Votre épargne-pension va être boostée!
Quel rendement attendre maintenant que les fonds d'épargne-pension peuvent investir dans du private equity et des infrastructures? Si un chiffre précis est introuvable, plusieurs études montrent une surperformance de ces classes d'actifs.
Les épargnants belges vont-ils retrouver le sourire? Car même si leur compte d'épargne devrait encore afficher un rendement historiquement bas à moyen terme, leur épargne-pension (le 3e pilier) pourrait rapporter un peu plus dans le futur. Les fonds d'épargne-pension sont désormais autorisés à placer jusqu'à 10% de leurs actifs dans des projets d'infrastructures et dans des actions non cotées - ce que l'on appelle en anglais le private equity.
→ Lire notre article: Les fonds d'épargne-pension pourront investir dans des infrastructures
L'annonce a été saluée par la majorité des gestionnaires de fonds. Un seul s'est montré hésitant. "Je ne suis pas demandeur", a expliqué Johan Van Geeteruyen de Degroof Petercam, qui gère les fonds d'Argenta, à nos collègues du Tijd. "Le private equity et les infrastructures ne sont pas cotés sur un marché réglementé, ce qui rend leur valeur difficile à déterminer. De plus, ces investissements ne sont pas liquides et c'est un problème".
Les infrastructures, un placement à long terme
Serait-ce une fausse bonne idée? Ce n'est en tout cas pas l'avis de Philip Neyt, président de PensioPlus, l'ASBL qui regroupe les institutions de retraite professionnelle (IRP) et les organisateurs de plan de retraite complémentaire sectoriel. Rappelons que les fonds de pension du deuxième pilier peuvent investir dans du private equity et des infrastructures depuis plusieurs années.
"Vu le marché actuel avec un taux allemand à 10 ans autour de 0%, les investisseurs sont obligés de chercher du rendement ailleurs. Et s'ils ne veulent pas affronter le retour de volatilité sur les actions, l'infrastructure offre une bonne alternative". Il indique que cette classe d'actif est plus stable, évoquant un rendement réel (c'est-à-dire en enlevant le taux d'inflation) entre 2% et 4% par an.
Philip Neyt précise cependant qu'il existe plusieurs catégories possibles quand on investit dans l'infrastructure:
- La logistique comme les ports ou les aéroports mais aussi les routes (autoroutes, ring, etc.)
- L'énergie comme l'éolien par exemple
- Les réseaux de communication comme l'Internet
- Le social comme les écoles, les hôpitaux ou encore les maisons de repos
Quant à la question de la liquidité, il répond: "C'est un investissement avec un horizon de placement à long terme. Or notre objectif est de sécuriser le pouvoir d'achat des épargnants quand ils arrivent à la pension. C'est pourquoi il faut investir dans ces investissements à long terme".
Des infrastructures non sans risque
Tout n'est pas rose pour autant. Certains investisseurs institutionnels sont encore frileux à l'idée d'investir dans des projets d'infrastructure car ils peuvent prendre beaucoup de temps, avec le risque qu'ils ne voient jamais le jour. "Il n'y a pas de sécurité juridique", s'indigne Philip Neyt. "Avec un projet d'infrastructure, on n'est jamais certain qu'il ne va pas être mis en pause par des procédures judiciaires". Le président de PensioPlus estime qu'il est encore trop facile de bloquer un grand projet d'infrastructure.
Il signale également un seuil d'entrée élevé puisque cela demande beaucoup d'argent pour réaliser des études/plans avant d'investir dans un projet.
Le private equity, une vision plus court-termiste
Un problème que l'on rencontre également dans le private equity. "Seuls de grands fonds investissent dans cette classe d'actifs car ils ont besoin d'une expertise de haute qualité pour trouver les meilleurs deals", explique Philip Neyt. Il indique par ailleurs qu'investir dans des sociétés non cotées, c'est investir dans des projets à plus court terme. "S'ils en ont l'opportunité, les investisseurs sortent du projet après quelques années".
Quid du rendement attendu? Selon un sondage réalisée par le spécialiste de données financières Prequin, les investissements dans ce secteur ont répondu voire excédé les attentes de 90% des répondants l'an dernier. "Si le private equity a démontré quelque chose au cours des dernières années, c'est que cette classe d'actifs génère des rendements plus stables et plus fiables que les actions cotées", estime le cabinet Bain & Company, qui cite le sondage dans son dernier rapport annuel.
"Si le private equity a démontré quelque chose au cours des dernières années, c'est que cette classe d'actifs génère des rendements plus stables et plus fiables que les actions cotées"
Et ce qu'importe l'horizon de placement. Si l'on prend comme date finale, juin 2018:
- Sur 1 an, les fonds européens de private equity affichent un rendement d'environ 17% contre 3% pour le MSCI Europe
- Sur 5 ans, les fonds européens de private equity affichent un rendement annuel d'environ 17% contre environ 9% pour le MSCI Europe
- Sur 10 ans, les fonds européens de private equity affichent un rendement annuel d'environ 10% contre environ 5% pour le MSCI Europe
- Sur 20 ans, les fonds européens de private equity affichent un rendement annuel d'environ 14% contre environ 4% pour le MSCI Europe
De son côté, Prequin a calculé que si vous aviez investi 100 dollars en décembre 2000, vous auriez 948 dollars en juin 2018 grâce aux fonds européens private equity contre 222 dollars grâce à l'indice MSCI Europe. Soit une différence du simple au triple.