Les initiés belges achètent des millions d'euros d'actions à bas prix

Les initiés font les soldes. Alors que le Bel 20 a rebondi de plus de 3% ce mardi, il reste en recul de plus de 20% par rapport à la fin de l'année dernière. De quoi rendre les cours attrayants, avec une baisse bien plus marquée pour de nombreuses actions au sein de l'indice. 85% du tableau des cours bruxellois s'échange actuellement en dessous de niveau de la fin décembre.

De nombreux membres des conseils d'administration ou actionnaires familiaux considèrent la récession comme une opportunité. Ces derniers jours, ils ont acheté des actions pour des millions d'euros, comme le montre la liste des transactions d'initiés de la FSMA, régulateur belge des marchés. Parallèlement, les transactions de vente étaient quasiment inexistantes. Selon une étude menée par JPMorgan, les actions où de nombreux achats d'initiés ont lieu obtiennent par la suite de meilleurs résultats que la moyenne.

Les prix rouges attirent Jef Colruyt

Les plus dépensiers sont le président de D'Ieteren , Nicolas D'Ieteren, et son épouse Emilie De Pauw. Ils ont utilisé 1,7 million d'euros pour acquérir 11.890 parts de la holding. Au début du mois, D'Ieteren a à nouveau relevé ses perspectives pour l'ensemble de l'année. Le cours de l'action en a profité pendant un court moment, mais s'est ensuite replié. Grâce au rebond de ce mardi, le couple totalise déjà plusieurs dizaines de milliers d'euros de bénéfices théoriques.

Du côté de la grande distribution, le CEO Jef Colruyt a acheté des actions de sa chaîne de supermarchés à titre personnel pour un peu moins d'un demi-million d'euros à 22,30 euros chacune. L'opération a eu lieu après que le cours de l'action a subi sa plus forte chute la semaine dernière suite à un avertissement sur résultats juste avant l'assemblée générale.

Mardi, le groupe Colruyt a également annoncé qu'il avait racheté ses propres actions pour près de 3,2 millions d'euros, la semaine dernière. Certains analystes doutent qu'il procède à d'autres rachats puisque sa position de trésorerie s'est transformée en dette depuis un certain temps.

Belles démarques dans le secteur immobilier

Au sein de la société immobilière réglementée (SIR) WDP , Tony De Pauw, co-CEO et actionnaire de référence, a acheté 5.000 actions supplémentaires du spécialiste des biens logistiques à un prix moyen de 23,76 euros, soit une dépense de 118.797 euros. Jurgen Ingels, administrateur, a lui acquis 25.000 actions pour 582.400 euros. Depuis le début de l'année, WDP a déjà perdu 40%, dans le sillage des autres valeurs du secteur.

Toujours dans l'immobilier, des opportunités ont été repérées chez Xior . La société de logements d'étudiants a perdu un tiers de sa valeur depuis l'annonce de son rachat de Basecamp en mai. Le CEO Christian Teunissen a depuis dépensé près de 50.000 euros en titres. La semaine précédente, le holding Aloxe, qu'il détient avec son collègue Frederik Snauwaert, a acheté pour 550.000 euros d'actions.

Chez Retail Estates , le président Paul Borghgraef a sorti 25.000 euros de son portefeuille pour augmenter sa participation dans le loueur de magasins. Même chose chez les sociétés immobilières Aedifica et Ascencio , où cadres et membres du conseil d'administration se sont pressés à l'achat.

L'obstacle des informations sensibles

Le CEO du fabricant de châssis en PVC Deceuninck , Francis Van Eeckhout, est un habitué des transactions d'initié. La semaine dernière, il a sorti 52.654 euros pour augmenter sa participation dans la société. Chez le transformateur de viande Ter Beke , le CEO Piet Sanders, et le directeur financier, Yves Regniers, sont depuis des semaines du côté des acheteurs, tout comme les CEO et président du conseil d'administration de Recticel , Olivier Chapelle et Johnny Thijs.

Souvent, les initiés ne peuvent pas effectuer de transactions parce qu'au courant d'informations qui peuvent affecter le prix de l'action. Lorsque celles-ci deviennent publiques, cette interdiction disparait. Par exemple, Nicolas Saverys a investi plus d'1 million d'euros dans Exmar en septembre après la vente de l'usine flottante de GNL, le Tango, au géant italien de l'énergie Eni. Liévin van Overstraeten, président de Home Invest a lui pris près d'un million d'euros de participation supplémentaire après l'inclusion de la SIR dans l'indice européen EPRA.

Les rares grosses transactions de vente ont eu lieu chez le distributeur de produits chimiques Azelis , où le directeur de la branche américaine Frank Bergonzi a vendu des actions pour près de 6 millions d'euros. Chez Atenor , plus de 5 millions d'euros d'actions ont été vendues par Sidney Bens, ancien directeur financier, après qu'il ait été mis à la porte du développeur immobilier où il était actif depuis plus de 25 ans.