Quelle est votre philosophie en tant qu’investisseur?
Jusqu’à présent, je me suis toujours fié à l’analyse fondamentale. Je ne me base jamais sur les analyses macro: ceux qui essaient de prédire l’évolution des taux d’intérêt se mettent des œillères, et il y a de fortes chances qu’ils ne prennent pas les bonnes décisions. Les investisseurs peuvent perdre beaucoup d’argent de cette manière. Et il faut y ajouter les coûts s’ils changent souvent leur fusil d’épaule. Les investisseurs doivent prendre de nombreuses décisions, portant sur de petits montants, en toute indépendance, et sur la base d’une analyse fondamentale des entreprises. S’ils se basent sur les bons paramètres, ils pourront identifier les entreprises qui resteront saines en toutes circonstances.
Investissez-vous dans des actions individuelles?
Non, je n’ai pas le temps, et je ne veux pas m’en occuper. J’ai tout de même acheté un jour une action Berkshire Hathaway, qui était déjà très chère à l’époque, et pour laquelle j’ai dû économiser longtemps. C’étaient mes premières économies en tant qu’assistant: j’ai acheté l’action 13.000 dollars en 1993. Je l’ai toujours en portefeuille. Je regarde rarement son cours de bourse, mais je pense qu’elle doit caracoler autour de 250.000 dollars. Pour mes autres investissements, je préfère les fonds, avec comme je l’ai dit une attention toute particulière pour l’analyse fondamentale.
Achetez-vous de l’or?
J’ai toujours réparti mes avoirs sur différentes classes d’actifs, et l’or en fait partie. C’est le seul actif qui n’est pas corrélé aux autres. Pendant les grandes crises, on constate que toutes les classes d’actifs sont touchées.
Êtes-vous un collectionneur?
Je collectionne les timbres-poste belges de la période 1849-1870. C’est avant tout un hobby, mais aussi un investissement. Les timbres de cette période sont plutôt rares et leur valeur est élevée. Comme pour les autres investissements, vous devez vous (in)former et chercher les perles rares sur le marché. Au début, il faut investir dans son apprentissage. Il est crucial de bien connaître le sujet.
Achetez-vous aussi des trackers?
Ce marché est tellement grand qu’il est devenu un risque systémique. Cela me fait un peu peur, en particulier s’il est combiné à grande échelle à des ordres d’achat et de vente automatisés.
Quel fut votre meilleur investissement?
Ma thèse sur la pension complémentaire du deuxième pilier. À la fin des années 1980, personne ne connaissait bien le sujet. Cette thèse m’a valu deux pages d’interview dans De Financieel Economische Tijd (aujourd’hui "De Tijd", NDLR) et six offres d’emploi. C’est pourquoi je suis convaincu que les études et l’expérience professionnelle sont les meilleurs investissements qui soient. Tout le reste en découle.
À quel type de dépense ne pouvez-vous pas résister?
La plupart du temps, je pars en vacances pour de très courtes périodes. Pendant ces quelques jours, j’aime profiter d’un bon hôtel et de bons restaurants. Je ne regarde pas à la dépense. Et j’aime aussi faire du shopping avec ma femme. J’aime bien choisir avec elle, et j’achète des vêtements à un prix que je ne me permettrais pas pour moi-même.
Êtes-vous un acheteur compulsif?
J’ai du mal à me contrôler pendant les ventes aux enchères. C’est pourquoi je demande généralement à quelqu’un d’enchérir pour moi. Je fixe alors un montant maximum pour être certain de ne pas payer trop cher. Si j’y vais moi-même, j’ai tendance à proposer plus que le budget que je m’étais fixé.
Aimez-vous les voitures de luxe?
Pour moi, les voitures ne sont que des commodities. Je ne m’achèterais jamais une voiture de luxe: les voitures sont un moyen de transport, pas un signe extérieur de richesse. La plupart du temps, j’achète une voiture neuve pour ma femme, et je l’utilise lorsqu’elle est amortie.
Vous êtes-vous préparé financièrement en vue de votre retraite?
Ma stratégie est assez simple: j’épargne surtout via les piliers de pension traditionnels. En Belgique, vous ne devez pas épargner beaucoup à titre personnel si vous utilisez les trois piliers liés à des avantages fiscaux. Seul un investissement dans l’immobilier peut vous apporter une protection supplémentaire. Pour mon épargne-pension, je combine aussi un produit à rendement garanti avec un fonds Branche 23.