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L'ULiège part à la conquête des vents du Groenland

Dans cette image d'illustration, le rêve de Damien Ernst, celui de faire du Groenland l'un des points de départ d'un réseau électrique international, apparaît plus vrai que nature.

Ce lundi, une expédition prendra la mer au départ de Saint-Malo en direction du Groenland. L'objectif: récupérer et installer trois stations météo de l'ULiège destinées à étudier le potentiel éolien du territoire glacé. Le projet représente la première pierre à l'édifice du "global grid", soit un réseau électrique mondial.

Ça y est, enfin. Ce lundi, après un départ avorté la semaine passée en raison d'un test positif au Covid-19 – toujours lui – l'expédition Unu Mondo mettra les voiles depuis Saint-Malo en direction du Groenland. À bord du "North About", le petit voilier chargé d'amener toute l'équipe à bon port, on retrouvera deux skippeurs, deux caméramans, un photographe et Michaël Fonder, un chercheur de l'ULiège. Ensemble, ils hisseront la grand-voile, floquée du logo de l'université de la Cité ardente pour l'occasion pour un périple de trois mois vers les terres glacées du lointain territoire danois. 

Si l'expédition d'origine française a pour but premier de "recueillir des données scientifiques et les témoignages des communautés locales pour mieux anticiper le changement climatique et promouvoir des actions concrètes", sa portion liégeoise s'inscrit en réalité dans un travail de longue haleine mené par deux scientifiques de l'ULiège: Damien Ernst et Xavier Fettweis. L'un, bien connu de nos colonnes, a fait ses armes dans l'énergie et l'intelligence artificielle et l'autre est climatologue et spécialiste du Groenland.

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Katabata

Ensemble, les deux académiques ont émis l'hypothèse, modèle à l'appui, que le Groenland disposerait d'un important potentiel en termes d'installation de capacités de production renouvelable d'électricité – des éoliennes – en raison de la particularité des vents soufflant au sud de son territoire. Si elle est vérifiée, cette hypothèse pourrait avoir des implications titanesques dans la poursuite de la transition énergétique à l'échelle mondiale. Mais encore faut-il le prouver.

Dans cette illustration, quelque peu dramatisée, le "North About" et son équipage chevronné sont aux prises avec les vagues du grand Nord.
Dans cette illustration, quelque peu dramatisée, le "North About" et son équipage chevronné sont aux prises avec les vagues du grand Nord.

Baptisé Katabata, le projet mené par l'ULiège a donc pour objectif d'identifier les profils de vents présents au sud du Groenland et de comparer ces observations au modèle préalablement développé par Xavier Fettweis. D'après le professeur, si le Groenland présente de telles promesses pour le futur de l'énergie renouvelable, c'est parce que "le territoire, et plus particulièrement le sud, est le théâtre de vents 'catabatiques' – d'où le nom du projet – qui, en s'additionnant aux vents dominants (synoptiques), soufflent en moyenne à 60 km/h avec des rafales atteignant les 180 km/h. Les vents 'catabatiques' sont typiques des régions polaires. Ils résultent de la formation d'air froid, et donc plus dense, au sommet de la calotte glaciaire. Cet air plus lourd s'écoule ensuite le long de la calotte dans un processus quasi permanent", explique-t-il.

Trois stations météo

"Une fois installées, et pour trois ans, les stations météo seront complètement autonomes et pilotées à distance."

Michaël Fonder
Chercheur de l'ULiège

Pour confirmer – ou infirmer – cette hypothèse, trois stations météo prendront également la direction du Groenland, par avion cette fois. Leur installation sur les trois sites présélectionnés par les professeurs sera prise en charge par Michaël Fonder, le chercheur à bord de l'expédition Unu Mondo. "Une fois les stations montées et installées, je serai chargé de vérifier que les données s'envoient bien vers le serveur dédié de l'université. Par la suite, et pour trois ans, les stations seront complètement autonomes et pilotées à distance. C'est une équipe locale qui se chargera du démontage", raconte le chercheur, tout en cachant mal son impatience de prendre le large.

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80.000
euros
Les trois stations météo fabriquées en Finlande auront coûté 80.000 euros à l'ULiège.

Le coût du projet? 80.000 euros pour les trois stations, construites en Finlande, et une poignée de plus pour l'expédition, le tout financé par l'ULiège. L'expédition Unu Mondo dispose également de financements propres.

E-fuels et Global grid

"L’idée du global grid est d’aller chercher de l’énergie renouvelable dans des zones très venteuses ou ensoleillées et de les acheminer via des lignes à très haute tension vers les régions consommatrices."

Damien Ernst
Professeur à l'ULiège

3 ans pour mesurer des vents, donc, et après? En réalité, le projet Katabata pourrait bien être la première pierre à l'édifice de la mise en place d'un réseau électrique mondial, un "global grid". C'est du moins ce qu'espère le professeur Damien Ernst. "L’idée est d’aller chercher de l’énergie renouvelable dans des zones très venteuses ou ensoleillées et de les acheminer via des lignes à très haute tension vers les régions consommatrices", indique le professeur. Tisser un gigantesque réseau de lignes à haute tension entre les différentes régions de la planète, voilà le rêve de Damien Ernst et, en termes de production éolienne, le Groenland fait figure de candidat idéal selon lui.

Mais ce n'est pas tout. Pour le professeur, l'une des pierres angulaires de la transition énergétique globale est la production de carburants vers, d'e-fuels. "Le Groenland serait également un endroit de rêve pour y produire à bas prix des e-fuels. À cet égard, je pense qu’on pourrait y faire du méthane synthétique bon marché fabriqué à partir d’électricité verte, d’hydrogène produit à partir d’une électrolyse de l’eau et de CO2 capturé dans l’atmosphère", se projette-t-il.

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