Charleroi Airport veut s'émanciper de Ryanair
L’aéroport de Charleroi-Bruxelles-Sud est l’un des plus impactés par la grève des pilotes de la compagnie low cost. Avec 82 vols supprimés et 14.000 passagers concernés, c’est 70% de son trafic Ryanair qui se retrouve perturbé.
Les grèves Ryanair se poursuivent… et se ressemblent? Cette fois, ça pourrait être la goutte d’eau dans les réacteurs. Si la grève des pilotes a pris de l’ampleur en touchant l’Irlande, la Suède, l’Allemagne et les Pays-Bas, c’est bien l’aéroport carolo qui pourrait y perdre le plus. Car il est ni plus ni moins la première base continentale de la compagnie low-cost. C’est aussi la troisième plus importante implantation de Ryanair, avec 22 Boeing 737-800.
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Les vols de la compagnie représentent entre 70 et 75% du trafic aérien de Charleroi-Bruxelles-Sud. Autant dire que l’aéroport a le couteau sous la gorge – ou la tête dans le réacteur. La définition même de la dépendance, voire du chantage.
Charleroi se retrouve en réalité victime du mode opératoire de la compagnie irlandaise: s’implanter dans un aéroport secondaire, le rendre plus dépendant qu’un toxicomane jusqu’à lui tenir sa drogue au-dessus de la tête comme pour un chaton inoffensif en manque de petit-lait. Si la métaphore est foireuse, la réalité l’est tout autant: Charleroi Airport doit maintenant partir en cure de désintoxication.
Développer des alternatives
L’aéroport n’a pas encore pu nous communiquer ses pertes, mais ça va faire mal, c’est certain. Résultat: il faut se détacher de cette drogue progressivement, comme certains passent de la cigarette authentique à l’électronique. "Nous voulons petit à petit enlever ce mode de dépendance avec Ryanair, explique le porte-parole Vincent Grassa. Nous allons diversifier nos activités en mettant en place une vraie stratégie. Il y a d’autres compagnies qui se développent davantage, qui sont intéressées par notre aéroport. Cette diversification va nous permettre de sortir à tout jamais de cette dépendance." En espérant ne pas remplacer la drogue Ryanair par un substitut aussi nocif.
Nous allons diversifier nos activités en mettant en place une vraie stratégie.
Par d’autres compagnies, le porte-parole entend d’abord Air Belgium, implantée à Charleroi depuis début juin. En plus d’être belge, cette ligne aérienne génère un véritable commerce dans et autour de l’aéroport… notamment dans le centre-ville, où des groupes de touristes débarquent directement de Hong Kong. La compagnie devrait continuer son expansion, actuellement en discussion avec Charleroi-Bruxelles-Sud.
Wizz Air n’est pas non plus en reste. Le concurrent low cost de Ryanair a annoncé ce mercredi le lancement d’une ligne reliant Craiova (Roumanie) à partir de Bruxelles-Charleroi. Soit la quatrième nouvelle route en 2018. L’aéroport espère ainsi éviter le destin de certaines infrastructures secondaires qui ont connu de véritables désastres économiques après le départ de Ryanair…
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