La start-up liégeoise Cytomine a mis fin à ses activités
Cytomine, la start-up liégeoise spécialisée dans le partage de grandes images biomédicales, a annoncé l'arrêt de ses activités, faute d'avoir pu trouver de nouveaux moyens financiers.
Encore une société de technologie médicale qui est contrainte de mettre la clé sous le paillasson: la start-up liégeoise Cytomine, spécialisée dans le partage et l'analyse de grandes images biomédicales, a annoncé qu'elle avait cessé ses activités fin juillet.
Spin-off de l'ULiège, la petite entreprise explique cette issue malheureuse par l'impossibilité de trouver les fonds suffisants pour continuer son développement, un mal qui a déjà frappé plusieurs sociétés biopharmaceutiques et de technologie médicale en Wallonie ces derniers mois. "L'augmentation de capital projetée auprès de nouveaux investisseurs n'a pas abouti et, faute de moyens financiers, le conseil d'administration n'a eu d'autre choix que d'arrêter les activités de démarrage", a fait valoir Cytomine dans un communiqué publié sur son site.
Cytomine Corporation avait développé un dispositif permettant le partage d’images biomédicales et l’implémentation d’algorithmes d’analyse d’images. Une sorte de microscope virtuel dont les fonctions essentielles restent en open access. Les images biomédicales sont des échantillons biologiques in vitro — cellules, tissus, organes, etc — numérisés obtenus notamment à partir d'une biopsie.
Plusieurs universités de référence en Belgique, en France et en Suisse avaient adopté la plateforme de Cytomine.
Une plateforme adoptée par plusieurs universités
Utilisé pour enseigner l'histologie et la pathologie à l'université, ce dispositif pouvait également être employé dans la recherche biomédicale et l'aide au diagnostic à l'hôpital pour la détection et la quantification de tumeurs, le comptage de cellules, la classification d'objets, ou encore la détection de points de repère.
Le logiciel de Cytomine fournissait un accès très rapide aux images en haute définition, permettant aux utilisateurs d'annoter les régions d'intérêt et d'y ajouter des informations sémantiques. Les utilisateurs avaient également la possibilité d'entraîner et d'exécuter des algorithmes d'intelligence artificielle pour l'analyse semi-automatisée d'images.
Plusieurs universités de référence en Belgique, en France et en Suisse avaient adopté la plateforme, qui permet le partage de la même image en distanciel et évite l'utilisation de dizaines de microscopes et de prélèvements différents.
"Cytomine Corporation ne cherchera pas à développer ni à maintenir les éditions Cytomine Community et Enterprise ni à contribuer davantage à l'open source, son ADN intrinsèque et durable", a encore précisé la société, qui a ajouté qu'elle "ne maintiendra ni ne surveillera aucune des plateformes Cytomine fonctionnant sur ses serveurs comme celles déployées côté client". À noter cependant que les projets libres et open-source qui ont donné lieu à la création de la spin-off continuent à exister grâce à une communauté mondiale d'utilisateurs et de développeurs.
Avec Cytomine, c'est une nouvelle société wallonne de technologie médicale qui disparaît, à la suite de Miracor Medical, Osimis, Graftys et HeartKinetics.
Une coopérative à la base
Créée initialement en tant que coopérative, Cytomine avait été soutenue par l'incubateur WSL. Elle avait levé un million d'euros en 2022 auprès de ses investisseurs historiques, qui regroupaient Gesval, la société de transfert de technologie et d'investissement de l'Université de Liège, Cycat Invest, un groupe d'investisseurs indépendants, Wallonie Entreprendre et l'invest liégeois Noshaq.
Avec Cytomine, c'est une nouvelle société wallonne de technologie médicale qui disparaît, à la suite de Miracor Medical, Osimis, Graftys et HeartKinetics. Plusieurs d'entre elles ont été confrontées à la même difficulté de trouver de nouveaux fonds, les investisseurs en capital-risque se montrant extrêmement frileux depuis la crise du covid.
La situation est également difficile dans le secteur de la biotechnologie, où la liste des fleurons potentiels ou reconnus qui ont fait la culbute n'a cessé de s'allonger: Imcyse, Mithra, Cellaïon, Celyad, Bone Therapeutics, ChromaCure... Dans ce domaine, de mauvais résultats cliniques ou des erreurs de gestion expliquent également l'issue fatale.
Les plus lus
- 1 Pourquoi les entreprises revoient-elles les règles du télétravail?
- 2 Wallonie: le gouvernement veut des managers privés dans les hautes sphères publiques
- 3 Formation du gouvernement fédéral: un départ précipité de Georges-Louis Bouchez alimente les spéculations
- 4 L'Espagne va augmenter les impôts sur les locations de vacances et les maisons des étrangers
- 5 Finances publiques belges: où est vraiment le danger?