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L'or, une alternative au dollar ou à l'euro

Le prix de l’once d’or a dépassé 1.500 dollars sur le marché au comptant. Les investisseurs cherchent des placements refuge pour s’abriter contre l’inflation et contre la volatilité qui domine le marché des changes.

Un millier et demi de dollars: c’est ce seuil symbolique que l’once d’or a franchi pour la première fois mercredi matin sur le marché au comptant. Le prix de l’once d’or pour livraison immédiate a brièvement dépassé les 1.500 dollars. Ce plafond a été crevé plus franchement en cours de journée, le prix du métal précieux s’installant aux alentours de 1.505 dollars. La veille, en fin d’après-midi, le cours du métal jaune pour livraison en juin avait déjà effectué une petite incursion au-delà du "kilodollar et demi".

Si les achats de métaux précieux ont propulsé l’once à ce niveau inédit, c’est parce que les investisseurs sont inquiets à propos de l’inflation et du niveau élevé des dettes publiques. Depuis la crise financière, l’or fait office de refuge face aux risques qui pèsent sur les principales devises mondiales.

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Dettes publiques et Fed

Les investissements en euros sont délaissés à cause de la crise de la dette publique qui secoue le continent européen depuis plus d’un an. Le regain de tensions sur la dette grecque a amplifié ce mouvement au cours des derniers jours. Si les marchés d’actions se stabilisent en s’accordant sur le principe que la contagion sera vraisemblablement limitée à l’Irlande et au Portugal, il n’en reste pas moins que les investisseurs jouent aussi la carte de la prudence et diversifient la partie sécurisée de leur portefeuille en y plaçant de l’or à la place d’obligations étatiques européennes, longtemps considérées comme des actifs quasiment sans risques.

De l’autre côté de l’Atlantique, les gestionnaires adoptent une stratégie comparable mais pour une autre raison. Le dollar souffre de la politique monétaire extrêmement souple de la Fed. Depuis la crise financière, la Réserve fédérale des Etats-Unis injecte des liquidités dans le circuit économique. Au départ, l’objectif était de lutter contre la déflation.

Inflation

À présent, la Fed exécute un programme appelé QE2, pour "quantitative easing 2", un second tour d’assouplissement quantitatif. Il s’agit pour la banque centrale des Etats-Unis d’acheter des obligations du Trésor américain pour un montant total de 600 milliards de dollars, à l’aide de liquidités créées ex nihilo dans le bilan de la Fed. Cette création de monnaie entraîne une méfiance des investisseurs envers le billet vert. Tout profit pour l’or.

L’afflux de liquidités provoque aussi une recrudescence de l’inflation. Celle-ci s’est d’abord manifestée dans les économies émergentes mais a effectué son retour dans les pays développés par le biais des importations. Les occidentaux ne peuvent se passer du pétrole et d’autres matières premières pour lesquelles la demande a explosé dans les États qui connaissent une forte croissance, cette dernière étant elle-même soutenue par des investissements occidentaux dopés par l’afflux de liquidités de la Fed. La boucle est bouclée.

Cette inflation importée préoccupe de plus en plus les banques centrales en Europe et aux Etats-Unis. Dans la zone euro, l’inflation a atteint 2,7% en mars, contre 2,4% en février. En Belgique, la hausse des prix à la consommation a même atteint 3,5% le mois dernier. La dépréciation monétaire que ce phénomène implique pousse logiquement les investisseurs vers des placements de couverture tels que l’or.

Il n’y aurait pas de bulle

Cet engouement pour le métal précieux est-il susceptible de provoquer une surévaluation de l’once? Des économistes le craignent mais en replaçant l’évolution du cours de l’or en perspective à l’aide de différents paramètres, Michael Lewis, de la Deutsche Bank, estime que le cours de l’or ne sera pas surévalué avant d’atteindre 2.060 dollars l’once.

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Reste que la spéculation s’est emparée du marché de l’or depuis une dizaine d’années, avec des investissements de plus en plus vertigineux de la part des ETF ("exchange traded funds", encore appelés "trackers"), ces véhicules financiers qui répliquent un indice ou qui investissent dans des matières premières.

Alors que la demande d’or en provenance des ETF était nulle en 2001, elle a dépassé 300 tonnes en 2008 et a même explosé en 2009, à 617 tonnes, avant de se tasser en 2010, à quelque 340 tonnes. Mais 2011 risque bien de voir cette tendance repartir à la hausse...

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