Levée de fonds record dans l'hydrogène vert, le duo de Mévius - de Wit aux manettes
Le fonds Planet First, piloté par les anciens de Verlinvest Frédéric de Mévius et Alexander de Wit, a participé à un tour de table de 109 millions d'euros pour la société allemande Sunfire, spécialisée dans le développement et la production d'électrolyseurs industriels.
Après les paroles, les actes. Alors que l'hydrogène vert prend de plus en plus de place dans les discussions autour de la décarbonation de l'économie mondiale et la transition énergétique et que les plans de relance aux quatre coins du monde souhaitent lui donner une place de choix, la naissance de l'industrie se fait de plus en plus imminente.
Ce lundi, c'est au tour de l'entreprise allemande Sunfire de faire parler d'elle et de résolument se hisser parmi les gros joueurs du secteur. Au terme d'un tour de table mené auprès d'un consortium d'investisseurs dirigé par Lightrock et Planet First Partners, et comprenant Carbon Direct Capital Management, HydrogenOne Capital ainsi que des actionnaires existants, la société basée à Dresden est parvenue à lever 109 millions d'euros, soit le plus gros investissement axé sur l'hydrogène vert jamais réalisé par une entreprise privée.
Échelle industrielle
Ce qui rend cette levée de fonds remarquable, c'est aussi parce qu'elle vise à accompagner une étape industrielle de l'activité de l'entreprise. Ici, il n'est plus question de recherche et développement, mais bien de fabrication et de commercialisation d'électrolyseurs industriels, et donc de croissance pour Sunfire.
"Ces nouveaux fonds nous permettront de porter à l'échelle industrielle nos technologies avancées d'électrolyse alcaline sous pression et d'oxyde solide, en construisant la première d'une série de giga-usines de production, créant une capacité d'électrolyse significative", expose Nils Aldag, le cofondateur et PDG de l'entreprise. Dans un premier temps, un nouveau site de production d'électrolyseurs industriels verra le jour en Allemagne, avec une capacité de production annuelle de 500 MW qui sera rapidement étendue à 1 GW, si l'on en croit l'entreprise qui ajoute que d'autres giga-usines suivront sur le continent.
Dans la foulée, pas moins de 250 personnes seront engagées par la firme fondée en 2010 par Nils Aldag, Christian von Olshausen et Carl Berninghausen. "Sunfire veut devenir le premier fournisseur européen d'électrolyse industrielle pour l'industrie de l'énergie, de l'acier, de la chimie et des transports", annonce Nils Aldag. Rien que ça.
Utilisé depuis longtemps dans l'industrie chimique (ammoniac et méthanol) et le raffinage de produits pétroliers, l'hydrogène connait aujourd'hui un nouvel essor parce qu'il peut être fabriqué à partir d'électricité renouvelable. Il peut être en effet produit par électrolyse de l'eau, en utilisant de l'électricité à la base du processus, et reposer sur des sources de production renouvelables, donc décarbonées. Ceci en fait au passage une solution de stockage de l'électricité excédentaire produite lorsque les unités tournent à plein régime et rend possible la reconversion de l'hydrogène produit en courant via la pile à combustible. Ici, on ne parle plus d'hydrogène gris ou bleu (fabriqué à partir de combustibles fossiles), mais bien d'hydrogène vert.
Aujourd'hui, la course à la décarbonation de l'économie donne la part belle à cette version et tend à en multiplier les applications. Gaz très réactif, il peut intervenir dans la production de nombreux matériaux, notamment dans l'industrie du verre, pour la fabrication de composants électroniques ou encore dans la métallurgie. Mais l'hydrogène pourrait aussi avoir un rôle à jouer dans les transports, en alimentant des piles à combustible produisant de l'électricité et alimentant trains, avions et autres véhicules sans autre émission que de la vapeur d'eau. Enfin, l'hydrogène peut-être combiné au gaz naturel ou au CO2 pour fabriquer des carburants alternatifs ou recréer du méthane (moins carboné si l'hydrogène est vert, donc.)
Empreinte belge
En Belgique, l'impact de cette levée de fonds n'est pas encore clair. Mais il apparaît évident que l'entreprise allemande entend bien se frotter au leader de l'hydrogène (vert) noir-jaune-rouge, le liégeois John Cockerill, afin de proposer ses solutions aux grands groupes industriels du pays.
Toutefois, le tour de table possède un ADN belge, du fait de l'implication de deux anciens de Verlinvest, le véhicule d'investissement de la famille Spoelberch, dans l'opération. En l'espèce, le fonds Planet First, fondé par Frédéric de Mévius et Alexander de Wit, a mené la danse, en compagnie du fonds Lightrock. Le montant investi n'a pas été révélé mais le Planet First a pour stratégie habituelle de placer des tickets situés entre 10 et 30 millions d'euros par entreprise, avec un maximum de 50 millions.
Fondé en avril 2021 avec 170 millions comme mise de départ, le fonds basé à Londres cible des sociétés européennes "qui œuvrent pour le bien-être et celui de la planète", en phase de croissance et ayant déjà fait leurs preuves. Parmi les actionnaires de Planet First, beaucoup de belges également, principalement issus de la galaxie Inbev, par l'intermédiaire de la société Adrien Invest (regroupe les familles de Pret, Cornet de Ways-Ruart, de Spoelberch et de Mévius).
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