Les investisseurs de Tesla veulent voir Elon Musk se détourner de Twitter
Les résultats de son sondage sont éloquents: même les abonnés d'Elon Musk ne veulent plus de lui à la tête de Twitter. La bourse a également semblé trancher ce lundi.
Le rebond serait-il enfin en vue pour l'action Tesla? Dans les premiers échanges à Wall Street ce lundi, le titre gagnait environ 2%, après avoir progressé davantage en avant-bourse. Une bonne nouvelle pour les actionnaires, qui ont vu la capitalisation de l'entreprise fondre cette année. La semaine dernière, celle-ci est même passée sous la barre des 500 milliards de dollars pour la première fois en plus de deux ans, alors qu'elle affiche un recul de plus de 57% depuis janvier, contre 32% pour le Nasdaq .
Mais dimanche soir, un nouvel élément est venu s'ajouter à l'équation. Pas de nouveaux résultats trimestriels, de mise à jour sur les complications au niveau des livraisons ou encore de statistiques économiques réjouissantes venues de Chine, marché capital pour la marque. Non, rien de tout cela. La cause du rebond semble plutôt être liée à un mystérieux sondage lancé par Elon Musk sur le réseau social Twitter dont il est désormais propriétaire.
10 millions de voix favorables à une démission
Dans celui-ci, le milliardaire interroge ses abonnés pour savoir s'il devrait, oui ou non, se retirer en tant que dirigeant de Twitter. Réponse claire (57,5%) des abonnés: c'est le oui qui l'emporte chez la majorité des 17,5 millions de sondés. Sur les marchés, les investisseurs se sont dès lors rués sur l'action Tesla, semblant espérer que le focus d'Elon Musk se porte à nouveau sur la création de valeur au sein du fabricant de véhicules électriques.
Car c'est là que réside pour eux une partie du problème. Depuis que le milliardaire a pris la tête du réseau social, sa concentration semble être déviée bien plus sur cette activité-là que sur son poste de CEO de Tesla. Pendant des années, Elon Musk avait pourtant été le moteur de l'entreprise, notamment à l'origine de ses produits les plus prometteurs, comme la berline Model 3, voiture la plus abordable du groupe qui a contribué à étendre sa dominance sur le segment électrique.
Tesla dans un long tunnel depuis deux ans
Avec une demande qui semble désormais moins forte que prévu en Chine, la logistique au niveau des livraisons qui connait des difficultés et la concurrence qui se fait de plus en plus féroce sur le marché, l'objectif de 1,5 million de véhicules vendus en 2022 ne sera vraisemblablement pas atteint.
Une tuile de plus qui pousse les investisseurs à attendre davantage de garanties quant à la trajectoire future du constructeur. Un commentaire au sondage de ce lundi illustre bien la situation, un des utilisateurs du réseau expliquant que les gens "avaient déjà voté d'une autre façon", graphique à l'appui.
Les frasques d'Elon Musk sur Twitter, flirtant entre commentaires politiques et démagogie, ne les ont pas rassurés, tout comme les analystes financiers qui ont été nombreux à revoir leur copie pour les perspectives de l'entreprise. Si la plupart d'entre eux restent à l'achat avec un prix cible moyen 80% plus élevé que le cours actuel, ceux de Citi sont, par exemple, passés neutres sur le dossier.
Vont-ils à nouveau modifier leurs objectifs de cours maintenant que Musk pourrait se reconcentrer sur son poste? Rien n'est moins sûr, puisque égal à lui-même, le dirigeant de Twitter et de Tesla déclarait déjà quelques heures après le début du sondage que la question n'était pas de "trouver un CEO" mais plutôt de "trouver un CEO qui puisse garder Twitter en vie". Dans un autre post publié un peu plus tard, le son de cloche était encore différent, alors que le milliardaire affirmait que "personne ne veut du poste" et qu'"il n'y aurait pas de successeur". Le titre Tesla a réagi en bourse, lâchant finalement plus de 2% après la clôture des bourses européennes.
Alors que sa vision de la liberté d'expression "à géométrie variable" est loin de faire l'unanimité après le bannissement de nombreux journalistes du réseau social, il restera aux investisseurs d'observer si le milliardaire respecte, ou non, la voix du peuple. Et de constater si sa vision de la démocratie est, elle aussi, à géométrie variable.
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