Avec le libra, Facebook veut révolutionner la monnaie
Facebook annonce officiellement le lancement de sa monnaie virtuelle pour 2020. Les achats instantanés en ligne et les transactions entre utilisateurs du réseau social le plus populaire au monde seront rendus possibles par "Calibra", un portefeuille numérique intégré à WhatsApp et Messenger.
Dans un "livre blanc" d'une dizaine de pages, Facebook présente ce mardi le libra, sa cryptomonnaie en marge du système bancaire traditionnel.
Selon les communiqués officiels, la monnaie virtuelle globale aura pour principale cible les quelque 1,7 milliard ne disposant pas de compte bancaire. Avec libra, Facebook dit vouloir faciliter "l'inclusion financière" tout en permettant à tous ses utilisateurs de faciliter leurs transactions quotidiennes.
Les utilisateurs des réseaux des applications de messagerie WhatsApp et Messenger s'y verront adjoindre un portefeuille numérique, dénommé "Calibra", rendant possibles les achats en ligne et les transactions instantanées entre utilisateurs des plateformes de l'entreprise.
→ Le libra est régi par trois principes:
• la sécurité des transactions financières, assurée par une "chaîne de blocs" mesurable, fiable et au code libre de droit ("open-source");
• la valeur de sa monnaie, garantie par une "réserve d'actifs tangibles stables";
• l'indépendance par rapport au système bancaire, par le biais de la "Libra Association".
→ A Lire: EDITO | Des victimes consentantes
La Libra Association
Vendredi dernier, le Wall Street Journal révélait la formation d'un consortium inédit autour du projet de monnaie virtuelle de Facebook. Une trentaine de géants de la tech et d'entreprises spécialisées dans le paiement (en ligne) auraient en effet consenti à investir autour de 10 millions de dollars chacune dans l'objectif de réunir les fonds nécessaires à la création et au lancement du libra et d'intégrer la "Libra Association".
C'est aujourd'hui chose faite puisque Facebook a dévoilé par l'intermédiaire du site libra.org, la constitution d'une organisation à but non lucratif destinée à encadrer le réseau de la monnaie. Parmi ses 28 membres payants, la "Libra Association" compte les géants du paiement Mastercard, PayPal ou Visa, des acteurs majeurs de la tech tels que Booking.com, Spotify, Uber, Lyft ou Ebay, mais aussi des télécoms comme Iliad, la société de l'investisseur français et propriétaire de Free Xavier Niel, ou Vodafone.
Matérialisé par la constitution, le 2 mai dernier à Genève, de la société "Libra Network LLC", destinée, selon ses statuts à "la prestation de services dans les domaines de la finance et de la technologie", le consortium avait pour objectif premier de réunir suffisamment d'investisseurs d'ici le lancement de la monnaie. L'élément-clé de l'initiative réside cependant dans l'opportunité de créer une "chaîne de blocs" privée où chacun des membres du consortium prendrait à sa charge un "noeud" (un serveur) articulant le squelette de la chaîne et permettant d'enregistrer les transactions.
Une portée globale
Voué à être utilisé globalement et fort des 2,4 milliards d'utilisateurs mensuels des différentes plateformes possédées par l'entreprise (WhatsApp, Instagram, Messenger), le libra veut révolutionner les paiements en ligne et les transactions entre utilisateurs à travers le monde. Facebook répliquerait ainsi, la monnaie propre en plus, le modèle établi par le groupe chinois Tencent et son service de messagerie instantanée WeChat. Réunissant plus d'un milliard d'utilisateurs mensuels, le cousin éloigné de WhatsApp permet d'effectuer des paiements directement depuis l'application.
Une monnaie souveraine ?
Contrairement à la plupart de ses concurrents, la monnaie de la société de Mark Zuckerberg serait indexée sur le cours du dollar et d'un panier de devises dites "fiat" (Euro, Yen, Livre sterling), soit contrôlées et émises par les États et évoluant indépendamment des cours de l'or ou de l'argent. Ceci signifierait aussi que les fluctuations de l'offre et de la demande de libra n'influenceraient que très modérément son cours, limitant ainsi la volatilité de sa valeur tout en favorisant sa convertibilité en d'autres devises.
D'ailleurs, Facebook aurait ainsi la possibilité de se constituer des réserves de change en plusieurs devises "réelles". En achetant du libra, les utilisateurs de la monnaie virtuelle permettront en effet à Facebook d'accumuler du change, cochant ainsi une case déterminante à la considération de l'entreprise en tant que "banque centrale privée".
Les réactions des Etats et des banques centrales "réelles" seront intéressantes à suivre. Ce mardi matin, Bruno Lemaire, ministre français de l'Economie et des Finances, partageait son inquiétude au micro d'Europe 1, arguant que "[le Libra] ne peut pas et ne doit pas devenir une monnaie souveraine, avec tous les attributs d'une monnaie, c'est-à-dire la capacité à émettre un titre souverain et à servir de réserve."
Les montagnes russes sont de retour du côté du bitcoin. La plus célèbre monnaie virtuelle, presque aussi connue pour les possibilités qu’elle offre que pour son extrême volatilité, repart à la hausse depuis les annonces récentes de Facebook et son intérêt marqué pour la blockchain.
La technologie décentralisée est également utilisée par la plus célèbre monnaie virtuelle. Le bitcoin a ainsi atteint son plus haut niveau de l’année pour dépasser les 9.000 dollars. La hausse est ainsi marquée depuis une bonne semaine. Le 11 juin, le bitcoin ne s’échangeait qu’à "seulement" environ 7.800 dollars.
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