Trasis investit 70 millions d'euros dans un deuxième site liégeois
La société spécialisée dans la radiochimie et la médecine nucléaire va se doter d'un deuxième site. Un investissement de 70 millions d'euros, qui va déboucher sur la création de 350 emplois supplémentaires.
Trasis poursuit son expansion: un an après avoir inauguré un nouveau bâtiment de 5.000 m², la société liégeoise spécialisée dans la fourniture d'équipements et d'ingrédients nécessaires à la production de produits radiopharmaceutiques a dévoilé un plan d'investissement de 70 millions pour la construction d'un deuxième site sur les hauteurs de Liège.
Situé à un kilomètre du siège principal à Ans, le futur bâtiment abritera de nouvelles unités de production destinées à faire face à l'augmentation attendue de la demande mondiale d'équipements pour le diagnostic et le traitement de cancers et de maladies neurodégénératives grâce à la médecine nucléaire.
L’aménagement, qui sera financé par emprunts bancaires, sera réalisé en deux phases: 40 millions d’ici à 2027 et 30 millions les trois années suivantes. "Il revalorisera une ancienne friche industrielle de six hectares, acquise à proximité de la gare d’Ans il y a quelques années, où on fabriquait par le passé des lampes de mineurs" a expliqué Gauthier Philippart, le CEO de Trasis. Des équipements destinés à la médecine nucléaire qui remplacent de l'outillage utilisé dans l'industrie du charbon. Tout un symbole.
La première phase comprendra la construction de nouveaux bâtiments qui occuperont environ 8.000 m² au sol. Ceux-ci devraient permettre la création de 350 emplois supplémentaires, principalement manufacturiers. Le futur site produira, en effet, des consommables utilisés en complément des équipements fabriqués par la société. "Nous fonctionnons sur le modèle de l'imprimante ou de Nespresso", poursuit Gauthier Philippart. "Ces consommables sont des éléments – tubulures, produits chimiques, matières premières – qui sont chargés sur les appareillages utilisés par nos clients afin de fabriquer des lots de médicaments".
"Nous fonctionnons sur le modèle de l'imprimante ou de Nespresso."
Plus de vingt ans après sa création par Jean-Luc Morelle et Gauthier Philippart, l'entreprise wallonne s'est hissée parmi les leaders mondiaux en médecine nucléaire. Elle est aussi devenue un des poids lourds liégeois du secteur des sciences de la vie, avec 380 personnes, essentiellement sur son site liégeois et pour le reste dans ses filiales en Amérique (Atlanta) et en France. Un chiffre qui devrait donc doubler d'ici moins de cinq ans. La pépite grandit également par croissance externe, avec l'acquisition d'une société française, Eras Labo, et un co-investissement direct dans une start-up belge, Abscint.
Nouvelles perspectives
Les clients de Trasis sont les unités de médecine nucléaire des hôpitaux, les centres de recherche et les sociétés radiopharmaceutiques. Ses solutions ont contribué au traitement de quatre millions de patients dans le monde en 2024. "Nous aidons nos clients à assurer une chaine complète d’approvisionnement et de compétences depuis la formulation des substances actives jusqu’à l’administration de ces médicaments aux patients", précise de son côté Jean-Luc Morelle, qui est CTO (chief technical officer) de l'entreprise. Si ses activités restent majoritairement concentrées sur le diagnostic, le nouveau créneau que constitue la théranostique –qui consiste à utiliser un même agent pharmaceutique doté de propriétés à la fois diagnostiques et thérapeutiques – lui ouvre de nouvelles perspectives.
Un des vecteurs de croissance de l'entreprise dans les prochaines années sera le contrôle qualité, une des étapes obligées en médecine nucléaire puisque les produits radiopharmaceutiques ont la particularité d’être fabriqués en petits lots et doivent être utilisés très rapidement. Trasis a entamé la commercialisation d'un nouveau système présenté comme révolutionnaire (QC1) dans le sens où un seul appareillage est appelé à remplacer plusieurs machines en réalisant jusqu'à 14 analyses en parallèle. "Ce nouveau dispositif est considéré comme le futur blockbuster pour Trasis. Grâce à cet outil, la production des médicaments radiopharmaceutiques est plus rapide, plus sûre et moins chère. C'est encore en test et nous avons déjà des clients qui nous annoncent des commandes pour 30 à 40 machines", s'est réjoui Gauthier Philippart.
Chiffre d'affaires record
L'année 2024 s'est bouclée sur un chiffre d'affaires record de 72 millions d'euros et un résultat opérationnel de 17%. Orienté à l'export à 98%, Trasis fournit ses produits dans plus de 60 pays, les États-Unis étant le premier marché, avec un peu plus de 40% des ventes. Les co-fondateurs sont actionnaires à plus de 95%. Ils n'envisagent pas d'ouverture du capital ou d'introduction en bourse.
Interrogé sur les perspectives aux États-Unis suite aux menaces récurrentes de droits de douane de l'administration Trump, le CEO indique être prêt à "s'adapter aux évolutions géopolitiques". Sur le marché américain, Trasis occupe une position très dominante qui empêcherait ses clients de se tourner vers d'autres fournisseurs.
- Le groupe Trasis, leader mondial dans le domaine de la radiochimie et de la médecine nucléaire, va investir 70 millions d'euros sur un nouveau site à Ans.
- L'entreprise a par ailleurs développé un nouveau système de contrôle qualité présenté comme révolutionnaire car capable de réaliser jusqu'à quatorze analyses en parallèle.
- L'année 2024 s'est bouclée sur un chiffre d'affaires record de 72 millions d'euros. Le nombre d'employés devrait s'élever à plus de 700 dans quelques années.
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