Des éoliennes volantes arrivent bientôt en Allemagne
L’énergéticien allemand E.ON s’est associé avec Ampyx Power pour développer des éoliennes qui planent au-dessus de nos têtes…
Pour oublier ses 15,45 milliards d’euros de pertes nettes accumulées ces deux dernières années, E.ON préfère garder la tête dans les nuages… L’énergéticien s’est associé avec la société néerlandaise Ampyx Power pour mettre au point une éolienne volante capable de générer de l’énergie à moindre coût.
Le groupe allemand est parti d’un constat assez simple. Avec près de 27.270 éoliennes sur son sol, la république fédérale commence à manquer d’espace pour accueillir de nouvelles fermes.
Les turbines traditionnelles sont, en outre, de plus en plus coûteuses à construire et à installer. Un chantier d’assemblage d’un "moulin à vent" haut de 200 mètres coûte en moyenne 120.000 euros par… jour. Cette facture est encore plus élevée lorsque les éoliennes sont installées en pleine mer. Au large des côtes, la construction des fondations et des mâts au sommet desquels sont fixées des pales longues de 90 mètres représente 30% des investissements dégagés par les énergéticiens.
"Yoyo" volant
Cette course au gigantisme commence à atteindre ses limites. Une donnée physique pousse pourtant les exploitants à aller plus haut… Le vent est toujours plus fort à une altitude plus élevée. E.ON et Ampyx Power ont donc eu l’idée de mettre au point une éolienne aéroportée.
Leur système ressemble à celui d’un "yoyo". Un cerf-volant aux allures de drone et équipé de deux petites hélices effectue dans le ciel un vol en forme de "8" à une altitude comprise entre 200 et 450 mètres. Ce "planeur" génère de l’énergie lors de la phase de traction quand il s’éloigne et qu’il déroule la corde du treuil auquel il est rattaché qui entraîne un générateur électrique.
Lorsque le câble d’une longueur de 750 mètres est tendu, le cerf-volant redescend automatiquement, ce qui provoque le rembobinage du fil d’acier et le processus se répète ensuite indéfiniment. Le drone est relié à une petite plateforme flottante qui peut être installée en mer là où les vents sont les plus forts.
Un premier prototype capable de générer 250 kW, baptisé AP3, est actuellement opérationnel. Les 3 millions d’euros apportés par E.ON, selon le quotidien financier Handelsblatt, vont permettre à Ampyx Power de construire un site de test en Irlande. Dès 2020, la société néerlandaise compte produire des cerfs-volants de 2MW qui pourront concurrencer directement les éoliennes "traditionnelles". Cette initiative n’est pas unique en son genre.
Google dans la course
En 2013, Google a racheté la start-up californienne Makani Power qui produit également des éoliennes volantes fonctionnant comme un "yoyo". La société italienne KiteGen a, elle, mis au point un modèle plus simple ressemblant à un cerf-volant traditionnel. La compagnie américaine Altaeros teste, pour sa part, une turbine intégrée à un ballon. Baptisée "The Bat" et conçue par le MIT de Boston, cet aérostat gonflé à l’hélium de 10 mètres de diamètre vole à une altitude comprise entre 300 et 600 mètres. Son hélice centrale produit de l’électricité qui est transférée à la terre par des câbles métalliques.
E.ON s’est également associé au mois de décembre au pétrolier Royal Dutch Schell et au géant Schlumberger pour investir 5 millions de livres sterling dans la société britannique Kite Power Systems qui a développé un cerf-volant "yoyo". La reconversion de l’énergéticien allemand dans l’éolien n’est pas le fruit du hasard.
La décision inattendue d’Angela Merkel d’ordonner la fermeture des centrales nucléaires allemandes au lendemain de la catastrophe de Fukushima et les critiques liées à l’utilisation des centrales à charbon polluantes ont conduit E.ON à se séparer de ses activités d’énergies fossiles en les introduisant en Bourse à l’automne dernier. Pour survivre, le groupe doit aujourd’hui compter sur l’aide d’Eole…
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