Le Covid-19 n’a guère entamé la confiance que les Belges accordent à l’immobilier, selon les résultats du baromètre des investisseurs d’ING (publié fin octobre). Ainsi, près de 52% des personnes interrogées anticipent une hausse des prix de l’immobilier d’ici un an. «L’effervescence qui règne actuellement sur le marché immobilier en témoigne», indique cette banque.
«Conjugué à la diminution des vacances à l’étranger, cela peut probablement aussi expliquer le fait que les Belges reportent moins les travaux de rénovation.» Parmi les investisseurs belges qui avaient programmé des travaux de rénovation de leur maison cette année, 59 % affirment aujourd'hui qu'ils vont les réaliser (contre 44% en mai lorsque nous avions posé la même question), 31 % qu'ils les reportent pour le moment (48 % en mai) et 10 % qu'ils les annulent (8 % en mai).
Cette tendance à la rénovation a également été confirmée à l’unanimité par plusieurs grandes banques. Sans dévoiler de chiffres (pour des raisons de confidentialité, NDLR), KBC parle d’une «nette amélioration des crédits à la rénovation depuis le confinement de mars».
«Nous constatons en effet un appétit grandissant des Belges pour la rénovation et l’amélioration de leur habitation grâce à la réalisation de travaux économiseurs d’énergie», ajoute Valéry Halloy, le porte-parole de BNP Paribas Fortis (BNPPF). De septembre 2019 à septembre 2020, les prêts rénovation ont ainsi progressé de 11% auprès de cette banque (mais seulement de 3% pour les prêts dédiés aux rénovations qui permettent d’économiser de l’énergie).
"Nous constatons en effet un appétit grandissant des Belges pour la rénovation et l’amélioration de leur habitation grâce à la réalisation de travaux économiseurs d’énergie."
Néanmoins, ces chiffres sont plus élevés ailleurs. Par exemple, chez Argenta, par rapport à 2019, les prêts rénovation ont augmenté de 24%, tandis que la demande de prêts écologiques (aussi appelés prêts verts, prêts énergie ou encore prêts économiseurs d’énergie) a crû de 37%.
«Si l'on ne considère que les quatre derniers mois (à savoir juillet, août, septembre et octobre), l'augmentation est encore plus importante, avec une hausse de 62 % pour l'ensemble des prêts rénovation, et même de +87 % pour les prêts écologiques», détaille Mieke Winne, sa porte-parole.
Du côté d’Axa, c’est aussi le prêt vert qui a le vent en poupe. «Début 2018, un prêt rénovation sur trois contracté chez Axa Banque était destiné aux investissements verts», explique Lisa Pieters, sa porte-parole. « Désormais, 60% des prêts conclus sont destinés à des rénovations écologiques. Et de manière générale, l’octroi de prêts rénovation (classique et énergie) a doublé par rapport à janvier 2020.»
Chez Belfius aussi, c’est surtout la part des prêts verts qui a augmenté par rapport à la même période l’an dernier. «Depuis avril 2020, la hausse est de 26%», précise Ulrike Pommée, sa porte-parole.
Un effet confinement?
Comment expliquer un tel phénomène? Est-il uniquement lié au confinement et à l’envie de rendre son habitation plus agréable à vivre, à défaut de pouvoir partir en vacances?
Selon Fabien Tyteca, le porte-parole de CBC (qui a enregistré au troisième trimestre une hausse de 15% pour ses prêts rénovation et de 37% pour ses prêts énergie par rapport au troisième trimestre de 2019), "il est clair que cette période a permis à certains clients d’enfin se décider à réaliser des investissements importants, que ce soit pour une piscine ou d’autres types d’aménagement dans leur jardin ou un investissement en économie d’énergie. Mais il est toutefois difficile d’affirmer que cette hausse est uniquement liée au confinement".
