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La Russie "autoritaire" et "déconnectée de l'Europe" risque de nouvelles sanctions

Le Haut représentant de l'UE aux Affaires étrangères, Josep Borrell, a durci le ton sur la Russie. ©EPA

Après l'échec de sa visite à Moscou, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a été rappelé à l'ordre ce mardi par les eurodéputés. Il proposera de nouvelles sanctions contre la Russie pour l'emprisonnement du dissident Alexeï Navalny et la répression contre les opposants.

Humiliation, erreur, échec... Les mots ont fusé mardi au Parlement européen à l'encontre de la visite officielle de Josep Borrell, le Haut représentant de l'UE aux Affaires européennes, la semaine dernière à Moscou. De nombreux eurodéputés démocrates chrétiens (PPE), libéraux (RE), Verts et conservateurs (ECR) ont chargé l'Espagnol pour être "tombé dans le piège" tendu par le Kremlin, alors que l'Europe dénonce l'emprisonnement du chef de l'opposition russe, Alexeï Navalny, et la répression féroce contre les manifestations des opposants.

"Le piège de Poutine et Lavrov était savamment orchestré. Votre déplacement à Moscou n'a pas fait avancer d'un iota la situation d'Alexeï Navalny."

Frédérique Ries
Eurodéputée libérale

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"Votre visite à Moscou était une sérieuse erreur", a tonné le chef de file des libéraux au Parlement européen, Dacian Ciolos. "Vous avez été humilié et cette humiliation est retombée sur nous", a lâché Sergueï Lagodinsky (Verts). "Le piège de Poutine et Lavrov était savamment orchestré. Votre déplacement à Moscou n'a pas fait avancer d'un iota la situation d'Alexeï Navalny", a surenchéri Frédérique Ries (RE, MR).

Au moins 81 élus ont également appelé à la démission du chef de la diplomatie européenne, dans un courrier adressé à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.

Une visite "humiliante"

Lors de son déplacement dans la capitale russe, Josep Borrell a critiqué la répression contre l'opposition, mais il a aussi proposé de relancer la coopération entre l'Europe et la Russie. Il a voulu rencontrer Alexeï Navalny dans sa prison moscovite. En vain.

Humilié lors d'une conférence de presse par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à propos de la politique européenne à Cuba et de la répression contre les indépendantistes catalans, il est rentré bredouille à Bruxelles. Pour couronner le tout, trois diplomates européens ont été expulsés peu avant la fin de cette visite, pour avoir participé aux manifestations de soutien à Navalny.

"Gelons les avoirs, saisissons les yachts, bloquons l'argent des oligarques, et alors seulement nous serons respectés."

Raphaël Glucksmann
Eurodéputé social-démocrate

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"La Russie pourrait changer, mais pas Poutine. Nous devons tirer les leçons de cet échec de M. Borrell", a résumé la Lituanienne Rasa Jukneviciene (PPE).

Seuls les sociaux-démocrates (S&D), son propre groupe politique, ont apporté leur soutien à Borrell, tout en appelant à des sanctions. "Gelons les avoirs, saisissons les yachts, bloquons l'argent des oligarques, et alors seulement nous serons respectés", a lancé le Français Raphaël Glucksmann.

L'extrême droite et la gauche radicale, le plus souvent favorables au régime russe, se sont abstenues de critiquer la visite officielle.

Josep Borrell propose des nouvelles sanctions

"La Russie veut nous diviser, nous ne devons pas tomber dans leur piège."

Josep Borrell
Haut représentant de l'UE aux Affaires étrangères

Josep Borrell ne s'est pas laissé démonter face aux critiques. "Le gouvernement russe est en train d'emprunter un chemin autoritaire, ce qui est inacceptable. La Russie est déconnectée du reste de l'Europe", a-t-il dit, avant d'annoncer qu'il proposerait de nouvelles sanctions contre le régime russe et une lutte accrue contre la désinformation menée par le Kremlin.

La question des sanctions sera discutée lors de la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères, le 22 février. Les chefs d'État ou de gouvernement européens l'évoqueront également lors du sommet des 25 et 26 mars.

L'adoption de nouvelles sanctions requiert l'unanimité, ce qui n'est pas acquis. Plusieurs États européens les réclament, en particulier les anciens pays de l'Est. Le Parlement européen souhaite, entre autres, une suspension de la construction du gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l'Allemagne. Mais la question divise. Berlin a fait savoir qu'il n'est pas question d'arrêter le projet industriel. En outre, certains États, comme la Hongrie et Chypre, s'allient traditionnellement à Moscou lors de ces débats.

"La Russie veut nous diviser, nous ne devons pas tomber dans leur piège", a conclu Josep Borrell.

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