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analyse

Biden, soutenu par Pékin, tente d'influer sur les cours du pétrole

Après une discussion avec le Président chinois, le président américain Joe Biden reçoit l'appui de Pékin dans sa tentative de faire baisser les cours du pétrole. ©REUTERS

Les États-Unis puisent dans leur stock stratégique de pétrole en espérant faire bouger les prix. Le président Biden espère ainsi redorer son blason. Ce n'est pas gagné.

Joe Biden va mettre en circulation 50 millions de barils venant des réserves stratégiques de pétrole des États-Unis. Le Président américain tente par là d'influencer le marché, mais surtout d'améliorer sa cote. La classe moyenne râle. Elle se relève difficilement de la crise du covid et doit affronter l'inflation, avec des prix à la pompe très élevés.

"Le pétrole tire l'inflation vers le haut, un scénario qui pousse aussi les banques centrales à relever leurs taux d'intérêt, avec des conséquences sur les capacités des entreprises à s'endetter pour investir."

Oscar Bernal
Professeur d'économie à l'UNAmur

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"Dans le cadre de la reprise économique post-confinement, la demande de pétrole est forte alors que l'offre reste limitée, parce que les grands pays exportateurs de pétrole veulent maintenir des prix élevés", contextualise Oscar Bernal, professeur d'économie à l'UNAmur. "Les États-Unis considèrent que les prix actuels sont excessifs, qu'ils pèsent sur le pouvoir d'achat des consommateurs et que c'est dommageable pour l'activité économique. Le pétrole tire l'inflation vers le haut, un scénario qui pousse aussi les banques centrales à relever leurs taux d'intérêt, avec des conséquences sur les capacités des entreprises à s'endetter pour investir."

Pari réussi? Sans doute pas

En utilisant 50 millions de barils sur les 609 millions que comptent leurs stocks, les États-Unis vont accroître l'offre, ce qui devrait faire baisser les cours et motiver les producteurs à augmenter l'offre. Mais ça, c'est théorique. De fait, suite à l'annonce de Biden mardi, le prix du baril est... remonté. Ce mercredi, il cédait un peu de terrain.

" Si on assiste à une baisse des prix du pétrole, ça ne sera sans doute qu'en 2022."

Bernard Keppenne
Chief Economist chez CBC

Bernard Keppenne,  chef économiste chez CBC, doute d'un impact sérieux à la baisse. "L'Opep pourrait, en réaction, décider de ne pas augmenter sa production. De plus, les volumes libérés par les États-Unis sont très faibles par rapport à la consommation journalière."

L'utilisation des réserves stratégiques pourrait ainsi ne constituer qu'un effet d'annonce de la part du Président américain.

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Attendre 2022

" Si on assiste à une baisse des prix du pétrole, ça ne sera sans doute qu'en 2022, quand l'effet de rattrapage vu en 2021 s'estompera", estime l'économiste de CBC. Et l'initiative pourrait se retourner contre Biden, si elle crispe les pays producteurs. Et il sera difficile pour le président d'accentuer la pression. Ses réserves stratégiques sont limitées et leur emploi est contesté puisqu'elles sont constituées en vue de catastrophes naturelles ou de crises internationales.

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Les États-Unis vont puiser 50 millions de barils sur les 609 millions que comptent leurs réserves stratégiques

Mais quelles alternatives s'offraient à Joe Biden pour lutter contre ces prix élevés du pétrole? "À court terme, il n'a pas 50 outils", constate Oscar Bernal. La production de pétrole de schiste est en baisse aux États-Unis et, dans la foulée de la COP26, il serait malaisé de réactiver ce filon.

"On peut réduire la demande en imposant des restrictions à la consommation de carburant, mais cela ne s'est plus vu depuis les chocs pétroliers des années 70 et 80. À long terme, la prise de conscience des défis environnementaux, l'abandon d'une économie basée sur le carbone et les innovations technologiques apporteront un nouvel équilibre", espère Oscar Bernal.

Avec la Chine

Les États-Unis ne sont pas seuls dans l'exercice. L'Inde, le Japon, la Corée du Sud, le Royaume-Uni ont promis d'aussi puiser dans leurs réserves. La Chine également. Et c'est peut-être cette entente avec Pékin qui pourrait constituer le fait le plus marquant de l'initiative...

"Il y a un jeu géopolitique assez subtil derrière tout ça. Derrière l'Opep+, il y a la Russie."

Bernard Keppenne
Chief Economist chez CBC

Par contre, nulle trace des pays européens, qui connaissent pourtant une inflation importante et possèdent des stocks stratégiques. "Il y a un jeu géopolitique assez subtil derrière tout ça, relève Bernard Keppenne. N'oublions pas que derrière l'Opep+, il y a la Russie. L'Union européenne connaît assez de tensions avec la Russie et l'Ukraine pour ne pas en ajouter une couche!"

Le résumé

  • Les Etats-Unis vont puiser dans leurs réserves stratégiques de pétrole.
  • L'objectif est de faire baisser les prix de l'or noir, et donc de l'essence.
  • Biden compte ainsi s'attirer les faveurs de la classe moyenne et remonter dans les sondages.
  • Mais les pays producteurs de pétrole pourraient réagir en bloquant toute augmentation de l'offre.

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