Publicité
interview

Hans De Cuyper: "AG Insurance n'a pas de plan de restructuration"

©Kristof Vadino

Après Axa et P&V, quel sera le prochain assureur à couper dans les effectifs pour réduire ses coûts? Pas AG Insurance, selon son CEO Hans De Cuyper. La digitalisation va-t-elle amener le premier assureur du pays à se passer des courtiers? "Absolument pas", rétorque-t-on. "Nous voulons faire la digitalisation, non pas contre mais avec les courtiers."

Quel sera le prochain assureur à déclencher un plan de restructuration? Il y a quinze jours, Axa a été le premier à annoncer la suppression de 650 emplois sur deux ans, sur 4.200 au total. Une semaine plus tard, P&V faisait savoir qu’il allait réduire les effectifs de 300 places d’ici 2020, sur un peu plus de 1.700. Dans le secteur, personne ne doute que d’autres compagnies emboîteront le pas. Le contexte est le même partout: la digitalisation s’accélère et comprime les étapes administratives du métier, quand les taux d’intérêt de référence compriment les revenus et les marges.

D’où viendra le prochain coup? Dans ces cas-là, les regards se tournent vers le leader du marché, AG Insurance. La firme revendique une part de marché de 21,4% à fin 2015 (28% en vie, 16% en non-vie).

Publicité

"AG Insurance n’a pas l’intention de se retirer des produits de branches 21 et 23."

Hans de Cuyper CEO d’AG Insurance

"Nous sommes très stricts sur la gestion et le contrôle des frais mais c’est une politique continue chez nous, nous répond le CEO Hans De Cuyper. C’est pourquoi nous n’avons pas de plan de restructuration." La maison ne prévoit pas non plus de recourir aux prépensions, ni à la modération salariale.

Vendredi, AG Insurance a tenu à rassurer en ce sens ses employés, par le biais d’une communication interne où la maison dit vouloir maintenir le cap actuel.

CONSEIL

Osez voir grand pour votre business.

Inscrivez-vous maintenant à la newsletter Yaka!

Envoi hebdomadaire par e-mail - Désinscription en un seul clic

Le contraire aurait été malvenu, alors que Hans De Cuyper s’apprête à prendre la présidence d’Assuralia, l’assemblée générale de la fédération étant appelée à voter sur son nom le 19 octobre prochain (L’Echo, 17/9). Mais, chaque chose en son temps, il s’exprime ici "au nom d’AG Insurance et pas du secteur", insiste-t-il. Le précédent président d’Assuralia, Frank Koster, avait été élu en début d’année mais il n’est plus le CEO d’Axa Belgium, le groupe français n’en voulant plus à la tête de sa filiale belge.

Publicité
©Kristof Vadino

Hans De Cuyper ajoute qu’"AG Insurance n’a pas l’intention de se retirer des produits de branches 21 et 23". Allusion à l’annonce faite récemment par Axa qui, outre les réductions d’emplois, a aussi annoncé son intention d’arrêter, l’an prochain, la production de produits de placement individuels, ceux de branches 21 et 23 (les premiers sont avec garantie, les seconds pas).

Publicité

Il faut dire que l’assureur fait le plein ces derniers temps sur ce terrain, en tout cas du côté des produits avec garantie: les primes encaissées ont progressé de 27% au premier semestre, à 2 milliards d’euros, peut-on lire dans chiffres publiés par le groupe qui contrôle l’enseigne à 75%, Ageas.

Depuis lors, l’assureur a ramené le rendement garanti à 0,5%, mais "le gros de la production reste là, situe Hans De Cuyper. Les Belges hésitent encore à investir dans des produits plus risqués. Ajoutez la déductibilité fiscale et la perspective d’une participation bénéficiaire: tout cela fait que la branche 21 a encore une valeur ajoutée aujourd’hui par rapport aux autres propositions d’épargne." Ce, malgré les frais (jusqu’à 3 ou 3,5% à l’entrée selon le produit) et la taxe de 2% qui frappe chaque versement.

"Notre choix reste le courtage"

Au-delà des effectifs salariés, la digitalisation va-t-elle amener la compagnie à se passer demain (ou après-demain) des courtiers? "Absolument pas, notre choix est et reste le courtage, assure Edwin Klaps, directeur du canal courtage et non-vie. Nous voulons faire la digitalisation, non pas contre mais avec les courtiers. Jusqu’à présent, on a digitalisé la chaîne entre le courtier et la compagnie. Aujourd’hui, nous digitalisons le lien entre le courtier et le client, d’abord le particulier ensuite l’entreprise."

AG Insurance emploie 4.422 personnes, soit 3% de plus qu’il y a cinq ans. L’enseigne écoule ses produits au travers de quelque 2.000 courtiers actifs et du réseau bancaire de BNP Paribas Fortis. La compagnie est en effet détenue à 75% par Ageas et à 25% par BNP Paribas Fortis, depuis le rachat en 2009 de la branche bancaire de l’ex-groupe Fortis par le groupe français.

2016 | inondations et attentats pèsent lourd

Pour AG Insurance comme pour tout le secteur de l’assurance-dommages (incendie, auto…), l’année 2016 peut déjà être qualifiée de difficile.

Deux facteurs cumulent leurs effets. les inondations et tempêtes de mai, juin et juillet génèrent une charge de sinistres élevée, estimée à ce stade à plus de 100 millions d’euros pour AG Insurance, dont quelque 50% sont réassurés. Autant dire que le budget intempéries de l’année est déjà mangé.

C’est la pire année, après 2014 et la tempête de grêle de la Pentecôte (qui avait coûté plus de 140 millions d’euros à l’assureur).

AG Insurance estime entre 300 et 400 millions d’euros le coût des intempéries pour l’ensemble du secteur des assurances en Belgique.

À cela s’ajoute l’impact des attentats du 22 mars. Ceux-ci ont amené à activer le "Trip" (pour "Terrorism Reinsurance and Insurance Pool"): un mécanisme qui mutualise entre assureurs les charges liées au terrorisme, chacun intervenant en fonction de sa part de marché dans les branches concernées par le risque terroriste (assurances-vie, accidents du travail, incendie, etc., près de 20% pour AG).

Les dernières estimations de Trip situent actuellement à 164 millions d’euros le coût des attentats à charge de ses membres. Soit un peu plus de 31 millions d’euros pour AG Insurance.

À ce stade, la compagnie compte un peu plus large et table sur un coût avant réassurance de 39 millions d’euros.

Publicité
Une chaîne de production d'articles sportifs destinés à l'exportation, dans la zone de développement économique de Sihong à Suqian (province du Jiangsu, Chine, en mars 2025).
La mondialisation est-elle morte?
Les tarifs douaniers dégainés par Donald Trump ont fait l'effet d'un coup de tonnerre. De quoi mettre KO debout le commerce international et son gardien, l'OMC? Est-ce la fin d'une ère, celle de la mondialisation? Et que nous a-t-elle apporté?
Messages sponsorisés