La pression retombe pour l'action AB InBev après l'avis du médecin général des États-Unis

Les actions des brasseurs ont été sous pression en bourse ce lundi, après un avis émis vendredi par le "Surgeon General" des États-Unis, soit le plus haut responsable de la santé publique au sein du gouvernement fédéral américain. Vivek Murthy a déclaré que les boissons alcoolisées, comme la bière et le vin, devraient comporter des avertissements sur leurs liens avec le cancer, pointant du doigt le manque de sensibilisation du public, alors que l'alcool est la troisième cause évitable de cancer.

Bien que le médecin en chef des États-Unis ne dispose pas d'autorité légale ou exécutive, son rôle en tant qu'autorité morale et éducative sur les questions de santé est essentiel pour orienter les décisions et priorités nationales.

Par conséquent, AB InBev , qui avait clôturé en baisse de 2,8% vendredi, a peiné à se redresser ce lundi, tout comme Heineken . Leurs actions ont fait le yo-yo, avant de finalement clôturer dans le vert (+0,34% et +0,50% respectivement) au sein d'un marché européen revigoré par la perspective de tarifs douaniers plus limités qu'initialement prévu aux États-Unis.

En Asie, les actions des fabricants locaux de spiritueux et de bière avaient également accusé le coup plus tôt ce matin. Sapporo Holdings a chuté jusqu'à 5,1% à Tokyo, sa plus forte baisse en cinq mois. En Chine, Wuliangye Yibin a reculé de 3,7%, tandis que Budweiser Brewing Company a perdu 2,6% à Hong Kong, et Treasury Wine Estates 2,7% en Australie.

À Wall Street, des groupes comme le brasseur Molson Coors ou encore Constellation Brands se reprenaient en revanche à l'ouverture des échanges ce lundi, après avoir également bu la tasse vendredi.

Un poids potentiel pour le secteur

Les analystes de Degroof Petercam ont d'ailleurs émis des réserves quant à l’impact potentiel des avertissements sur les étiquettes des boissons alcoolisées, même s'ils le jugent négatif. "Il est incertain que le Dr Vivek Murthy reste à son poste sous la nouvelle administration Trump", ont-ils déclaré, tout en reconnaissant que les avertissements pourraient avoir un effet sur les volumes de ventes. Selon eux, il n'y a "aucune raison de modifier les estimations ou les évaluations des actions" des entreprises du secteur pour le moment.

Même son de cloche chez KBC Securities: "Il est prématuré d’estimer les chances d’un changement d’étiquette et l’impact potentiel d’un tel changement sur la consommation de boissons alcoolisées", estime Wim Hoste. Il continue d’apprécier AB InBev pour ses positions de leader sur le marché mondial de la bière, sa rentabilité intrinsèque élevée et ses perspectives de croissance à long terme sur les marchés émergents. "La réduction de la dette est en bonne voie et compte tenu de la valorisation attractive, nous maintenons notre recommandation d'achat et notre objectif de cours de 75 euros."

L'analyste Edward Mundy, de Jefferies, se montre plus pessimiste. "Le marché adoptera une approche de 'tirer d'abord, poser les questions ensuite'. Cela pourrait constituer un poids pour un secteur qui évolue déjà avec un multiple déprimé", a-t-il écrit.