Édito | Elia n’est pas une entreprise comme les autres

Rédacteur en chef adjoint

Bernard Gustin prend les rênes opérationnelles d’Elia, le gestionnaire belge du réseau de transport d’électricité. Outre ses actionnaires, le nouveau capitaine devra aussi rassurer les Belges.

Alors que notre skipper belge Denis Van Weynbergh doit encore traverser le cap Horn dans la course du Vendée Globe, ce sont d’autres rugissants que devra affronter Bernard Gustin. Les dossiers qui s’accumulent sur la table de l’ancien patron de Brussels Airlines et de Lineas sont, en effet, prométhéens.

Liste non exhaustive: explosion des coûts de l’île énergétique, investissements à venir colossaux, augmentation de capital potentiellement très dilutive pour les actionnaires qui ont vu le cours de bourse s’effondrer ces derniers mois. Bref, il s’agira de naviguer au près serré pour traverser ce qui ressemble à du gros temps pour Elia.

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Bernard Gustin ne devra donc pas seulement rassurer ses actionnaires; il devra aussi convaincre les citoyens et les entreprises de ce pays.

Sauf qu’Elia n’est pas un navire comme les autres. C’est une boîte cotée sur la Bourse de Bruxelles, mais flanquée d’un actionnariat public majoritaire, dont font partie une panoplie d’acteurs à travers la structure de référence Publi-T.

Elia, c’est aussi la colonne vertébrale de l’approvisionnement en électricité du pays et de ses entreprises qui ont vu les coûts de transport doubler en ce début d’année. Une hausse amenée à se répéter lors des prochaines périodes tarifaires.

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Elia, c’est, enfin, l’acteur principal de notre transition énergétique dont, du succès ou de l’échec de sa stratégie, dépendra rien de moins que l’avenir économique de la Belgique.

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Bernard Gustin ne devra donc pas seulement rassurer ses actionnaires; il devra aussi convaincre les citoyens et les entreprises de ce pays.

La bonne nouvelle, c’est que Bernard Gustin n’ignore aucun de ces défis, lui qui était président d’Elia ces dernières années. Encore faut-il que maintenant qu’il tient lui-même le gouvernail, il dissipe la brume entourant son navire.

Rassurer

Or l’ancien CEO du groupe, Chris Peeters, lui a laissé une sacrée bouteille à encre sur le bureau. Ces dernières années, l’homme qui soufflait à l’oreille du gouvernement donnait le rythme de notre transition en misant massivement sur le renouvelable, laissant flexibilité du réseau, gestion de la demande et autres importations de nos voisins faire le reste. Un package énergétique qui a exigé a minima près de 10 milliards d’euros à investir d’ici 2028, alors que les coûts explosent comme le montre le projet de l’île énergétique.

L’ancien homme fort d’Elia a également misé sur une expansion internationale. Notamment en Allemagne, où le gestionnaire 50Hertz absorbe à lui seul 20 autres milliards d’investissements. Ou aux États-Unis, dans l’éolien, à l’heure où Donald Trump tire à vue sur tout ce qui se nomme renouvelable. Chris Peeters a également laissé à son successeur une augmentation de capital de 4 à 4,5 milliards d’euros, soit à peu près l’équivalent… de la capitalisation boursière d’Elia aujourd’hui.

La bonne nouvelle, c’est que Bernard Gustin n’ignore aucun de ces défis, lui qui en était président. Encore faut-il que, maintenant qu’il tient lui-même le gouvernail, il dissipe la brume entourant son navire. Et rassure ceux qui lui apportent sa plus grande assise financière: les entreprises et les citoyens.

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