L'OPEP+ resserre les vannes de pétrole pour soutenir les prix
Pour la seconde fois de l'année, le cartel pétrolier a décidé de réduire ses quotas de production. Quitte à raviver des tensions avec la Maison-Blanche.
Les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs dix alliés - parmi lesquels on retrouve notamment la Russie - ont voulu marquer le coup pour leur première réunion en présentiel depuis le début de la crise sanitaire. Ils ont décidé mercredi de réduire leurs quotas de production de deux millions de barils par jour (bpj), soit 2% de la demande mondiale, pour atteindre 41,9 millions de bpj en novembre. Il s'agit de la coupe la plus drastique en deux ans.
"L'OPEP veut des prix [du pétrole] autour de 90 dollars."
L'objectif du cartel pétrolier est d'inverser la tendance actuelle sur les prix du pétrole. Ceux-ci sont sous pression depuis plusieurs mois en raison des craintes sur l'économie mondiale et la demande en or noir. Le baril de Brent de la Mer du Nord est ainsi passé de plus de 120 dollars en juin à moins de 85 dollars fin septembre.
"L'OPEP veut des prix [du pétrole] autour de 90 dollars" le baril, a expliqué le ministre d'État nigérian chargé des ressources pétrolières, Timipre Sylva, après la réunion. De nombreux pays membres ont basé leur budget pour 2023 sur ce prix et "cela déstabiliserait certaines économies" si cela n'était pas le cas, a-t-il ajouté.
Un impact plus faible en réalité
Mais c'est loin d'être gagné. Les cours du brut ont hésité dans un premier temps après l'annonce de l'alliance, oscillant autour de leur point d'équilibre, avant de repartir en hausse plus franchement.
Les investisseurs se demandent quel sera le véritable impact de la décision de l'OPEP+, car de nombreux pays exportateurs ne parviennent pas à remplir les quotas fixés. Et ce, depuis plusieurs mois déjà. Selon les calculs de Bloomberg, basés sur les chiffres de production de septembre, seuls huit membres du cartel vont réellement être obligés de resserrer les vannes. Cela représente une réduction effective de 900.000 barils par jour.
De son côté, la banque américaine Goldman Sachs estime que les baisses réelles de production s'élèveraient entre 0,4 et 0,6 million de bpj, principalement en provenance des pays du Golfe tels que l'Arabie saoudite, l'Irak, les Émirats arabes unis et le Koweït.
Un nouveau revers pour les États-Unis
Une chose est sûre: l'annonce de l'OPEP+ constitue un nouveau revers pour le locataire de la Maison-Blanche, un mois avant les élections de mi-mandat. Le président américain Joe Biden - qui avait fait le déplacement en Arabie saoudite cet été pour tenter de convaincre le prince héritier Mohamed ben Salmane de continuer à produire massivement du pétrole dans le but de peser sur les prix à la pompe - s'est dit "déçu de la décision à courte vue" du cartel pétrolier.
"À l'heure où il est d'une importance cruciale de maintenir l'offre mondiale d'énergie, la décision [de l'OPEP+] pénalisera en premier lieu les pays à revenus faibles et moyens qui subissent déjà les effets de la hausse des prix de l'énergie."
"À l'heure où il est d'une importance cruciale de maintenir l'offre mondiale d'énergie, cette décision pénalisera en premier lieu les pays à revenus faibles et moyens qui subissent déjà les effets de la hausse des prix de l'énergie", a réagi l'exécutif américain dans un communiqué.
Alors que les États-Unis ont déjà libéré une partie de leurs réserves stratégiques de pétrole ces derniers mois, ils ont annoncé libérer 10 millions de barils supplémentaires en novembre "pour protéger les consommateurs américains et promouvoir la sécurité énergétique". L'administration Biden entend également consulter le Congrès sur les outils et mécanismes permettant de réduire le contrôle de l'Opep sur les prix de l'énergie.
Les membres de l'alliance ont pour leur part choisi de prolonger leur collaboration jusqu'à fin 2023. Désormais, ils se verront une fois tous les deux mois pour faire le point sur l'évolution du marché pétrolier. La prochaine réunion est prévue le 4 décembre 2022.
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