Le secteur auto met le paquet pour écouler ses stocks
Depuis qu'il a repris du service, le secteur automobile s'est mis à livrer très rapidement les voitures vendues au salon. "Nous mettons maintenant le paquet sur les stocks."
À force de coups de fil chez les différentes marques de vendeurs de voitures belges, une constante ressort: l’année s’annonçait d'emblée difficile des suites du coronavirus. Heureusement, le salon de l’automobile belge s’avère constituer une vraie bouée de sauvetage.
"Les autres pays sont jaloux", nous glisse-t-on. Et pour cause, les bons de commande issus du salon de janvier représentent 25 à 30% de toutes les commandes annuelles. C'est déjà ça de sauvé. "Le coronavirus est tombé au moins mauvais moment, car on avait déjà pris des commandes au salon", avoue Karl Schuybroek, directeur communication de Renault Benelux.
"Le coronavirus est tombé au moins mauvais moment, car on avait déjà pris des commandes au salon."
Avec un virus arrivé un mois plus tôt, le secteur de la vente de véhicules neufs ferait encore plus grise mine en Belgique. Dans les faits, une série de commandes du salon n'ont pas pu être livrées pendant le confinement, mais cela n’est finalement qu’un mal passager. "Nous avons remarqué que beaucoup de garages ont réalisé l’inspection avant livraison pendant le confinement. Ils ont aussi fait venir les plaques dans le garage pour pouvoir livrer dès que c’était possible", nous détaille Filip Rylant, porte-parole de Traxio.
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Besoin de liquidités
Le premier problème à régler pour les réseaux de vendeurs de voitures a été un problème de liquidité. Certaines marques nous indiquent avoir pris des mesures pour protéger la trésorerie des vendeurs, mais ce n'est pas le cas partout. De nombreux vendeurs de voitures ont en effet déjà dû payer des voitures qu’ils ne pouvaient pas encore livrer et avaient donc grand besoin de rentrées de cash pour faire face à très court terme.
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Une semaine à peine après la réouverture du B2C, une bonne partie de ces voitures déjà vendues aurait donc déjà trouvé le chemin des clients pour faire rentrer des liquidités.
Mais les garages ont un autre problème à gérer, c’est le fait que des voitures neuves ont continué d’affluer vers la Belgique en pleine période de confinement pour y gonfler les stocks. Toutes ces voitures qu’il y avait dans les stocks des usines sont arrivées dans les ports, les parkings des importateurs et chez les concessionnaires.
Vendre les stocks
Il s’agit donc maintenant de vendre ces stocks. Chez PSA, on l’a bien compris. Sur les Peugeot de stocks, les avantages vont jusqu’à 8.200 euros et jusqu’à 8.900 euros chez Citroën. Renault aussi fait dans les promotions avec des conditions allant jusqu’à 8.000 euros de remise sur les véhicules de stock.
"Ce n’est pas une période où l’on pousse la vente de véhicules de stock en temps normal, mais la décision d’arrêter les activités a été abrupte et soudaine. On met donc le paquet ", confie Karl Schuybroek.
Les importateurs comme les garagistes font dans la promotion de voitures de stock. "Il y a moyen de faire de bonnes affaires sur les voitures de stocks, car on surstocke déjà pas mal en temps normal à cette période", abonde Jean-Marc Ponteville, porte-parole de Volkswagen Belgique, filiale de D'Ieteren Auto. "Pour les modèles en fin de série, c’est un bon moment pour aller négocier avec son concessionnaire", assure-t-il.
Dans le segment premium, le jeu n’est jamais entièrement le même. "Notre niveau de stock est raisonnable, car on a bien vendu au salon, mais on fait des promotions sur les voitures de stock pour aider les concessionnaires. C’est bien de garder un stock jeune", explique Bastien Van den Moortel, en charge des relations presse Belux chez Mercedes-Benz.
BMW est la marque du top 5 belge qui a le mieux résisté au confinement (-21,7% pour un marché à -36,6%), notamment grâce à certaines grosses livraisons de véhicules au gouvernement. BMW explique ainsi ne pas faire de grosses promotions, car la marque veut protéger ses valeurs résiduelles. "Nous sommes une marque premium. Nous essayons d’aligner la production à la demande", assure Jeroen Lissens, porte-parole de la marque.
Une aide de crise
Pour forcer des ventes de stocks, certains offrent la possibilité de reporter les trois premières mensualités, le temps de laisser la crise derrière soi. "Pour nos clients B2B, pour les accompagner lors de cette reprise d’activité, nous leur offrons jusqu’à 3 mensualités sur leur nouveau véhicule de stock, qu’il soit utilitaire ou pas", détaille Anouk Van Vliet, "dircom" de PSA en Belgique.
Mais la grande question dans le réseau est de savoir ce qui se passera après cette période axée sur les véhicules de stock. De nombreuses usines ont été à l’arrêt plus d'un mois. "Les voitures commandées aujourd’hui vont prendre du retard à être livrées", anticipe Filip Rylant.
Chute record du marché automobile européen
Il ne s'est vendu le mois dernier que 292.182 voitures dans l'Union européenne, au Royaume-Uni et les pays de l'Association européenne de libre-échange (Islande, Norvège et Suisse), contre 1,345 million en avril de l'an dernier.
Parmi les pays les plus touchés, l'Italie a vu ses ventes chuter de 97,6% pour tomber à moins de 4.300 véhicules, contre près de 175.000 en avril 2019.
Sur les quatre premiers mois de l'année, le marché automobile européen accuse un repli de 39,1% avec 3,35 millions de véhicule vendus, soit 2,1 millions de moins que sur la période équivalente de l'an dernier.
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