Même son de cloche du côté de KBC, pour qui cette hausse des prêts ne peut pas être uniquement liée au confinement. «Pour les travaux de rénovation à haute efficacité énergétique, nous avons clairement enregistré une augmentation significative par rapport à la même période l’année passée, mais cela a tout à voir avec la ruée sur les panneaux solaires, étant donné que plus de 85% des prêts consentis concernaient ce type d’investissement», affirme Pieter Kussé, son porte-parole.
De fait, peu importe la Région où vous habitez, il est plus intéressant d’investir encore cette année dans l’installation de panneaux photovoltaïques plutôt que d’attendre l’année prochaine (voir L’Echo du samedi 3 octobre).
Mais pour BNPPF, le confinement reste l’un des principaux déclencheurs pour entreprendre des travaux de rénovation. Mais pas seulement. «Nous remarquons que les crédits à la rénovation sont soutenus par trois éléments: le besoin d’utiliser l’épargne disponible (qui n’est quasi plus sollicitée pour voyager), les taux bas (voir tableau) et le fait que pendant plusieurs mois le quotidien des Belges s’est concentré sur leur logement, ce qui a été l’occasion de repérer les travaux de rénovation à effectuer», répond Valéry Halloy.
Il ajoute: «Nous pensons que cette dynamique va se poursuivre dans les prochains mois afin de répondre aux exigences de plus en plus strictes en matière de performance énergétique des bâtiments (PEB).»
Surtout que les Belges sont à nouveau confinés et qu’il est fortement déconseillé de quitter les frontières pour un motif non essentiel. D’ailleurs, à l’heure d’écrire ces lignes (ce jeudi 5 novembre), la quasi-totalité des régions et pays dans le monde sont teintés de rouge sur la carte hebdomadairement mise à jour par le SPF Affaires étrangères.
Taux bas
Et si c’était, de fait, le moment de consacrer tout ou partie de votre budget vacances à la rénovation de votre logement, tout en profitant des taux bas pour vous assurer un coup de pouce supplémentaire, si nécessaire, afin surtout de ne pas mettre à mal votre épargne?
Lorsque le Belge contracte un prêt rénovation, celui-ci emprunte généralement une somme comprise entre 10.000 et 20.000 euros (d’après un coup de sonde effectué auprès des différentes banques citées dans cet article), ce qui est nettement supérieur au budget moyen consacré par les Belges à leurs vacances.
Notez que «pour un prêt rénovation ordinaire, les montants empruntés sont généralement plus élevés que pour un prêt rénovation vert», relève la porte-parole de Belfius. «Dans le premier cas, en 2020, le montant moyen emprunté s’élevait à 17.612 euros avec une durée moyenne d’emprunt de 87 mois. Dans le second cas, il s’élève à 11.671 euros pour une durée moyenne de 74 mois.»
Une tendance également confirmée par Argenta. Dans cette banque, le montant moyen emprunté pour un prêt classique s’élève à 17.400 euros et à 14.125 euros pour le prêt vert.
Mais à quel taux? Actuellement, pour un prêt rénovation classique (par exemple pour un montant de 15.000 euros sur une durée d’emprunt de 60 mois), le meilleur taux bancaire se trouve chez CPH Banque, avec un TAEG affiché à 2,29%. Ce qui induit un remboursement de 265 euros par mois et des intérêts globaux de 880 euros.
Pour un prêt rénovation énergie (dont les taux sont toujours inférieurs à ceux du prêt rénovation classique), la meilleure offre du marché se trouve également chez CPH Banque (1,19%). Dans ce cas (pour un même montant et une même durée d’emprunt), la mensualité se chiffre à 258 euros et les intérêts globaux à 455 euros.
Notez que cette banque permet d’emprunter pour un montant à partir de 1.250 euros et jusqu’à 10.000 à un taux inférieur: 1,09%. Par exemple, si vous devez emprunter l’équivalent de 6.000 euros pour faire installer des panneaux solaires, vous disposez au choix d’un délai de 18 à 42 mois pour rembourser cette banque. Dans le premier, la mensualité s’élève à 336 euros (et les intérêts globaux à 52 euros). Dans le second cas, elle s’élève à 146 euros (et les intérêts globaux à 117 euros).
