, suscitant l'indignation au Royaume-Uni.
Caractère sanguin?
Il reste au gouvernement, mais est rétrogradé à la Justice, un revers pour celui qui avait assuré en 2020 l'intérim du Premier ministre Boris Johnson (2019-2022), alors en soins intensifs après avoir contracté le Covid-19. À l'époque, Dominic Raab est apprécié pour son approche plus méticuleuse que Boris Johnson face à la crise sanitaire. Un tempérament minutieux qui se voit jusque dans ses habitudes alimentaires: selon son ancienne secrétaire, Dominic Raab commandait tous les midis le même déjeuner composé d'un sandwich au poulet et au bacon, d'un smoothie et d'une salade de fruits.
Dominic Raab aurait instauré une "culture de la peur" au sein de son ministère et était décrit comme un "tyran".
Mais le ministre aurait aussi tendance à perdre son calme: le tabloïd The Sun indiquait l'année dernière que Dominic Raab aurait lancé des tomates dans un accès de colère lors d'une réunion, ce que son porte-parole avait alors qualifié d'insensé.
Selon des témoignages publiés dans le Guardian l'année dernière, Dominic Raab aurait instauré une "culture de la peur" au sein de son ministère et était décrit comme un "tyran".
Troisième ministres à partir
Il s'agit du troisième ministre à quitter le gouvernement de Rishi Sunak après diverses accusations, ajoutant une nouvelle tache sur la promesse du Premier ministre de faire montre "d'intégrité, de professionnalisme et de responsabilité" au pouvoir après la succession de scandales sous Boris Johnson.
En novembre, Gavin Williamson, un ministre sans portefeuille du gouvernement de Rishi Sunak, avait démissionné, lui aussi, après des accusations de harcèlement. Et en janvier, Rishi Sunak avaient dû limoger le président du parti conservateur Nadhim Zahawi, qui siégeait à ce titre au conseil des ministres, pour des démêlés fiscaux.
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