Depuis l’éclatement de la crise sanitaire au printemps dernier, suite au confinement, ainsi qu'aux périodes de restrictions et de reconfinement partiel qui ont suivi, notre vie a été mise entre parenthèses, sous cloche ou en mode mineur. Plus rien ne fonctionne vraiment normalement. Nous avons dû annuler ou limiter voyages et déplacements, reporter des soins non urgents ou non essentiels, nous convertir du jour au lendemain au télétravail. Les travailleurs ont été massivement mis en chômage temporaire...
Certaines assurances ont été subitement et massivement sollicitées. On pense aux assurances voyage et annulation. D’autres, comme l’assurance auto, ont parfois été sous-utilisées.
Le contexte
Des évolutions soudaines et inédites. Une nouvelle donne tant pour les assureurs que pour leurs clients.
"Un contrat d’assurance ne doit pas être résilié, renégocié ou modifié du jour au lendemain, en surréaction à une expérience ou à un événement."
Faut-il pour autant s’empresser de renégocier ses contrats ou d’en résilier l’un ou l’autre? Certainement pas, insiste-t-on chez Assuralia, l’Union professionnelle des entreprises d’assurances. "Les assurances sont une dépense sécurité et font à ce titre partie des dépenses essentielles", rappelle son porte-parole Wauthier Robijns, pour qui la situation actuelle ne modifie en rien la pertinence du contenu classique d’un portefeuille d’assurances familial. La demande est d’ailleurs restée inchangée. Par contre, la nature et l'ampleur des sinistres ont fortement fluctué par rapport aux années précédentes.
De toute façon, une assurance doit toujours s’envisager à long terme, à l’instar d’un portefeuille d’investissements. "Un contrat d’assurance ne doit pas être résilié, renégocié ou modifié du jour au lendemain, en surréaction à une expérience ou à un événement", explique Barbara Van Speybroek, la nouvelle Communication Director d'Assuralia. "D’autant qu’à long terme, le secteur va continuer à s’adapter pour ajuster son offre de produits aux nouveaux besoins, aux comportements des clients, aux technologies. L’assurance auto, par exemple, a déjà énormément évolué ces dernières années et continuera à le faire."
Assureurs proactifs
Les assureurs ne sont d’ailleurs pas restés les bras croisés. "La première question qui s’est posée aux assureurs, c’est l’impact de la crise sur leur portefeuille financier", souligne Wauthier Robijns. Il est heureusement resté limité. "Après avoir légèrement baissé au printemps, le degré de solvabilité s’est rétabli aux alentours de 200%, en moyenne, dans le courant de 2020."
Mais surtout, "les assureurs ont immédiatement veillé à prendre leurs responsabilités et à appliquer le principe de solidarité", poursuit-il. "Nous avons maintenu toutes les couvertures (décès, invalidité, hospitalisation) pour les travailleurs qui étaient en chômage temporaire. Leurs avantages extra-légaux n’ont jamais été suspendus." Ces dispositions ont en outre été prolongées jusqu’au 31 mars 2021.
Flexibilité et adaptations
En matière de santé, poursuit-il, "saluons le fait que la sécurité sociale a pris complètement à sa charge la majorité des factures liées au Covid. De leur côté, les assureurs ont rapidement adapté les délais des polices hospitalisation (extension des périodes pré et post-hospitalisation couvertes) pour tenir compte du fait que le déroulement des soins a été totalement bouleversé : reports, annulations, calendrier décalé…", rappelle-t-il.
"Le volet exclusions est celui qui doit retenir toute votre attention dans un contrat d'assurance."
La réactivité des compagnies pour s’adapter aux besoins de la clientèle s’est manifestée sur tous les fronts, sans qu’il ait fallu un mot d’ordre du secteur en ce sens, assure Wauthier Robijns, multiples cas à l’appui:
- Leurs clients ayant moins voyagé, des compagnies ont spontanément fait un geste en diminuant la prime à payer cette année. Comme Europ Assistance, pour les contrats No-Go.
- Des médecins généralistes qui se sont mis au service des hôpitaux dans les centres de tri des malades sont restés couverts, alors que le risque ne correspondait plus à celui qui est assuré dans le cadre de leur pratique habituelle.
- Des restaurateurs qui se sont lancés dans la livraison à domicile sont restés couverts alors que le risque accident de travail initialement accepté et prévu n’était pas lié à des déplacements.
- L’assurance revenu garanti souscrite par les indépendants est intervenue pour tous ceux qui sont tombés malades du Covid-19.
Restrictions et exclusions
La situation est loin d’être normalisée et les perspectives restent très peu lisibles. Cela ne doit pas empêcher les assurés de suivre la situation et de relire leurs contrats.
"L’impact positif du confinement", souligne Patrick Cauwert, CEO de Feprabel (Fédération des courtiers d’assurances et intermédiaires financiers de Belgique), "c’est que les gens prennent davantage le temps de parcourir leurs contrats, de se poser des questions. Ils ont plus attentifs au contenu, à la couverture et aux restrictions."
