Les Vingt-Sept s'accordent sur la Turquie et sanctionnent le régime biélorusse
Après d'intenses négociations, les Vingt-Sept se sont accordés, vendredi aux petites heures, pour durcir le ton face à la Turquie et sanctionner le régime biélorusse.
Les dirigeants de l'Union européenne (UE), réunis en sommet à Bruxelles, ont conclu un accord, vendredi vers 1 heure du matin, pour lancer un avertissement à la Turquie et sanctionner le régime du dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko. Chypre, qui bloquait ces sanctions, a consenti à lever son veto après d'intenses tractations.
Depuis l'été, Ankara procède à des forages illégaux dans les eaux territoriales grecques et chypriotes, provoquant des tensions militaires en Méditerranée. Chypre réclamait des sanctions contre la Turquie et, afin d'obtenir satisfaction, imposait son veto aux sanctions visant les proches de Loukachenko.
Solidaires avec Nicosie, mais en désaccord sur les termes, les Vingt-sept ont négocié au "finish" pour aboutir à une position commune prévoyant l'adoption de sanctions contre la Turquie si elle renouvelle ses provocations par des forages illégaux. Les dirigeants européens "surveilleront la situation" durant les prochaines semaines et reviendront sur cette question lors d'un sommet en décembre.
Sanctions contre Minsk
Les sanctions contre le régime biélorusse sont "immédiates", a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel.
Voici deux mois que l'Europe préparait des sanctions contre une liste de 40 personnes de l'entourage du dictateur Alexandre Loukachenko pour les répressions menées contre l'opposition et falsification des résultats des élections du 9 août. "Le président Loukachenko ne figure pas sur la liste, a confirmé Charles Michel, certains pays européens considérant qu'il faut conserver un lien minimal avec Minsk pour un éventuel dialogue.
"Les sanctions seront appliquées aux personnes responsables de ces violences et de tout ce que nous avons vu durant les élections", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Après avoir manifesté son soutien à l'opposition biélorusse, l'UE a décidé d'accroître la pression contre Alexandre Loukachenko, dont elle ne reconnaît pas l'élection. La cheffe de l'opposition biélorusse, Svetlana Tikhanovskaïa, a été reçue par les ministres européens des Affaires étrangères. Cette semaine, le président français Emmanuel Macron s'est rendu à sa rencontre à Vilnius, provoquant des crispations au Kremlin. La Chancelière allemande Angela Merkel a promis de la rencontrer à Vilnius la semaine prochaine.
"Les sanctions seront appliquées aux personnes responsables de ces violences et de tout ce que nous avons vu durant les élections."
Plusieurs chefs d'État européens se sont exprimés en faveur de l'opposition biélorusse lors du sommet. "C'est juste inapproprié" que l'UE n'ait pas encore pris des sanctions contre le régime biélorusse, a lancé le président lituanien, Gitanas Nauseda. "La discussion concernant la Biélorussie est le principal sujet de ce sommet", a dit son homologue polonais, Mateusz Morawieck. L'Estonie et le Luxembourg ont insisté sur le soutien des Européens envers les opposants.
"Le président du Conseil européen, très discret ces derniers temps sur ce dossier, est arrivé au sommet avec un accord dans la poche."
Charles Michel avait préparé un compromis pour lever les réticences de Chypre. "Le président du Conseil européen, très discret ces derniers temps sur ce dossier, est arrivé au sommet avec un accord dans la poche", confie un diplomate européen. Charles Michel a également bouleversé l'ordre du jour du Conseil, en abordant la question turque et les sanctions contre la Biélorussie d'entrée de jeu, alors que les dirigeants européens devaient en parler le soir.
Solidarité avec Chypre
Les dirigeants européens ont exprimé leur solidarité envers la Grèce et Chypre face à la Turquie. "Nous voulons plus de stabilité, plus de prédictibilité. Nous sommes totalement solidaires avec la Grèce et Chypre, plusieurs options sont sur la table", a déclaré Charles Michel.
L'Europe a décidé de manier "la carotte et le bâton" envers Ankara. Elle dispose désormais de deux "boîtes à outils", l'une faite de sanctions, l'autre de l'approfondissement de leur partenariat dans des domaines comme le commerce et la lutte contre la pandémie de coronavirus.
"En cas d'action renouvelée de la Turquie, nous utiliserons tous les instruments que nous avons à notre disposition, mais ce n'est pas ce que nous voulons", a indiqué Ursula von der Leyen. "Nous pensons qu'il est préférable d'avoir un agenda constructif pour les deux parties, c'est la Turquie qui doit décider si elle veut s'engager dans cette voie".
"Nous sommes totalement solidaires avec la Grèce et Chypre, plusieurs options sont sur la table."
Pour ce sommet, dominé par des questions géopolitiques majeures, Charles Michel a fixé pour objectif aux dirigeants européens de renforcer "l'autonomie stratégique" de l'Europe et sa place dans le monde. Cette volonté, chère au président français Emmanuel Macron s'est traduite lors de la rencontre par un durcissement envers Ankara et Minsk.
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