"Il faut conserver un dialogue avec l'Iran" (Charles Michel)
Le Premier ministre Charles Michel a affirmé sa volonté de "conserver un dialogue avec l'Iran", après le discours musclé de Donald Trump à l'encontre du président iranien Hassan Rohani, ce mardi lors de l'assemblée générale de l'ONU. Charles Michel s'est ensuite entretenu longuement avec le dirigeant iranien.
Charles Michel s'est montré prudent ce mardi après l'intervention du président des Etats-Unis Donald Trump lors de l'ouverture de la 73e assemblée générale des Nations unies à New York. Le président américain s'en est pris durement à l'Iran, qu'il accuse de "semer le chaos" dans le monde. Un discours centré sur la grandeur de la nation américaine et opposé au multilatéralisme, pourtant l'essence de l'ONU.
"Donald Trump, c'est la théorie du shaker dans les relations internationales",
"Donald Trump, c'est la théorie du shaker dans les relations internationales", confie le Premier ministre, soulignant la clémence dont Donald Trump a fait preuve cette année à l'égard de la Corée du Nord, alors que l'an dernier, il s'était attaqué violemment au régime de Kim Jong-un. "A partir du moment où il a montré à quel point il était dur avec la Corée du Nord, il a commencé une désescalade".
"Il faut conserver un canal de dialogue avec l'Iran", réagit Charles Michel, estimant qu'il faut "maintenir en vie l'accord nucléaire". Il s'en est pris aussi aux sanctions américaines contre l'Iran. "Les sanctions, ce n'est pas une fin, cela peut-être un instrument, mais pas une fin en soi". "Il y a en Iran des forces ouvertes vers le progrès et nous en tenons compte", explique Michel.
Michel s'entretient avec Rohani
Peu après le discours de Donald Trump, le Premier ministre belge a eu une rencontre bilatérale avec le président iranien Hassan Rohani. "Nous ne sommes pas naïfs à propos de l’Iran et du rôle régional qu’il joue", dit-il après l'entretien, "mais l'accord nucléaire avec l'Iran fournit un canal de dialogue pour encourager les forces en Iran qui veulent moderniser le pays, renforcer l'économie et être prêt à s'engager dans une désescalade au niveau nucléaire".
"L'accord nucléaire avec l'Iran fournit un canal de dialogue pour encourager les forces en Iran qui veulent moderniser le pays, renforcer l'économie et être prêt à s'engager dans une désescalade au niveau nucléaire"
Les Etats-Unis ont relancé des sanctions économiques contre l'Iran en juillet dernier, quelques semaines après être sortis de l'accord sur le nucléaire. Un deuxième train de sanctions devrait suivre en novembre. Les entreprises belges et européennes actives en Iran et en lien avec des groupes américains sont affectés par ces sanctions. Des grands groupes, comme le géant pétrolier Total, ont préférer quitter l'Iran. "Nous ne pouvons pas accepter que les États-Unis décident dans quelles régions du monde les entreprises européennes peuvent faire des affaires", conclut Charles Michel.
Multilatéralisme vs unilatéralisme
Le Premier ministre belge souligne "les tensions entre le multilatéralisme, privilégiée par la Belgique au sein de l'Union européenne et des Nations unies, et le nationalisme" prôné par le président américain.
"La vision des relations internationales de Donald Trump est fondée sur l'addition des Etats nations et l'espoir que cette addition corresponde à un monde meilleur", poursuit le Premier ministre, "mais les grands défis du monde, comme le climat, la résolution et la prévention des conflits, nécessitent un travail commun, et c'est celui des Nations unies depuis des années, depuis 70 ans maintenant".
La dureté de Trump envers l'Iran inquiète le Premier ministre. "En cas de conflit au Proche Orient, nous sommes en première ligne. On voit à quel point la guerre en Syrie et la crise migratoire ont fait monter en puissance l'extrême droite et l'extrême gauche".
"L'élection de Trump, le Brexit, montrent pour ceux qui en doutent que l'Europe doit forger sa propre sécurité et sa propre démocratie fondée sur le multilatéralisme", ajoute le Premier ministre.
Division entre l'Europe et les Etats-Unis
"Donald Trump n'a pas la volonté de s'isoler. Il a la volonté de jouer un rôle important mais en le faisant à partir des Etats-Unis seuls".
Pour le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders, également présent à New York, "le discours de Donald Trump sur l'Iran montre la divergence profonde entre l'Union européenne et les Etats-Unis".
"Donald Trump n'a pas la volonté de s'isoler", nuance Didier Reynders, "il a la volonté de jouer un rôle important mais en le faisant à partir des Etats-Unis seuls".
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