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Edito | Le devoir de prévoir

L'Europe appelle les citoyens à préparer 72h de vivres: oui, une culture de la préparation aux crises est nécessaire, mais elle doit commencer chez les décideurs. Et oublier d'y investir serait une faute.

Faut-il que nous devenions tous des "preppers", une société sur le qui-vive, focalisée sur la prochaine crise, ayant fait le deuil de toute légèreté? Sans aller jusqu’à préconiser des stages de survivalisme, la Commission européenne appelle les citoyens à se préparer à toute éventualité: elle préconise notamment que chacun dispose de réserves d’eau et de nourriture pour tenir 72 heures en toute circonstance, et se constitue un "sac de résilience" avec lampe de poche et radiorécepteur AM pour le cas où.

Certains en riront, d’autres y verront un alarmisme anxiogène, pourtant le message est pertinent. Il ne s’agit pas de dire que tous les Européens devraient calquer leur attitude sur les Finlandais, qui se préparent avec sérieux à l'éventualité d’une guerre imminente sur leur sol. Mais entre les inondations et incendies, la pandémie et la crise énergétique, chacun a pu mesurer ces dernières années combien l'occurrence de crises majeures augmente en Europe. Et, à lui seul, le réchauffement climatique, qui nous assure une aggravation des crises, suffit largement à justifier que l'on se penche sur les lacunes de notre résilience collective.

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Donc oui, la liste des bons réflexes pratiques à adopter en cas de crise est bonne à prendre: chacun reste libre de s'y plier avec zèle ou de s'en détourner avec dédain, mais elle participe d'une culture de la préparation qu'il nous faut construire.

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Climat de légèreté

Mais c'est surtout à l'échelon des décideurs que ce chantier est urgent. Car il suffit de se baisser pour glaner des déclarations révélatrices d'un climat de légèreté. Un président français il y a un an: "Qui aurait pu prévoir la crise climatique?" Un membre du gouvernement Arizona, la semaine dernière encore: "Qui aurait pu prévoir qu'on allait devoir faire un effort majeur en défense en 2025?" Une commissaire européenne, pas plus tard que ce mardi: "Qui aurait cru que la crise en Ukraine allait provoquer une crise énergétique en Europe?"

Cette expression face aux crises, "qui aurait pu prévoir", n'est plus audible.

Trois affirmations déconcertantes, tant les conséquences de la crise climatique, les intentions de Donald Trump au sujet de la défense de l’Europe, ou le risque que représentait, avant 2022, la dépendance énergétique de l’Europe, étaient connues.

Cette expression face aux crises, "qui aurait pu prévoir", n'est plus audible, et le plan de préparation de la Commission devrait contribuer à la bannir. Il doit aussi permettre d’affiner et anticiper la coopération de tous les niveaux de pouvoir, et c’est indispensable: l’Europe ne peut plus se permettre de réagir en ordre dispersé à des crises de grande ampleur. Mais les cartes de la "culture" et de la "coordination" ont leurs limites. À l’heure où l’Union concentre son énergie dans le développement nécessaire de capacités militaires, oublier de mener des investissements stratégiques de préparation serait une faute.

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