Publicité

Quand Google tente de faire pression sur l’UE et fait "disparaître" les médias

Ce jeudi 14 novembre, Google lancera un test en Europe visant à mesurer l'impact de ses produits sur le trafic des éditeurs de presse. ©REUTERS

Google lance un test pour déterminer la valeur réelle des médias et l'impact de ses produits sur ces derniers en les faisant disparaitre des résultats de recherche.

Le géant américain Google lance un test surprenant en Europe: occulter les articles d’actualité des éditeurs de presse basés dans l’Union européenne de ses produits. Objectif: déterminer l’impact des produits du géant américain sur le trafic des éditeurs de presse.

Lancé ce jeudi 14 novembre, ce test sera temporaire et ne concernera que 1% des utilisateurs de neuf pays européens, dont la Belgique et la France. Concrètement, cette expérience se traduira par l’absence pure et simple de contenu d’actualité dans les résultats de recherche du géant américain, sur Google News et Google Discover pour les utilisateurs concernés.

Publicité

"Chaque mois, les internautes cliquent depuis Google Search et Google News vers les sites des éditeurs plus de 24 milliards de fois à travers le monde."

Google

Un avertissement pour l’Europe

Sur son blog, la firme de Mountain View explique que cette expérience vise à répondre aux demandes des régulateurs et des éditeurs de données supplémentaires quant à l’impact des contenus d’actualité dans la recherche. Il est cependant difficile de ne pas voir dans sa démarche une mise en garde adressée aux éditeurs de presse et régulateurs européens. En effet, ce test ne concerne que les contenus d’actualité européens.  

"Google dirige les internautes vers les sites des éditeurs. Chaque mois, les internautes cliquent depuis Google Search et Google News vers les sites des éditeurs plus de 24 milliards de fois à travers le monde", n'oublie pas de souligner le géant américain. "Une étude de PWC montre que la 'valeur moyenne d’un clic' pour un éditeur d'actualité sur les marchés 'matures', comme celui de l'Europe, est comprise entre 0,07 et 0,09 euro par clic", ajoute Google. Les sous-entendus sont plutôt évidents.

Pendant des années, le géant américain s'est battu pour ne pas rémunérer les éditeurs pour leur contenu. Mais, suite à l'adoption de la directive européenne sur le droit d'auteur, Google a finalement cédé et a passé des accords avec des organes de presse pour l'utilisation de leurs contenus contre rémunération.

Publicité
Publicité

Les conséquences pourraient s’avérer dramatiques pour les médias européens dont une part importante de leur trafic provient de Google.

Un signe avant-coureur?

Cette expérience pourrait en réalité être le signe avant-coureur d'un changement de stratégie de Google concernant le référencement de contenus d’actualité. Les chiffres concrets pourraient, en effet, le pousser à tout simplement s’en passer, faute d'un impact important, à l’image de Facebook. Il y a quelques années, le réseau social a supprimé son onglet Actualités, après avoir comparé l’intérêt des utilisateurs aux frais qu’il devrait payer aux éditeurs pour utiliser leurs contenus.

Si le géant américain venait à suivre l'exemple de Facebook, les conséquences pourraient s’avérer dramatiques pour les médias européens dont une part importante de leur trafic provient des produits du géant américain.

Google Belgique a tout de même voulu apporter des précisions sur ce test, assurant qu'il s'agissait "d'une réponse" aux demandes d'information supplémentaires des éditeurs de presse et qu'il ne "ne marque pas un changement dans notre stratégie avec les éditeurs de presse". "Nous apprécions nos partenariats et restons déterminés à soutenir le journalisme en Europe", a poursuivi l'entreprise, ajoutant que les paiements dans les contrats resteraient inchangés durant toute la durée de l'expérience.

Une astreinte de 900.000 euros par jour en France

L’annonce du projet, la veille de son lancement, n’a pas manqué de faire réagir, notamment en France, où le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM) a saisi le tribunal de commerce de Paris pour demander l'interdiction de cette expérimentation.

Le tribunal a ordonné à Google de ne pas procéder au test de retirer de ses résultats de recherche les contenus d’actualité des éditeurs européens chez 1% de ses utilisateurs du vieux continent, sous peine d’une astreinte de 900.000 euros par jour. De quoi faire reculer le géant américain, du moins pour la France, car pour les huit autres pays – dont la Belgique –, le test est maintenu.

Publicité
Messages sponsorisés