Deliverect se rêve en "Google de la livraison de repas à domicile"
En levant quelque 150 millions de dollars, la scale-up gantoise a rejoint le très select club des licornes belges. Objectif désormais? Continuer à grandir. Peut-être via la bourse.
Fondée il y a quatre ans à peine, la scale-up gantoise Deliverect a désormais rejoint le très select club belge des licornes, soit ces sociétés privées valorisées à plus d'un milliard de dollars. Dans notre pays, seuls Team.blue (hébergement web), Collibra (big data) et le wallon Odoo (logiciel de gestion d'entreprise) peuvent déjà s'en targuer.
Ce nouveau statut fait suite à la levée, fin de semaine dernière, de quelque 150 millions de dollars (132 millions d'euros) auprès de deux grands fonds d'investissement américains que sont Coatue et Alkeon, ainsi que de ses actionnaires existants. Il s'agit là du deuxième montant le plus élevé jamais récolté par une jeune pousse technologique belge, le record étant détenu à ce jour par la bruxelloise Collibra et ses 250 millions de dollars levés fin de l'année dernière.
Les deux principaux cofondateurs, Zhong Xu (CEO) et Jan Hollez (CTO), se retrouvent donc à la tête d'un navire estimé à plus de 1,4 milliard de dollars (1,26 milliard d'euros) et dont le plan de route est assez simple en réalité: aider, via un logiciel maison, les restaurateurs et autres fournisseurs de repas du monde de la livraison à domicile à automatiser la prise de commandes. That's it.
Basique en apparence, le créneau dans lequel Deliverect s'est engouffré s'est toutefois avéré particulièrement juteux. Ainsi, si chiffre d'affaires et bénéfices ne sont pas connus, l'on sait par ailleurs que la société a franchi le cap des 100 millions de commandes depuis sa création en 2018, ce qui représente quelque 3 milliards de dollars en valeur. Mieux, 1,5 million de commandes sont à ajouter chaque semaine à ce chiffre, notamment du fait de la croissance du nombre de clients (horeca), passés de 8.000 à 20.000 dans 30 pays en un an par exemple. Et pour cause, la plateforme leur permet une augmentation moyenne de 25% de leur chiffre d'affaires, en plus de limiter les erreurs et de réduire de 40% le délai entre commande et livraison.
Du reste, il faut dire que la pandémie a clairement donné un coup d'accélérateur à l'activité. En effet, "le marché était déjà en train d'évoluer vers la livraison à domicile avant l'arrivée du coronavirus, mais la crise a modifié les habitudes d'un grand nombre de personnes", déclare Jan Hollez. "Jusqu'à il y a deux ans encore, seules les générations Y et Z en particulier étaient obsédées par la gratification instantanée et la satisfaction immédiate de leurs besoins via des plateformes à la Amazon, Spotify et Netflix. Ce qu'ils attendaient aussi en matière de nourriture. Mais avec le covid, cet appétit pour l'immédiateté a été également été transmis aux générations antérieures."
Une vague sur laquelle la pépite gantoise entend bien surfer, forte de ces capitaux fraîchement levés. "On va continuer à développer le produit, avec lequel on espère mieux servir les dark kitchens (ces restaurants sans salle et où la cuisine ne sert qu'à satisfaire les besoins de la livraison à domicile, NDLR) et les supermarchés, au-delà de l'horeca. Nous allons investir beaucoup en recherche et développement, et recruter des développeurs", détaille le cofondateur.
"Nous voulons devenir le Google de la livraison de repas à domicile, avec son siège à Gand."
Quid pour la suite? Une entrée en bourse pourrait faire partie des plans. "C'est clairement une possibilité", indique Jan Hollez. Mais pas une vente de la société. "Nous voulons faire grandir cette entreprise par nos propres moyens. Et ce, pour en faire un leader mondial européen dans son secteur. Nous voulons devenir le Google de la livraison de repas à domicile, avec son siège à Gand. En ce sens, je pense qu'il est possible que nous fassions une acquisition majeure, par exemple d'une application dans la lignée de ce que nous faisons déjà."
Deliverect
- Fondée en 2018 par les informaticiens et serial-entrepreneurs gantois Zhong Xu (37 ans) et Jan Hollez (39 ans). Avec deux autres fondateurs arrivés un peu plus tard, ils détiennent toujours une majorité de contrôle de la société.
- Fournit un logiciel de gestion des commandes en ligne à destination des restaurants, des "dark kitchens" et des fabricants de produits alimentaires.
- Valorisée à 1,4 milliard de dollars à l'occasion d'un tour de table de 150 millions de dollars.
- Chiffre d'affaires et bénéfice: inconnu. Depuis sa création, 100 millions de commandes ont été passées via Deliverect, pour une valeur de 3 milliards de dollars.
- 20.000 clients dans 30 pays en 2020, dont quelques chaînes telles que KFC, Taco Bell, Burger King, Le Pain Quotidien...
- Présence via des bureaux dans onze pays à travers le monde.
- L'entreprise gantoise Deliverect a désormais rejoint le club des sociétés privées valorisées à plus d'un milliard de dollars après une levée de fonds de 150 millions de dollars.
- La scale-up belge aide les restaurateurs actifs dans la livraison à domicile à automatiser la prise de commandes.
- Active sur ce créneau d'apparence basique, mais très juteux, Deliverect a franchi le cap des 100 millions de commandes depuis sa création et en ajoute à présent 1,5 million par semaine.
Les plus lus
- 1 Gouvernement wallon: la note de Pierre-Yves Jeholet prônant un contrôle plus serré des chômeurs est validée
- 2 Les Belges parmi les ménages les plus riches d'Europe avec 555.000 euros en moyenne
- 3 La Cour pénale internationale émet un mandat d'arrêt contre Benjamin Netanyahou
- 4 Exclusion bancaire de Mons, Liège et Charleroi: il reste un mois pour trouver 233 millions d'euros
- 5 Une banane scotchée achetée 6,2 millions de dollars par un entrepreneur crypto