Une thérapie de choc pour la gouvernance wallonne
La gestion du Parlement wallon fait scandale à son tour dans un contexte budgétaire qui réclame des mesures drastiques.
Les révélations de la semaine sur les dépenses du Parlement wallon jettent une nouvelle couche de discrédit sur l’institution régionale. Quelques semaines après les inondations qui précipitèrent des milliers de Wallons dans la misère, le président de l’organe législatif et son greffier sont donc partis à Dubaï pendant quatre jours sur deniers publics en dépit des réticences patentes du bureau du Parlement. On apprend au passage que déplacements internationaux, hôtels de luxe et bons restaurants semblent avoir été pendant des années la routine d’un greffier dont les pratiques banalisées ont échappé à tout contrôle. Tandis qu’un flot d’interrogations quant au coût de la rénovation du Parlement wallon alimente, comme si elle en avait besoin, la défiance de l’opinion publique vis-à-vis de la gouvernance francophone. Les populistes se frottent les mains pendant que la carrière de Jean-Claude Marcourt prend un nouveau coup.
Cet épisode est d’autant plus dramatique pour la classe politique wallonne qu’il intervient alors que le budget régional ne s’est jamais aussi mal porté. L’endettement du sud dépasse les 31 milliards d’euros, ce qui correspond à 180% des richesses qui y sont produites en un an. Lors de l’élaboration de son dernier budget, le gouvernement Di Rupo s’est résigné à piocher des moyens initialement affectés à la relance économique pour soutenir les ménages et les entreprises frappés par la crise énergétique. Encore un signal désastreux. Le gouvernement wallon en est réduit à gratter désespérément à la porte du Fédéral pour quelques dizaines de millions en se reposant sur un assainissement de 150 millions d’euros par an qui ne convainc que ceux qui veulent croire que cela suffira.
Les affaires qui se succèdent depuis le milieu des années 2000 appellent à une révolution copernicienne qui ne veut pas venir.
La Wallonie ressemble à un Sisyphe renonçant à gravir sa montagne. Ce n’est pourtant rien d’autre que la capacité d’action à long terme de la Région et, par extension, son redressement socio-économique, qui sont ici hypothéqués. Un engagement historique est attendu pour à la fois soulager le budget et restaurer la confiance des citoyens, des entreprises, mais également des partenaires politiques de la Wallonie au sein de l’État fédéral.
Or, les affaires qui se succèdent depuis le milieu des années 2000 appellent à une révolution copernicienne qui ne veut pas venir. Celle-ci doit se fonder sur l’éthique des gouvernants et sur un contrôle minutieux de l’opportunité et de l’efficacité de l’ensemble des dépenses publiques à tous les échelons du pouvoir politique en Wallonie. Bien sûr, c'est plus facile à dire qu’à faire. Le scandale du jour démontre que l’appareil public est encore jalonné de tabous, de résistances, d’entre-soi malsains et d’intérêts particuliers. Mais la Wallonie n’a plus le choix.
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