Home Clean Services s'érige en nouveau n°1 wallon des titres-services

Le paysage wallon du secteur des titres-services a désormais un nouveau leader par le nombre d'emplois. Le groupe Home Clean Services a en effet racheté son concurrent Azaé, ce qui le fera quasiment doubler de taille. Le nouvel ensemble comptera 3.327 aides ménagers/ménagères et 70 employés, pour un chiffre d'affaires de plus de 60 millions d'euros. De quoi générer des économies d'échelle et augmenter ainsi sa marge, qui comme dans la plupart des sociétés du secteur a été sérieusement rabotée ces dernières années.

Si elles se ressemblent par les chiffres, les deux entreprises diffèrent sensiblement par l'histoire et la structure. Home Clean Services a été fondée à Namur en 2004 par Nathalie et Juan Garcia et a crû notamment par acquisitions. L'entreprise a repris plus de 15 petites sociétés du secteur en intégrant à chaque fois leurs travailleurs dans sa structure. Elle s'est développée le long de l'axe formé par l'autoroute E411, de Wavre à Arlon.

De son côté, Azaé est née à Sprimont en 2007 sous le nom Ménagez-Moi et s'est développée le long d'un autre axe routier, l'E42 (de Mons à Eupen). Cette entreprise à capitaux wallons a changé de contrôle voici cinq ans. La société française de services à la personne Azaé (groupe A2Micile) a pris 60% du capital, suite à quoi Ménagez-Moi a changé de nom pour s'appeler Azaé Belgium.

Unifier les méthodes de travail

Home Clean Services a racheté l'entièreté de son capital pour un montant non dévoilé, s'est engagée à rétrocéder le nom Azaé aux Français d'ici août 2025, et a annoncé qu'il n'y aurait aucune perte d'emploi.

"Mon premier objectif aujourd'hui est de stabiliser cette reprise, souligne Nathalie Garcia, la CEO de Home Clean Services. Durant les trois à six prochains mois, nous allons analyser nos procédés et nos façons de travailler, puis déterminer un mode de fonctionnement commun. À l'issue de ce cheminement parcouru ensemble, nous fusionnerons administrativement les deux sociétés. Le but est que tout cela se passe en douceur."

Les deux sociétés apparaissent très complémentaires sur le plan géographique. En combinant leurs implantations le long des deux axes autoroutiers précités, elles couvriront l'ensemble de la Wallonie. Home Clean Services compte par ailleurs quelques aides-ménagères actives en Région bruxelloise, tandis qu'Azaé dispose d'un bureau à Humbeek, en Flandre. Des projets d'extension vers ces deux Régions? "Peut-être, mais pour l'instant, nous nous concentrons sur l'intégration des deux entreprises", répond la CEO.

Reconstituer des marges

L'objectif recherché derrière le "deal" est aussi de mieux armer Home Clean Services face aux nombreuses contraintes frappant le secteur des sociétés de nettoyage et repassage.

"Le secteur souffre d'un manque de rentabilité. On nous a imposé beaucoup de nouvelles obligations ces dernières années, qui n'ont pas été compensées par une augmentation de la valeur de remboursement du titre-service", explique Nathalie Garcia.

Le client paie actuellement 10 euros le titre (10,20 euros l'an prochain), avec une déductibilité fiscale de 10% à la clé, et la Région y ajoute 19,36 euros, de sorte que la société de titres-services reçoit 29,36 euros par titre et par heure prestée. Ce montant sert à payer le collaborateur et ses charges, "à l'issue de quoi il nous reste quelque 30 cents par titre-service pour faire tourner la boutique", selon la dirigeante.

Des frais sur le repassage

Les centrales de repassage sont les plus atteintes par les récentes hausses des coûts. Logique, puisqu'elles doivent payer leur énergie, leurs équipements, les diverses taxes sur les implantations, etc. Home Clean Services fait tourner 19 centrales, Azaé, trois. Beaucoup de concurrents en ont réduit le nombre. Nathalie Garcia: "Le coût d'une heure de travail en repassage est supérieur au montant alloué par la Région. Percevoir des frais complémentaires permettrait de réduire la perte. À mes yeux, c'est une sorte de budget marketing, une vitrine de nos activités et de nos valeurs en tant qu'entreprise familiale de proximité."

Raison pour laquelle l'entreprise est allée contester devant le Conseil d'État l'interdiction des frais décrétée par la Région wallonne. Elle a gagné son recours. En conséquence, elle demandera 1,80 euro/titre de frais complémentaires dès janvier prochain, mais uniquement pour ses services de repassage.

Avec cette acquisition, Nathalie Garcia compte dégager une série de synergies, notamment du côté des fournisseurs, pour réaliser davantage de marge. Elle espère faire remonter celle-ci de 30 à 50 ou 60 cents par titre-service. "Cela nous permettra d'améliorer les conditions de travail de nos collaborateurs", dit-elle. Et, partant, d'abaisser aussi le taux de rotation du personnel, qui est aujourd'hui fort élevé, de l'ordre de 6 à 8% par an.