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Fin abrupte de la prime à l'achat pour les voitures électriques en Allemagne

La prime était critiquée par les défenseurs de l'environnement, car elle soutenait surtout la vente de SUV électriques. ©BELGA

Le gouvernement allemand a décidé la semaine dernière de revenir à l’orthodoxie budgétaire, et a annoncé de sévères économies, notamment concernant les voitures électriques.

Le gouvernement allemand, sous pression depuis que la Cour Constitutionnelle avait retoqué le budget 2024 en novembre dernier, a présenté au cours des derniers jours une première série de mesures d’économies. La coalition s’était mise d’accord la semaine dernière sur le principe d’un plan d’austérité et du retour à l’orthodoxie budgétaire.

Mesure la plus symbolique, Berlin a annoncé samedi soir mettre fin dimanche 17 décembre à minuit à la très populaire prime à l’achat d’un véhicule électrique. Le montant de la prime variait de 3.000 à 4.500 euros selon le type de voiture. L’État accordait par ailleurs une prime supplémentaire pour l’installation d’une borne de rechargement à domicile.

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Berlin a justifié sa décision par le fait que les budgets alloués à la prime pour cette année et l’année prochaine étaient déjà entièrement dépensés. Le gouvernement avait prévu pour 2024 une enveloppe de 209 millions d’euros pour inciter les consommateurs à troquer leurs vieux véhicules contre des voitures sans émission.

40%
40% des véhicules ayant reçu la prime étaient des SUV électriques. Ce qui a suscité de nombreuses critiques de la part des défenseurs de l'environnement.

Une mesure qui coûtait très cher et qui était critiquée

La prime à la voiture électrique était l’un des piliers de la mobilité propre, l’objectif ambitieux que s’était fixé le gouvernement d’Olaf Scholz et qui prévoyait d’immatriculer 15 millions de voitures à batteries dans le pays d’ici 2030.

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Ironie de l’histoire, c’est un vert qui enterre la subvention. Comme tous ses collègues, le ministre de l’Économie Robert Habeck est en effet contraint de compresser les dépenses de son ministère depuis que Berlin a décidé le retour à l’orthodoxie budgétaire. Or la mesure, aussi populaire soit-elle, s’est avérée jusqu’à présent très coûteuse, pour de modestes résultats.

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Depuis sa mise en place en 2016, la prime a encouragé l’achat de 2,1 millions de voitures à batteries, et coûté 10 milliards d’euros à l’État. La mesure était par ailleurs de plus en plus critiquée par les défenseurs de l’environnement, critiquant le développement des ventes d’un segment du marché jugé hostile à l’environnement: celui des SUV électriques, qui ont représenté cette année 40% des ventes de véhicules à batteries.

"Nous estimons qu’au cours du premier trimestre 2024, les ventes vont reculer de 20%, soit 400 à 450.000 voitures électriques vendues au lieu des 600.000 nouvelles immatriculations escomptées."

Stefan Bratzel
Économiste au centre de management automobile CAM

Beaucoup de réactions négatives

La fin abrupte de la subvention suscite de vives réactions en Allemagne. "C’est un incroyable abus de confiance pour les milliers de consommateurs qui ont déjà commandé un véhicule, avec comme condition bien sûr que leur soit versée cette prime", s’emporte Arne Joswig, le président de la fédération allemande des concessionnaires ZDK, faisant allusion aux très longs délais de livraison dans le secteur.

"La moindre des choses aurait été de laisser filer ce bonus au moins jusqu’à la fin de l’année et de s’assurer en parallèle avec les Länder et les communes que les administrations chargées de l’immatriculation restent ouvertes entre les fêtes", estime-t-il. La prime est en effet versée après l’immatriculation.

"Nous estimons qu’au cours du premier trimestre 2024, les ventes vont reculer de 20%, soit 400 à 450.000 voitures électriques vendues au lieu des 600.000 nouvelles immatriculations escomptées", explique Stefan Bratzel, économiste au centre de management automobile CAM.

Certains constructeurs, craignant une brusque chute de leurs ventes, envisagent de prendre le relais de l’État. Comme le groupe Stellantis, qui a promis pour rassurer ses clients de verser jusqu’à la fin de l’année une prime à l’achat pouvant atteindre 6.750 euros pour l’achat d’un véhicule de l’une des marques du groupe (Peugeot, Opel, Fiat, Jeep).

La prime Stellantis pourrait ensuite passer à 4.500 euros par véhicule pour les commandes qui seront immatriculées d’ici le 29 février. BMW réfléchirait de son côté à un modèle d’encouragement à la vente similaire.

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