Les prix s'envolent sur le marché immobilier
Le baromètre des notaires est monté en flèche suite à une activité immobilière particulièrement chargée depuis juillet. Malgré le confinement, la Wallonie pète la forme. Les prix surchauffent même dans certaines provinces du sud du pays.
Sur les 9 premiers mois de l’année, le baromètre des notaires tempère les coups de fièvre vécus localement: le nombre total des transactions immobilières reste toujours en-deçà de l’an dernier (-3,5%). Et certains analystes n’hésitent pas à dire que les prix se tasseront également dans les mois à venir.
Ecarts entre régions
Sans parler de marché à deux vitesses, le confinement semble avoir renforcé les différences entre régions. Le notaire Renaud Grégoire répète d’ailleurs, en durcissant le trait, ce qu’il disait il y a plus d’un mois déjà: "Les marchés wallon et flamand sont soutenus par des personnes qui acquièrent un bien pour y résider. Et depuis le confinement, il y a clairement de la part d’une frange de la population un retour à plus de ruralité. Dans nos études, des clients disent explicitement chercher des biens avec jardin. Du côté bruxellois, porté par les investisseurs et les locataires, après un début d’année sur les chapeaux de roue, la reprise est plus lente", résume-t-il.
20% au-dessus de l’expertise
Cette propension pour les maisons provinciales avec jardin fait d'ailleurs parfois perdre une certaine mesure aux candidats acquéreurs, prêts à mettre le prix fort pour enlever le morceau.
"J'ai joué la sécurité, avec une offre sûre et rapide; j’aurais pu encore obtenir davantage..."
"J’ai récemment mis en vente moi-même la maison de ma maman décédée. Située dans la belle banlieue carolo, elle est en très bon état sans avoir rien d’exceptionnel, mais elle dispose d’un grand jardin très agréable. Comme tout le monde, j’ai mis l’annonce sur Immoweb. Et j’ai été très rapidement noyée sous les demandes. Quand j’ai voulu enlever le bien, ils n’y sont pas arrivés, à tel point que j’ai eu 7.000 vues en 10 jours et 300 marques d’intérêt par courriel, auxquelles j’ai dû répondre. J’avais programmé 2 week-ends de visites sur place durant lesquels j’ai accueilli 50 amateurs après en avoir refusé autant. Un exercice particulièrement lourd… mais qui a eu pour effet de faire monter la mise à prix de départ: alors que la maison était expertisée à 230.000 euros environ, elle est partie à 270.000 euros. Et j’ai joué la sécurité, avec une offre sûre et rapide; j’aurais pu encore obtenir davantage car certains me proposaient 290.000 euros hors frais", raconte Colette (nom d’emprunt), sincèrement inquiète pour les nombreux candidats restés sur le seuil.
Certaines provinces wallonnes en surchauffe
Côté valeurs, Bruxelles reste largement au-dessus de la mêlée avec une maison ordinaire désormais affichée à près d’un demi-million hors frais (+3,9%) en moyenne. En Flandre, le même bien dépasse désormais les 300.000 euros sur le marché de la revente. Et si la Wallonie affiche toujours un prix de référence - de 206.000 euros - 25% sous la moyenne nationale, le retard se réduit progressivement. Surtout dans certaines provinces habituellement calmes.
L'augmentation la plus forte sur le marché provincial belge est d'ailleurs observée en province de Luxembourg et elle dépasse 10%. Idem pour les appartements en Brabant wallon, dont le prix moyen explose de 12% sur base annuelle, pour se rapprocher progressivement de celui des maisons ordinaires. Echangées 6% plus cher que l’an dernier, il est désormais difficile de trouver encore une maison avec jardin à moins de 400.000 euros (frais compris) dans la province.
Et demain?
Quand on lui demande comment va s'achever cette année particulièrement chaotique, Renaud Grégoire envisage un retour à la normale et prévoit une accalmie dans les mois à venir: "Beaucoup de biens, c’est vrai, sont partis en un temps record. Avec une demande soutenue et une offre en légère baisse, la pression a donc été forte sur les prix. Mais il est probable que ce phénomène s’amenuise d’ici la fin de l’année", risque-t-il.
Certains observateurs – surtout à Bruxelles – sont moins confiants que le notaire hutois. Ils répètent – en dénonçant au passage le manque de proactivité de l’administration régionale à délivrer les permis – que le stock de logements neufs est au plus bas. Promoteurs et courtiers se disent inquiets de la pénurie de projets en cours pour réapprovisionner l’offre. Certains ajoutent, contrairement à Renaud Grégoire, que la demande saisonnière repart cycliquement à la hausse en fin d’année, quand les investisseurs – privés et institutionnels - sont particulièrement actifs. De là à craindre une réelle surchauffe sur les prix des biens d’entrée de gamme, neufs mais aussi usagers, il n’y a qu’un pas, que franchissait lundi dernier Eric Verlinden lors de la publication du dernier indice Trevi.
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