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Édito | Les petits commerces, nouveau champ de bataille des distributeurs

Après le rachat des Delitraiteur par Colruyt, la réplique de Delhaize marque sa volonté de reprendre des parts de marché en ciblant les petits commerces.

Faillites, restructurations, fusions-acquisitions: après les remous de 2023 et 2024, le monde belge de la grande distribution est toujours aussi agité en ce début 2025. L'enjeu majeur, sur un marché belge hyper-dense, c'est d'occuper le terrain pour s'arroger les parts de marché qui gonfleront les revenus, et donc les (maigres) marges dans un secteur où la taille est plus que jamais primordiale. Une difficulté rédhibitoire pour des acteurs belges aujourd'hui réduits à la portion congrue.

Le choix des cibles opéré par les deux plus gros acteurs du marché belge est symptomatique de l'évolution d'un marché où prime désormais la facilité d'achat.

Le cas Louis Delhaize est édifiant à cet égard. Le rachat, par Delhaize, de la quasi-totalité de ses actifs marque le passage d'une enseigne belge supplémentaire sous pavillon étranger. Car il ne faut pas se leurrer, le groupe Ahold Delhaize n'a plus grand-chose de belgo-néerlandais. Hormis quelques petits acteurs flamands comme Alvo ou Lambrecht, Colruyt est désormais le seul distributeur battant pavillon belge.

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Le processus de franchisation de ses 128 supermarchés achevé, l'enseigne au lion repart à l'offensive. Il est vrai qu'elle y est un peu contrainte. En reprenant 54 Match-Smatch puis les 41 Delitraiteur de Louis Delhaize, Colruyt avait pris les devants, affirmant ainsi ses velléités d'expansion dans le commerce de proximité. Poussé dans le dos, Delhaize s'est donc tourné vers les 325 points de vente du "cousin" Louis Delhaize, histoire de boucler la boucle d'une saga familiale vieille d'un siècle et demi.

La bataille des parts de marché a changé de terrain. Le choix des cibles opéré par les deux plus gros acteurs du marché belge est symptomatique de l'évolution d'un marché où prime désormais la facilité d'achat. Cela passe par le digital, mais aussi par la diversification géographique. Le "magasin de convenance", qui a remplacé depuis pas mal de temps l'épicier du coin, assure aux enseignes une fidélisation de la clientèle jusque dans les villages les plus reculés.

Un marché en pleine consolidation

Les difficultés du groupe Louis Delhaize sont en tout cas révélatrices de l'évolution d'un marché en pleine consolidation. Cora, dont les sept hypermarchés belges incarnent un modèle commercial suranné, fait figure de contre-exemple. Le gigantisme a connu son âge d'or, l'heure est aujourd'hui au commerce "à taille humaine". Quitte à dresser devant le client un paravent cachant la multinationale qui se cache derrière.

Le rachat des 325 magasins Louis Delhaize sera sans doute la "dernière fusion-acquisition de l'ancien monde belgo-belge". Reste à voir si Delhaize ne s'y est pas pris un peu tard, après avoir laissé filer Delitraiteur chez le grand rival Colruyt.

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