Andreas Tirez, adversaire gênant de la ministre de l'Énergie, va quitter la Creg
Actuel directeur à la Creg, le régulateur fédéral de l'énergie, Andreas Tirez a été recalé par le Selor lors de la procédure de nomination à la présidence de l'organisme ainsi que pour le poste de directeur technique.
Il était l'un des principaux cailloux dans la chaussure de la ministre fédérale de l'Énergie Tinne Van der Straeten (Groen) et, bientôt, il quittera les rangs du régulateur du secteur, la Creg. Andreas Tirez, membre du comité directeur étiqueté Open Vld, a en effet été jugé "inapte" par le Selor, le bureau de sélection de l'administration, au cours de la procédure de nomination d'un nouveau président de l'organisme, pour laquelle il avait candidaté au mois de mai.
Nous avons appris qu'en plus d'avoir été recalé pour le poste de président de la Creg, Andreas Tirez a également essuyé un refus pour celui de directeur technique, qu'il occupait depuis 2013.
"Au moment où mon mandat prend fin, je quitte la Creg."
"Au moment où mon mandat prend fin, je quitte la Creg", nous a confié l'intéressé, sans se livrer à plus de commentaires.
Pas de règlement de comptes
D'emblée, d'aucuns se sont risqués à qualifier l'élimination du sulfureux directeur de "règlement de comptes politique". Il faut dire que Tirez, en défenseur d'une vision ultralibérale du marché de l'énergie, a été l'un des principaux détracteurs de la politique énergétique menée par le gouvernement fédéral, n'hésitant pas à contacter lui-même la Commission européenne pour torpiller le CRM, le mécanisme de subsidiation des capacités de production d'électricité permettant de compenser l'arrêt des réacteurs nucléaires.
Pourtant, c'est bien sur ses aptitudes techniques que Tirez a manqué de convaincre le jury du Selor. Et là, ce qui est étonnant, c'est que le même jury avait approuvé sa candidature lors de la précédente procédure, enclenchée par Marie Christine Marghem (MR), alors ministre de l'Énergie, en 2018, puis redémarrée de zéro lors de l'entrée en fonction de Tinne Van der Straeten. A l'époque, Andreas Tirez mais aussi Francis De Meyere (N-VA), chef de cabinet adjoint de Jan Jambon, et Charles Cuvelliez, sans étiquette politique et ancien membre du conseil de direction de l’IBPT, avaient été retenus avant de devoir retourner à la case départ, la ministre Marghem n'ayant jamais communiqué son choix au Conseil des ministres pour approbation.
Pour savoir ce qui a changé entre les deux procédures – ou ce qui n'a pas changé alors que le monde a eu le temps d'être bouleversé depuis –, il faut sans doute interroger le Selor mais, en coulisse, on affirme que la décision n'a aucune motivation politique.
Avec Tirez hors du jeu, la Creg se retrouve délestée d'un franc-tireur imprévisible, mais aussi de sa seule voix audible dans le brouhaha énergétique ambiant.
Poste stratégique
Si ce dossier fait du bruit, c'est parce que la Creg opère sans président depuis 2018 et que ses trois directeurs ont dépassé leurs mandats depuis 2019. Or, en pleine crise énergétique et à la veille de la fermeture de cinq réacteurs nucléaires, la nécessité d'un régulateur fort et indépendant se fait pressante, d'autant plus que le rôle d'Elia, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, ne cesse de grandir dans la définition de la stratégie pour la garantie de la sécurité d'approvisionnement.
Avec Tirez hors du jeu, la Creg se retrouve délestée d'un franc-tireur imprévisible, mais aussi de sa seule voix audible dans le brouhaha énergétique ambiant. Le président ad interim, Koen Locquet (Vooruit), est en effet plutôt connu pour sa discrétion, en témoigne le silence relatif du régulateur ces derniers mois.
Le défi sera désormais pour la ministre de proposer au conseil des ministres un candidat avec des épaules suffisamment solides pour redonner à la Creg son indépendance et sa fermeté, mais aussi suffisamment mesuré dans son propos pour ne pas aliéner les positions du régulateur. Le verdict ne devrait pas tarder à tomber, les auditions débutant la semaine prochaine.
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