Trump humilie l'Iran (pour rien)

Journaliste

Peu sensible aux shows à l'américaine, Téhéran rejette la rencontre proposée par Donald Trump. A force de jouer au cowboy solitaire, le Président américain risque fort de se retrouver seul à l'Ouest.

À force de confondre la scène politique internationale avec un jeu de téléréalité où l’on rencontre son meilleur ennemi pour lui taper sur l’épaule après l’avoir menacé du feu nucléaire, Donald Trump va finir par énerver sérieusement quelqu’un. Le président des Etats-Unis a offert lundi de rencontrer les dirigeants iraniens "quand ils veulent" et "sans préconditions".

L’invitation est sortie "spontanément" lors d’une conférence de presse. Peu après, elle était revue à la baisse par le secrétaire d’État Mike Pompeo qui fixait des conditions.

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Les Etats-Unis s’isolent et perdent, chaque jour un peu plus, leur stature de première puissance mondiale.

Quelques jours avant, le président américain menaçait l’Iran d’une guerre totale sur son compte Twitter. À un mois de l’entrée en vigueur de sanctions économiques, Trump veut surtout gagner la guerre des nerfs.

En réponse, Téhéran a jugé l’invitation "humiliante". Fin de l’épisode.

Le scénario ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de la Corée du Nord, qui commence par des menaces d’anéantissement total, et finit par une embrassade sur un podium avec le dictateur sanguinaire Kim Jong-un.

Versatile, imprévisible, le président américain souffle le chaud et le froid en espérant faire plier son interlocuteur. Ce faisant, il s’adresse d’abord à son électorat, devant qui il rejoue l’éternel duel. Le doigt sur la gâchette, prêt à déclencher la "Der des Ders", il décroche une rencontre à l’ultime seconde. Et tout rentre dans l’ordre sur fond de pom-pom girls. Ce scénario à la Reagan, tiré de la guerre froide, émeut au pays des "Rednecks". Mais il humilie publiquement son destinataire, tandis que son imprévisibilité plombe les marchés et irrite les investisseurs.

Résultat? L’Iran n’est pas la Corée du Nord. Le président iranien Hassan Rohani n’est pas Kim Jong-un. Plutôt que de quémander une rencontre, Téhéran traite avec l’Europe, qui, elle, respecte l’accord nucléaire signé par toutes les grandes puissances en 2015. Quant aux Etats-Unis, ils s’isolent et perdent, chaque jour un peu plus, leur stature de première puissance mondiale.

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