La BCE ne voit aucune raison d'agir davantage dès maintenant
Mario Draghi a douché les espoirs d’un nouvel assouplissement monétaire. Il a défendu les résultats du programme d’achats d’actifs en cours.
Aucun signe d’intervention monétaire supplémentaire en vue. Jeudi, la Banque centrale européenne a refroidi les investisseurs en réfutant toute velléité d’intervenir davantage pour soutenir l’économie, pour laquelle les prévisions de la BCE sont quasiment inchangées. Non seulement les banquiers centraux de la zone euro ont maintenu leur politique monétaire inchangée (ce qui était attendu) mais ils ont aussi laissé entendre qu’ils n’avaient pas l’intention d’en faire plus à court terme (ce qui l’était moins).
"Les taux doivent être bas aujourd’hui pour qu’ils puissent être hauts demain."
Avant cette réunion du conseil des gouverneurs, les investisseurs espéraient que la BCE prolongerait son programme d’achats d’actifs (dit QE, pour "quantitative easing") et modifierait les conditions de ce dernier pour éviter une pénurie de titres à acquérir. Et même si rien n’était décidé cette fois-ci, les intervenants des marchés pensaient que Mario Draghi, le président de l’institution, ouvrirait la porte à une extension prochaine du QE. Il n’en fut rien.
Un Draghi cinglant
Dans le communiqué publié à l’issue de sa réunion, le conseil des gouverneurs de la BCE se contente d’indiquer qu’il "a chargé les comités compétents d’évaluer les options susceptibles d’assurer une mise en œuvre fluide du programme d’achats" d’actifs. "Nous ne sommes pas allés au-delà; nous n’avons pas discuté d’une extension du programme", a asséné Mario Draghi dès sa première réponse lors de la conférence de presse suivant la réunion du conseil.
Interrogé à plusieurs reprises sur la possibilité que la BCE passe à la vitesse supérieure à l’avenir, Mario Draghi a martelé que le programme d’achats d’actifs "portait ses fruits". "Il faut se concentrer sur sa mise en œuvre, a-t-il ajouté. Les décisions que nous avons prises sortent pleinement leurs effets." Prié de fournir des exemples de ces effets, alors que l’inflation reste loin de l’objectif de près de 2% de la BCE, Mario Draghi, cinglant, a lancé: "Le niveau de l’inflation colle au scénario de référence, ni plus ni moins." Il a aussi souligné que la demande et l’offre de crédit étaient en hausse.
S’il n’était nullement ouvert à davantage de souplesse monétaire, le patron de la BCE n’était pas pour autant enclin à renier sa politique. Questionné sur les effets pervers potentiels des taux d’intérêt négatifs, il a évacué le problème: "Certains disent que ces taux négatifs risquent d’encourager les gens à thésauriser des liquidités. Nous ne voyons rien de tangible" à cet égard, a-t-il affirmé.
Le chef de la politique monétaire de la zone euro s’est même permis de remettre les banques à leur place. Elles se plaignent des taux faibles qui rongent leurs marges? "Leurs bénéfices ont diminué parce qu’elles avaient fait des profits énormes au premier trimestre 2015 grâce au programme d’achats d’actifs; leurs revenus d’intérêts sont restés stables", a tranché Draghi en ajoutant, comme pour rassurer les banquiers: "Les taux doivent être bas aujourd’hui pour qu’ils puissent être hauts demain."
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