L'action Deutsche Bank au plus bas: les raisons de la chute
L'action de la première banque européenne a touché un nouveau plus bas historique ce lundi en passant sous le seuil des 11 euros. Depuis le début de l'année, sa capitalisation boursière été divisée par deux. Explications.
L’année 2016 sera assurément à marquer d’une pierre noire pour la Deutsche Bank , et plus encore pour ses actionnaires. Depuis le mois de janvier, le titre a perdu la moitié de sa valeur et ne pèse plus en Bourse qu’un petit 15 milliards d’euros. Soit comme le faisait remarquer mon collègue Marc Lambrechts dans sa chronique financière une capitalisation boursière largement inférieure à celle de KBC (22 milliards d’euros).
Amende record
Aujourd’hui, Deutsche Bank a vécu une séance noire: l'action a plongé de 7,54% à 10,55 euros, un nouveau plus bas historique. Elle a contaminé tout le segment bancaire européen qui reculait, ce lundi, de plus de 2%.
Cette chute de plus de 7,5% s’explique par la crainte de voir la banque allemande organiser une augmentation de capital afin de faire face à une amende de 14 milliards de dollars infligée par les Etats-Unis dans le cadre des dossiers " subprimes ". Il s’agit de l’amende la plus importante jamais infligée à une banque étrangère aux Etats-Unis. L’établissement a déjà provisionné 6,2 milliards de dollars dans le cadre de ce dossier.
Augmentation de capital?
Deutsche Bank est déterminée à résoudre ses difficultés par elle-même. Il n'est pas question actuellement d'une augmentation de capital; nous satisfaisons à toutes les normes réglementaires.
Du côté de la Deutsche Bank, on affirme qu’une augmentation de capital n’est pas à l’ordre du jour. "Deutsche Bank est déterminée à résoudre ses difficultés par elle-même", a ajouté le porte-parole de Deutsche Bank. "Il n'est pas question actuellement d'une augmentation de capital; nous satisfaisons à toutes les normes réglementaires". Ce n’est évidemment pas le point de vue de tout le monde. Des analystes de Mediobanca jugent une augmentation de capital inéluctable. "John Cryan a toujours dit qu'il n'y aurait augmentation de capital que dans le cas d'une charge de litige plus importante que prévu et il semble de plus en plus probable que les investisseurs de Deutsche Bank soient appelés à la rescousse face aux égarements passés de la banque", écrivent-ils.
Aide de Berlin?
Toujours du côté de la Deutsche Bank, on souligne que le CEO John Cryan n’a à aucun moment moment sollicité l’aide du gouvernement allemand dans l’affaire des crédits immobiliers instruite par le département de la Justice américain. Mais, pour un haut responsable d’Allianz, une aide du gouvernement sera nécessaire si la situation financière de la banque s’aggrave encore. Rappelons qu’en 2015, elle a enregistré une perte de 6,8 milliards d’euros et qu’elle est engagée dans un plan de restructuration prévoyant de fermer d'ici 2020 quelque 200 filiales en Allemagne et de supprimer près de 9.000 postes au niveau mondial. A cela s’ajoute encore un environnement de taux très bas et la perspective du Brexit alors que l’institution est fortement implantée outre-Manche.
Une fusion?
Le salut de la plus grande banque européenne viendra-t-il d’un rapprochement avec un concurrent ? Il y a peu, John Cryan, a appelé les banques qui luttent pour accroître leur rentabilité à se rapprocher non seulement " à un niveau national mais aussi au-delà de leurs frontières ". La Deutsche Bank aurait d’ailleurs eu des discussions de ce type avec son rival domestique, la Commerzbank , mais aurait finalement décidé de focaliser ses efforts sur sa restructuration interne.
Les analystes très prudents
Sur les 37 analystes financiers répertoriés par Bloomberg qui suivent la valeur, 54,1% recommandent de la conserver, 37,8% de la vendre et seulement 8,1% de l'acheter. L'objectif de cours moyen atteint 12,97 euros. A noter encore que, lors d'un petit sondage organisé au cours de notre chat boursier quotidien, 63% des participants ont estimé que l'action ne rebondirait pas en 2016.
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