Conditions
Pour obtenir les taux bas du prêt énergie, il y a néanmoins lieu de respecter certaines conditions (qui varient d’une banque à l’autre). Par exemple, chez Axa, Argenta ou KBC, au moins 50% de l’investissement doit être consacré à des dépenses écologiques.
Il s’agit par exemple de l’isolation de la maison, de la pose d’un double vitrage, de l’installation d’une pompe à chaleur ou d’un système de chauffe-eau par l’énergie solaire, la réalisation d’un audit énergétique, l’installation d’une toiture végétale, le financement d’une batterie domestique ou de systèmes domotiques destinés à augmenter l’autoconsommation des propriétaires de panneaux photovoltaïques, etc.
En revanche, chez BNP Paribas Fortis, il faut que 75% du montant des travaux soient destinés aux économies d’énergie. Du côté de Crelan, c’est encore plus (80%).
Le prêt rénovation vert de Belfius peut aussi être consacré à la protection contre l’incendie et les cambriolages.
À noter, le prêt rénovation vert de Belfius peut aussi être consacré à la protection contre l’incendie et les cambriolages: portes coupe-feu, échelles de secours, détecteurs de fumée, extincteurs automatiques, extincteurs avec additifs adaptés, systèmes d’alarme et de caméra, systèmes pour sécuriser les différents accès de l’habitation (fenêtres, portes, coupoles), etc. Dans ce cas-ci, il faut qu’au moins 50 % du montant du crédit soit destiné à économiser l’énergie dans l’habitation et/ou à la protéger contre l’incendie ou les cambriolages.
Contrairement au taux hypothécaire, les taux des prêts rénovation ne sont jamais négociables. Tant les clients actuels que les clients potentiels d’une banque peuvent donc bénéficier du même taux. D’ailleurs, «il n’est pas nécessaire d’être client pour demander un prêt rénovation chez nous», selon Pieter Kussé de KBC. Petit plus: les crédits rénovation sont des prêts à tempérament, il n’y a donc pas de frais de dossier liés à la souscription du prêt.
Prêt à 0%
Cela dit, avant de souscrire à un prêt bancaire, renseignez-vous sur les solutions régionales de financement. Pour les propriétaires bruxellois qui veulent entreprendre des travaux destinés à l’amélioration de la performance énergétique de leur habitation, il existe le Prêt vert (de 0% à 2% en fonction des revenus du ménage).
Côté wallon, il existe aussi des crédits à 0% destinés aux familles nombreuses ainsi qu’aux propriétaires bailleurs (le rénopack ou le rénoprêt), à condition de réaliser préalablement un rapport d’audit.
Lire aussi | Les primes à la rénovation à Bruxelles / en Wallonie / en Flandre
Plan B
En fonction du montant des travaux de rénovation à entreprendre, deux alternatives s’offrent à vous pour financer vos travaux. Tout d’abord, le crédit hypothécaire. "Il est souvent recommandé pour les montants plus importants", conseille la porte-parole de Belfius, Ulrike Pommée. Les conditions s’y appliquant sont les mêmes que lorsque vous contractez ce type de crédit en vue d’acheter votre habitation: mêmes taux, assurance solde restant dû, frais d’actes, inscription hypothécaire… "Il faut établir un plan de financement du crédit et le montant sera mis à disposition par tranches, au fur et à mesure de l’avancement des travaux de rénovation", explique-t-elle.
Enfin, dans certains cas une reprise d’encours est possible (pour ceux qui disposent déjà d’un emprunt hypothécaire). En pratique, votre banque vous prête à nouveau un montant que vous avez déjà remboursé. Par exemple, si vous avez déjà remboursé 35.000 euros de capital sur votre emprunt, vous pouvez demander une reprise d’encours de 20.000 euros. L’avantage de ce procédé est qu’il génère peu de frais, en général simplement des frais de dossiers autour de 400 euros, selon les banques. La reprise d’encours se fait aux conditions actuelles du marché, non aux conditions de l’emprunt initial.