Et c’est crucial. Le danger, mettent en garde les professionnels, c’est de ranger son contrat dans un tiroir et de le ressortir des années après, quand on doit faire intervenir l’assurance. Idéalement, il faut faire le point avec son courtier tous les deux ou trois ans et certainement à chaque étape importante de la vie. Et être bien conscient que tout ne peut pas être couvert. "Il existe par exemple plus de 500 critères pour une assurance-incendie. On peut donc très bien avoir une police qui est parfaite pour 499 critères et pas sur un seul qui est précisément celui dont on a le plus besoin", illustre Patrick Cauwert.
(Re)lisez donc attentivement vos contrats. "Le volet 'exclusions' est celui qui doit retenir toute votre attention puisqu’il énumère les situations dans lesquelles vous ne pourrez pas compter sur votre assurance", insiste Wauthier Robijns. L’essentiel, c’est de le savoir "avant"! Actuellement, la priorité doit être accordée à ce que stipule le contrat au sujet des maladies contagieuses et des pandémies.
Voyages (annulés)
Ces derniers mois, combien d’entre nous ne se sont pas posé cette question: mon assurance annulation va-t-elle intervenir ?
"Si le fait de tomber malade donne droit à l’intervention de l’assurance, par contre l’annulation d’un séjour à l’étranger par une personne qui préfère simplement s’abstenir de voyager ne sera (généralement) pas couverte", cadre Wauthier Robijns. "Avant la pandémie, quelques contrats haut de gamme avaient certes tendance à évoluer vers une couverture tous risques, mais la plupart se bornaient à énumérer les circonstances donnant droit à l’annulation. Pandémies, épidémies et maladies contagieuses n’y figuraient pas...", rappelle-t-il.
Mais dans l’hypothèse où les voyages sont interdits par les autorités, ou si un pays a fermé ses frontières ? "Il faut que le contrat évoque ce cas spécifiquement! Un refus de visa sera accepté, mais un avis négatif émis par les autorités ne figurera pas forcément dans les conditions d’annulation."
Pour l’assurance voyage et annulation, privilégiez un contrat annuel. À partir du moment où vous réservez deux ou trois séjours ou voyages par an, c’est bien plus rentable. "Un contrat ponctuel peut coûter jusqu’à 4% du prix du voyage", selon Patrick Cauwert (Feprabel).
Les pandémies exclues des couvertures
Et cela ne devrait pas changer. "Car le problème des pandémies, c’est qu’elles touchent tout le monde en même temps - et ici, à l’échelle mondiale de surcroît", explique Wauthier Robijns. Un risque généralisé qui est tout simplement impossible à gérer pour les assureurs.
Cette situation imposera une adaptation des produits d'assurance, qui passera notamment par une analyse en profondeur de leur couverture pandémie. "Les réassureurs mettent la pression sur les assureurs, car avec la pandémie, ils ont pris conscience des risques qui émergent. Ils veulent savoir si ces risques sont mentionnés de façon explicite dans les contrats, ou si les conditions des contrats pourraient être sujettes à interprétation et dès lors ouvrir le droit à une indemnisation", explique Wauthier Robijns.
"Une compagnie d'assurance garantissait un forfait de 1.000 euros aux établissements contraints de fermer sur décision des autorités. Cette couverture qui, à l’origine, visait les commerces contraints de fermer suite à la fermeture complète d’une chaussée pour travaux, par exemple, a pu s’appliquer aux restaurants victimes de la pandémie", raconte Patrick Cauwert. Alors certes, on ne parle ici que d'environ 500 contrats, mais cette garantie s’est révélée valable en cas de pandémie. Les réassureurs ont donc sommé la compagnie de la supprimer désormais..."
À l'avenir, toutes les polices vont spécifier explicitement ce qui est couvert et ce qui est exclu. Par exemple: "Les risques liés aux épidémies et maladies contagieuses ne sont pas couverts."
Durant le confinement, surtout au printemps, la circulation a drastiquement chuté et les assureurs ont constaté une baisse significative de la sinistralité, alors que la gravité des accidents a plutôt augmenté. "Une tendance déjà observée depuis plusieurs années. Parallèlement, la prime moyenne de l’assurance auto était à la baisse", contextualise Wauthier Robijns. "Les frais liés aux réparations sont par contre en augmentation. Les nouveaux équipements technologiques qui contribuent à la sécurité et limitent les accidents sont des pièces sophistiquées, coûteuses à remplacer."
Durant l’été, nous avons privilégié la voiture à l’avion. Pour les trajets professionnels, on a assisté à un glissement vers les moyens de transport individuels (voiture, vélo et marche) au détriment des transports en commun. Et avec le télétravail, certains trajets n’ont plus été faits… et ne le seront peut-être plus jamais dans les mêmes proportions que par le passé.
L’assurance auto va donc devoir composer avec une évolution des habitudes et comportements. Toutes les compagnies vont certainement proposer une assurance au kilomètre. "Mais cela signifie que ceux qui roulent beaucoup paieront davantage (alors que, statistiquement, ce ne sont pas les plus dangereux)", explique Patrick Cauwert, CEO de Feprabel. "Celui qui parcourt peu de kilomètres peut obtenir 5 à 20% de réduction (voire 25%), pour l’omnium ou la RC. En cas de dépassement du seuil prévu, il doit en informer la compagnie qui recalculera la prime en conséquence, mais il n'y aura pas de sanction. Par contre, en cas de sinistre, on vérifiera la déclaration sur l’honneur du kilométrage… Et là, une pénalité pourra être appliquée en cas d’abus."
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