Musk ne veut plus de Twitter: soulagement à gauche, des trumpistes déçus
Il devait sauver la liberté d'expression pour la droite, libérer des discours haineux selon la gauche, mais n'ira pas au bout: la décision d'Elon Musk de se retirer de l'accord d'achat de Twitter a divisé le monde politique américain.
Elon Musk a annoncé vendredi renoncer à racheter Twitter, qu'il accuse d'avoir sous-estimé le nombre de faux comptes. Selon le milliardaire, l'entreprise a fourni des données incomplètes ou inexploitables lors des négociations, et il est apparu qu'elle avait comptabilisé dans son total d'utilisateurs des comptes suspendus dont elle savait par conséquent qu'ils étaient faux.
Diverses prises de position d'Elon Musk laissaient planer le doute depuis des semaines sur sa réelle volonté de finaliser l'accord de 44 milliards de dollars. L'annonce de son retrait a ouvert la voix à une longue bataille juridique sur l'issue du dossier.
"Notre écosystème de l'information, sa sécurité, et la démocratie, ne doivent pas rester à la portée des caprices de milliardaires qui ne rendent de comptes à personne."
La perspective d'une prise de contrôle de Twitter par cet entrepreneur extravagant aux tendances libertariennes avait alarmé certains à gauche, où l'on se réjouit aujourd'hui d'un projet avorté - tout en demeurant prudent pour la suite. C'est "un répit bienvenu pour les femmes, les gens de couleur et les membres de la communauté LGBTQ+", a réagi l'organisation féministe UltraViolet, qui craignait qu'un Twitter sous le contrôle du patron de Tesla et SpaceX "libère un flot de haine".
Les "caprices" d'un milliardaire
L'économiste progressiste et prix Nobel Paul Krugman s'est moqué lui de l'"impulsivité mal contrôlée" d'Elon Musk, le comparant au Premier ministre britannique Boris Johnson, démissionnaire.
Cette saga montre que "notre écosystème de l'information, sa sécurité, et la démocratie, ne doivent pas rester à la portée des caprices de milliardaires qui ne rendent de comptes à personne", a estimé Nicole Gill, directrice exécutive de Accountable Tech.
Cette association, qui milite pour responsabiliser les grandes entreprises numériques, avait lancé avec d'autres début juin une initiative visant à bloquer l'opération. Ensemble, elles "avaient bien montré qu'Elon Musk, en rachetant Twitter, voulait seulement défendre son idéologie droitière", a ajouté UltraViolet dans son communiqué.
Les trumpistes amers
"L'accord Twitter est mort, longue vie à 'Truth'", a pour sa part réagi Donald Trump sur le réseau social homonyme, traduction de "vérité" et porte-voix numérique de l'ancien président républicain depuis son éjection de Twitter. Elon Musk avait évoqué en mai la levée de ce bannissement, envisageant de manière générale une modération bien moins stricte sur l'influent réseau social, ce qui avait rendu sa volonté de rachat alléchante aux yeux d'une partie de la droite américaine.
"Je suis quasi sûr que la censure qu'ils pratiquaient, quelle qu'elle soit, va être multipliée par dix."
C'est bien une certaine déception qui semble désormais toucher le camp Trump, lui-même ayant vu son compte - avec ceux de Facebook et YouTube - suspendu en janvier 2021, les plateformes l'accusant d'avoir incité ses partisans à la violence avant l'assaut contre le Capitole.
"Je suis quasi sûr que la censure qu'ils pratiquaient, quelle qu'elle soit, va être multipliée par dix", a écrit Donald Trump Jr., le fils, sur le réseau "Truth" lancé par son père. "Il n'y a aucune chance d'avoir une liberté de pensée ou d'expression là-bas désormais", a-t-il ajouté.
"C'était la dernière chance de sauver quelque chose de bien du cauchemar" des GAFA, a écrit l'observateur politique conservateur Dave Rubin, sur Twitter. "La fête est bel et bien terminée. La purge arrive", a-t-il ajouté.
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