Législatives en France: le barrage républicain repousse la vague d'extrême droite
Alors que les résultats du premier tour des législatives donnaient de nombreux candidats du Rassemblement National (RN) en tête dans leur circonscription, le choix du barrage républicain a repoussé la vague d'extrême droite annoncée. Sans clarifier la situation.
"Pour ce second tour, la seule question était: est-ce que le RN va avoir la majorité absolue? C'est ça que les Français avaient en tête." La phrase prononcée par le centriste François Bayrou a certes agacé ceux qui, à gauche, revendiquent une victoire électorale, mais elle est une évidence. Impossible d'avoir une conversation dans le pays, ces derniers jours, sans que les élections ne s'imposent dans des échanges souvent inquiets et tendus.
La semaine dernière, Jordan Bardella se voyait à la tête d'un groupe largement majoritaire au Parlement, et appelait ses électeurs à un effort supplémentaire pour lui donner et la majorité absolue et Matignon. Il n'aura ni l'une ni l'autre puisque le score, certes honorable, du RN (143 sièges), est à la fois derrière la gauche unie du Nouveau front populaire (NFP, 182 sièges) et la macronie (168 sièges). Aucune de ces familles ne peut prétendre gouverner seule.
"Notre victoire n'est que différée"
Sur TF1, Marine Le Pen a affiché un optimisme prophétique: "La marée monte. Elle n'est pas montée assez haut cette fois-ci, mais elle continue à monter et, par conséquent, notre victoire n'est que différée", a-t-elle insisté. Si le RN ne double pas le nombre de ses députés, contrairement à ce qu'il a affirmé de plateau en studio, il les augmente d'environ la moitié. La performance n'est pas à sous-estimer, étant donné les nombreux désistements de candidats de droite ou de gauche pour empêcher leur victoire.
Jordan Bardella, qui n'avait pas l'humeur à voir le verre à moitié plein, a dénoncé "l'alliance du déshonneur et les arrangements électoraux dangereux" qui "privent les Français d'une politique de redressement qu'ils ont pourtant plébiscitée largement."
"La France va découvrir ce qu'est la vie parlementaire."
Mélenchon coupe l'herbe sous le pied de ses partenaires
Le RN perd donc son pari, mais avec une défaite honorable. À l’opposé de l'hémicycle, la gauche remporte le sien... sans que l'on ne sache comment elle va pouvoir le transformer en victoire. Sans laisser la priorité à ses partenaires du NFP, Jean-Luc Mélenchon a débarqué sur les écrans quelques minutes après l'annonce des résultats pour appeler le président à "s'incliner" et à "confirmer la volonté du peuple" en "appelant le NFP à gouverner" afin qu'il puisse "appliquer rien que son programme, tout son programme".
Mais sur quoi l'Insoumis peut-il réellement asseoir cette intransigeance? Pas sur les chiffres: le NFP est certes le premier groupe à l'Assemblée, mais l'écart de députés avec la coalition présidentielle ne fait pas non plus de lui le leader incontestable de la politique des prochaines années.
Au sein même de l'union de la gauche, d’ailleurs, certains ont eu la soirée modeste. Si Olivier Faure, le patron des socialistes, était sur la même ligne que Mélenchon ("Je le dis ce soir, nous ne nous prêterons à aucune coalition des contraires. Le Nouveau front populaire doit prendre en main cette nouvelle page de notre histoire"), Raphaël Glucksmann restait plus prudent, estimant que la France allait "découvrir ce qu'est la vie parlementaire", en construisant éventuellement des coalitions de vote par projet, “comme au Parlement européen".
"Il y a un programme de gauche, mais il n'y a pas de majorité absolue pour l'appliquer", a-t-il insisté, creusant un peu plus la faille apparue en une semaine de campagne à gauche, alors que beaucoup de candidats faisaient des efforts pour se démarquer de la figure repoussoir de Jean-Luc Mélenchon.
Qui pour ramasser les miettes de la macronie en 2027?
Avec sa dissolution, Emmanuel Macron a fait reculer le nombre de députés de sa majorité. Ils étaient 250 en 2022, et seront désormais 168. Dans la soirée, les représentants de ce courant politique ont désavoué leur chef, plus ou moins ouvertement: le Premier ministre Gabriel Attal, qui présente sa démission lundi matin, a évoqué une dissolution qu'il n'avait pas choisie, tout en refusant de la subir. Il restera probablement en "affaires courantes" jusqu'à ce que la situation politique s'éclaircisse, ce qui pourrait prendre des semaines. "Comme en Allemagne ou en Belgique", notait d’ailleurs un politologue.
Plus direct, son prédécesseur à Matignon Édouard Philippe a constaté qu' "aucun des grands blocs politiques n'avait la majorité." Une "indétermination" qui, selon lui, fait "courir au pays un péril que personne ne doit sous-estimer". Il va falloir gérer le pays dans l'immédiat, mais aussi, pour la suite, "proposer aux Français un projet cohérent et solide."
Il y est prêt, bien sûr. Sans avoir pris le soin de laisser Emmanuel Macron nommer un Premier ministre pour gouverner ce pays divisé.
Les plus lus
- 1 Incendie au Sanglier des Ardennes de Marc Coucke (Durbuy): des dizaines de personnes évacuées et des dégâts importants
- 2 "Trump fait imploser le dollar, Nvidia deux fois plus gros qu'Apple..." Les 5 prédictions les plus folles de Saxo pour 2025
- 3 En France, la fin annoncée du gouvernement de Michel Barnier
- 4 France: Michel Barnier recourt au 49.3 malgré la menace de censure
- 5 Le XRP devient la troisième plus grande crypto au monde